LA VERITE.
Extrait du document
«
Dans le sens commun, l'idée de vérité est mal dégagée de celle de réalité; «c'est un vrai arbre»: il est bien présent
à ma perception et il n'est pas en carton peint.
Dénonçant les illusions, les fantasmes et le mensonge, la vérité se
donne comme une saisie de l'être.
Mais le vrai ne peut être identifié purement et simplement à ce qui est; la notion
de vérité n'a de sens que dans la mesure où l'homme met sa représentation d'un objet en rapport avec l'objet luimême.
Quelque chose est affirmé ou nié de l'objet: le jugement est le lieu de la vérité ou de l'erreur, celles-ci
n'existent que portées par un langage.
Dès lors se pose la question du critère de la vérité: par quoi la conformité à
l'objet de ce qui est affirmé de l'objet dans le jugement est-elle garantie? La réponse est simple en ce qui concerne
la vie courante: c'est la constatation ou l'expérience; elle est moins aidée en ce qui concerne la vérité
métaphysique et même la vérité scientifique.
La vérité ontologique: dévoilement
Les scolastiques définissaient la vérité comme l'adéquation de l'esprit (connaissant) et de la chose (connue).
Mais
cette formulation, qui reste très près du réalisme vulgaire, soulève des difficultés: une chose ne peut vraiment être
adéquate qu'à elle-même; elle est tout au plus conforme à autre chose.
Mais que signifie la conformité? Il est en
toute rigueur impossible de confronter la copie et le modèle, car il faudrait sortir de la représentation.
Si la vérité
doit porter sur l'Etre, il faut donc qu'il y ait non pas conformité, mais identité de nature entre la pensée et l'Etre.
Cette identité était postulée par l'ontologie de Platon, de Spinoza; affirmée, exemplairement, par la philosophie de
Hegel.
La vérité n'est pas autre chose que l'Etre se dévoilant à travers un discours, un «logos», ou se réalisant par
lui.
Cette position est encore celle, de nos jours, de la métaphysique de Heidegger, qui se présente comme un
retour aux sources de la philosophie grecque.
La vérité logique: non-contradiction
Mais quand le discours est-il sûr de parler de l'Etre? Ne devrait-il pas chercher dans sa propre texture les garanties
de la validité? C'est le but que se propose la logique, qui montre qu'une proposition est vraie formellement, c'est-àdire indépendamment de son contenu, si on peut la construire par voie déductive à partir d'autres propositions
posées comme principes ou axiomes.
L'exploration de cette voie est représentée essentiellement, dans la pensée
contemporaine, par l'axiomatisation des mathématiques, les travaux du Cercle de Vienne et la constitution de la
logistique.
La vérité objective: conceptualisation
La certitude logicienne est vide; il faut que le langage retourne au réel.
Et à ce contact la vérité se fragmente: il n'y
a plus que des vérités propres à un domaine déterminé du réel, à une région limitée de l'être.
Il appartient à chaque
science d'explorer ces régions et de formuler ses propres critères pratiques de «sa» vérité, que l'épistémologie vient
mettre en question.
Celle-ci découvre alors que ce ne sont pas seulement les «faits» qui servent de pierre de
touche à la théorie scientifique, mais la théorie qui leur donne sens: «une expérience ne peut être une expérience
bien faite que si elle est complète, ce qui n'arrive que pour l'expérience précédée d'un projet bien étudié à partir
d'une théorie achevée», écrit Gaston Bachelard.
Et c'est donc l'équilibre de la théorie tout entière que l'épreuve des faits vient modifier.
La vérité scientifique
apparaît ainsi comme une conceptualisation progressive du réel, qui est aussi une transformation de nos modes de
penser..
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