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LA VALEUR MORALE DU TRAVAIL ET LE PROBLÈME DU LOISIR ?

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Préambule. Notions élémentaires concernant la production    Karl MARX a montré que le premier objet — et peut-être le seul objet — de l'économie politique est la production. Il ne peut y avoir distribution ni consommation avant que les choses utiles ne soient produites. Et il est historiquement certain que les modes de production ont déterminé les modes de répartition des richesses sans que jamais l'inverse se produise. Mais la notion de production étant sensiblement différente chez les marxistes et pour les classiques, il convient de nous y arrêter. L'économie politique classique travaille sur le concept d'homo œconomicus : elle part de la représentation abstraite d'un individu isolé dans sa fonction de producteur. Au contraire, l'économie marxiste refuse le concept d'homo oeconomicus et tend à envisager l'homme concret ; aussitôt la production se montre pour ce qu'elle est : non pas comme l'action d'une entité sur on ne sait quoi, mais comme une fonction sociale, collective. Créer des techniques, les mettre en oeuvre, les apprendre n'est pas le fait d'individus séparés : solitaire à ma table, j'écris sur un papier qu'il a fallu fabriquer à partir de bois coupé de main d'homme, transporter comme ont aussi été extraites, préparées, les matières premières nécessaires à la production de mon encre et de mon stylo, etc. On le voit, toute production est une oeuvre collective, génératrice de rapports sociaux. Comme le dit LÉNINE :« L'économie politique ne concerne nullement la production, mais bien les rapports sociaux des individus dans la production, la structure sociale de la production. » (Quoique le réalisme marxiste effarouche bien des gens, il apparaîtra à ceux qui ont lu les pages précédentes que cette position du problème est conforme à l'attitude de la morale, tandis que la position classique lui est étrangère.)  On appelle mode de production d'une société considérée la manière dont elle se procure les richesses nécessaires à son existence : la cueillette, la chasse, l'industrie sont donc des modes de production. Un mode de production comporte deux aspects antithétiques et inséparables : d'une part, les forces de production comprenant les instruments (outils, matières premières, etc.), les hommes (ouvriers, ingénieurs, intellectuels, etc.) et enfin l'expérience et les connaissances techniques ; d'autre part, les rapports de production qui sont des rapports sociaux (esclavage, servage, capitalisme, etc.).  L'histoire montre que le mode de production se transforme et que dans cette transformation, ce sont les forces productives qui se modifient les premières, constituant ainsi l'élément dynamique, l'inertie appartenant au contraire aux rapports de production, freins efficaces de l'évolution.

« LA VALEUR MORALE DU TRAVAIL ET LE PROBLÈME DU LOISIR Préambule.

Notions élémentaires concernant la production Karl MARX a montré que le premier objet — et peut-être le seul objet — de l'économie politique est la production.

Il ne peut y avoir distribution ni consommation avant que les choses utiles ne soient produites.

Et il est historiquement certain que les modes de production ont déterminé les modes de répartition des richesses sans que jamais l'inverse se produise.

Mais la notion de production étant sensiblement différente chez les marxistes et pour les classiques, il convient de nous y arrêter.

L'économie politique classique travaille sur le concept d'homo œconomicus : elle part de la représentation abstraite d'un individu isolé dans sa fonction de producteur.

Au contraire, l'économie marxiste refuse le concept d'homo oeconomicus et tend à envisager l'homme concret ; aussitôt la production se montre pour ce qu'elle est : non pas comme l'action d'une entité sur on ne sait quoi, mais comme une fonction sociale, collective.

Créer des techniques, les mettre en oeuvre, les apprendre n'est pas le fait d'individus séparés : solitaire à ma table, j'écris sur un papier qu'il a fallu fabriquer à partir de bois coupé de main d'homme, transporter comme ont aussi été extraites, préparées, les matières premières nécessaires à la production de mon encre et de mon stylo, etc.

On le voit, toute production est une oeuvre collective, génératrice de rapports sociaux.

Comme le dit LÉNINE :« L'économie politique ne concerne nullement la production, mais bien les rapports sociaux des individus dans la production, la structure sociale de la production.

» (Quoique le réalisme marxiste effarouche bien des gens, il apparaîtra à ceux qui ont lu les pages précédentes que cette position du problème est conforme à l'attitude de la morale, tandis que la position classique lui est étrangère.) On appelle mode de production d'une société considérée la manière dont elle se procure les richesses nécessaires à son existence : la cueillette, la chasse, l'industrie sont donc des modes de production.

Un mode de production comporte deux aspects antithétiques et inséparables : d'une part, les forces de production comprenant les instruments (outils, matières premières, etc.), les hommes (ouvriers, ingénieurs, intellectuels, etc.) et enfin l'expérience et les connaissances techniques ; d'autre part, les rapports de production qui sont des rapports sociaux (esclavage, servage, capitalisme, etc.). L'histoire montre que le mode de production se transforme et que dans cette transformation, ce sont les forces productives qui se modifient les premières, constituant ainsi l'élément dynamique, l'inertie appartenant au contraire aux rapports de production, freins efficaces de l'évolution. A) Définition du travail Considérons un mineur qui, au fond de la mine, extrait des blocs de charbon et un intellectuel qui, la plume à la main et ses documents épars autour de lui, compose un livre.

A première vue, rien de commun entre leurs activités. Pourtant elles sont désignées d'un même mot : ils travaillent.

En vérité tous deux s'efforcent de modifier un donné pour le rendre utilisable ou mieux utilisable : on ne peut pas brûler le charbon sur place, il faut le briser pour le transporter au lieu où l'on en a besoin ; l'auteur d'un cours condense une information difficile à réunir pour la mettre à la portée d'une plus grande masse de lecteurs.

Aussi Auguste COMTE a-t-il pu définir le travail comme une transformation utile du milieu extérieur avec l'homme pour agent. B) Caractères du travail Le travail ainsi défini présente des caractères complémentaires selon qu'on l'envisage du point de vue idéaliste, humain, ou du point de vue objectif et réaliste. 1° L E T R A V A I L E T L ' H O M M E Nul ne travaille sinon l'homme.

Un animal ne travaille pas ; il représente simplement une source d'énergie utilisée par l'homme.

Mais tout travail humain présente un double aspect : il est effort et il est ruse. a) Le travail est un effort Il peut exister un travail joyeux mais il n'est pas de travail sans labeur, c'est-à-dire sans un effort fatigant, pénible.

C'est une des raisons pour lesquelles l'amateur n'est pas un travailleur : si enrichissantes que soient pour lui-même ses constructions ou ses lectures, elles restent de l'ordre du loisir.

Si l'indolence est naturelle, comme nous le voyons tous les jours et d'abord en nous-même, si notre inclination à l'activité est aussi une tendance à la disperser et à l'utiliser en des jeux plutôt qu'à nous appliquer à une étude continue et parfois douloureuse, l'obligation de travailler, imposée d'abord comme une nécessité d'ordre biologique, constitue aussi une première option de valeur en un choix contraire à nos sentiments et le premier impératif moral. C'est que, comme le notent CANGUILHEM et PLANET, « ce que l'humanité se donne par son travail est le contraire des dons qu'elle attend d'une grâce ».

Et, citant la condamnation biblique : « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front », ces auteurs expliquent : « Et en effet l'efficacité causale, dont l'usage des outils et des techniques est l'utilisation, s'oppose à l'efficacité spirituelle ou verbale de l'imploration religieuse ou magique. b) Le travail est une ruse Tandis que celle-ci tente d'agir directement sur la nature et d'obtenir par la mise en oeuvre de rites et de symboles. »

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