La valeur d'une théorie se mesure-t-elle à son efficacité pratique ?
Extrait du document
«
.
1) Introduction
La qualité rendant digne d'être estimé et s'attachant à un ensemble unitaire et synthétique intégrant un grand
nombre de faits et de lois s'apprécie-t-elle en fonction de la capacité de cet ensemble à produire des résultats
pratiques ? Ici l'intitulé est explicité à partir de la notion de théorie scientifique, conçue comme une construction
intellectuelle et méthodique, construction comportant des principes et des lois.
Ainsi parle-t-on de la « théorie de la
relativité » ou de la « théorie du champ unitaire », qui ferait la synthèse des conceptions sur les interactions
nucléaires, électromagnétiques et de gravitation.
Mais, à l'évidence, on peut ici élargir la notion de théorie, laquelle,
au sens général du terme, peut désigner un ensemble organisé de concepts abstraits, appliqué à un domaine
particulier.
Ainsi peut-on parler d'une théorie artistique ou d'une théorie politique.
Une théorie n'est-elle qu'une
organisation logique et rationnelle d'idées ? Ne sera-t-elle pas alors un pur jeu de l'esprit? Mais l'homme ne se
définit-il pas comme celui qui veut se faire le maître des choses ? Faut-il dès lors disjoindre savoir et pouvoir?
Comment comprendre la nécessaire connexion du savoir et du pouvoir ? C'est bel et bien le fondement du pouvoir
qui se dessine comme horizon de la question.
Nous atteignons ici le problème et comprenons l'enjeu, le gain
spéculatif et pratique dans un champ central de la réflexion.
Vous pouvez partir ici de l'opposition courante entre théorie et pratique : la théorie désigne un ensemble de
connaissance spéculatives indépendamment de leur possible application pratique.
Montrez ainsi que tout le problème
de la théorie c'est que par elle-même elle semble invérifiable et donc impossible à évaluer : la théorie ce serait donc
(et l'on retrouve là un préjugé courant) de l'abstrait et de l'incertain par opposition à la pratique qui serait au
contraire seule sérieuse et contrôlable , on ne pourrait donc évaluer une théorie qu'à la lumière de son efficacité
pratique, c'est-à-dire de ses résultats expérimentaux.
Cependant, l'histoire des sciences nous apprend qu'il faut
parfois du temps entre l'élaboration d'une théorie et ses possibles applications pratiques.
En vous appuyant sur un
exemple (songez par exemple aux théories d'Einstein sur la relativité dont on exploite encore aujourd'hui les
découvertes), montrez ainsi qu'une théorie préexiste le plus souvent à ses applications pratiques.
Demandez-vous
alors si la valeur d'une théorie ne pourrait pas résider en elle-même : toute tentative de compréhension du réel, dès
lors qu'elle ne contredit pas les données de l'expérience, n'est-elle pas valable en elle-même ?
2) Discussion
A.
La théorie, libre jeu spéculatif (thèse)
La valeur d'une théorie se mesure-t-elle à son efficacité pratique ? En première analyse, l'idée même de théorie, que
ce soit dans une perspective générale ou dans une perspective scientifique, conduit à répondre de manière négative
à la question posée.
Theôria signifie, en grec, vue intellectuelle, spéculation, action d'observer.
D'où l'idée de théorie, de connaissance
spéculative et désintéressée, par opposition à la pratique.
Dans l'Antiquité, la théorie apparaît comme une réflexion
purement contemplative, dont la valeur ne se mesure nullement à l'aune de l'efficacité pratique.
Bien au contraire,
les Grecs voient dans la contemplation pure le sommet de toute activité intellectuelle et, à la Renaissance,
l'humanité européenne, retrouvant l'image antique, privilégie la dimension théorétique : de l'Antiquité à la
Renaissance, la valeur de la théorie se mesure à sa dimension désintéressée: se détournant de tous les intérêts
pratiques, l'homme élabore l'idée d'une doctrine totalisante, rassemblant les diverses réalités particulières et ce au
sein d'un système théorétique, voué à la saisie intellectuelle du réel.
Un ensemble unitaire rassemble alors les
différents savoirs et la valeur de cet ensemble se dégage de sa fonction unificatrice en tant que telle, non point de
la notion d'activité pratique.
En d'autres termes, la théorie philosophique, des Anciens jusqu'à la Renaissance et au
XVII siècle, unifie les sciences particulières au sein d'un système global.
1.
La pensée technique à l'époque d'Homère.
Comme le montre Jean-Pierre Vernant dans « Mythe et pensée chez les Grecs », entre le VIIième et le Vième
siècle avant Jésus-Christ, dans la Grèce, le terme de « teknè » désigne tout aussi bien le savoir-faire approprié et
spécifique des charpentiers, des métallurgistes, des tisserands que les magies de Hephaistos ou les sortilèges de
Protée : « Entre la réussite technique et l'exploit magique la différence n'est pas encore marquée.
Les secrets de
métier, les tours de main du spécialiste rentrent dans le même type d'activité et mettent en jeu la même forme
d'intelligence, la même métis, que l'art du devin, les ruses du sorcier, la science des philtres et des enchantements
de la magicienne.
» Cette confusion entre la maîtrise artisanale et les recettes magiques dura jusqu'à l'époque
classique.
2.
Technique & connaissance contemplative chez Platon.
Platon oppose la « théôria », connaissannce purement contemplative à la « teknè », savoir-faire lié à la
production matérielle.
La technique (ou l'art) opère sur les réalité mouvantes du monde sensible, elle travaille sur
une matière informe soit en imitant des modèles idéaux comme le démiurge ou Dieu créateur qui, dans le « Timée »,
crée l'univers en se réglant sur la connaissance des « Idées », soit en tâchant de produire ce qui n'existe pas dans.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- La valeur d'une théorie se mesure-t-elle a son efficacité pratique ?
- Le fondement de la théorie, c'est la pratique. Mao
- Dans quelle mesure la démocratie dépend de l'efficacité et de la réussite de son projet éducatif ?
- Quelle est la mesure de l'efficacité politique ?
- Une proposition peut-elle être vraie en théorie et fausse en pratique ?