La tolérance exclut-elle toute référence à une vérité?
Extrait du document
«
PROBLEMATIQUE ENVOYEE PAR L'ELEVE: Tolérer c'est accepter, ou supporter des perturbations physiques ou
morales.
Plus précisément, lorsqu'on dit qu'on tolère un comportement ou des opinions cela signifie qu'on leur laisse
une place, qu'on ne les rejette pas, qu'on accepte la différence.
Ainsi, l'homme tolérant est celui qui va dialoguer
avec une personne ayant des idées différentes des siennes et qui va l'accepter dans cette différence même.
Pourtant, la tolérance implique-t-elle que l'on puisse accepter toute opinion toute prise de position, tout jugement
même s'ils sont faux ? En effet, si nous disons qu'est tolérant celui qui accepte toutes les opinions, cela signifie que
cet individu va accepter tout discours, toute prise de position, même s'ils s'oppose à la vérité.
C'est en ce sens que
vous pouvez comprendre la question posée ici : la « référence à une vérité » renvoie à l'idée d'une vérité qui serait
par définition universelle.
Or, si tout est tolérable, tout risque d'être considéré au même niveau, toutes les opinions
semblent se valoir.
Cette égalité des opinions a pour conséquence la négation même de l'idée de vérité.
Si tout est
vrai plus rien ne l'est véritablement.
En d'autres termes, l'idée de tolérance semble conduire à un nivellement des
valeurs et donc au rejet d'une référence à la vérité.
Nihilisme et relativisme.
Pourtant, nous faisons de la tolérance
également une valeur.
Dès lors, s'agit-il de deux valeurs incompatibles ? Etre tolérant consiste-t-il à exclure la
notion de vérité ? Dans un premier temps, vous pouvez donc monter en quoi la tolérance semble conduire au
scepticisme.
Puis, vous pouvez vous demander si la notion même de tolérance ne suppose pas également des
limites.
En effet, tout tolérer ne revient-il pas à nier la notion même de tolérance.
Notez, par exemple, qu'on a pu
parler essentiellement de tolérance à propos des rapports entre l'Etat et la religion.
Sur ce point, vous pouvez vous
reporter à la lettre de Locke sur la tolérance présente sur le site.
Parler ainsi de tolérance religieuse, par exemple,
conduit-il à nier toute vérité mathématique ?
[Tout être humain a droit au respect,
même celui qui se trompe ou qui ne se soucie pas de la vérité.
Il faut tolérer le fait qu'il y ait des esprits moins puissants
que d'autres.
L'intolérance nie la liberté.]
Le respect de la personne fonde toute morale
La vérité ne doit pas avoir une valeur absolue.
Penser détenir dogmatiquement la vérité peut conduire au
fanatisme le plus aveugle.
La condition première de toute vie sociale harmonieuse est de reconnaître et
respecter l'existence d'autrui.
Qu'il se trompe, il n'en demeure pas moins un être humain à part entière.
La
morale du respect de la différence d'autrui doit primer sur la vérité.
Kant, lui-même, montrera que le respect
dû à la personne humaine est l'impératif absolu de toute existence authentique juste et humaine.
La personne est ce qui se distingue de la chose, comme la fin se
distingue des moyens.
Tout être dont l'existence ne dépend pas de la
libre volonté, mais de la nature, n'a qu'une valeur relative, c'est-à-dire
en rapport avec autre chose que lui-même.
Les êtres naturels sont des
choses.
Les êtres raisonnables, c'est-à-dire capables d'agissements
libres, sont des personnes, c'est-à-dire des fins en soi.
Ils ne peuvent
servir simplement comme moyens, et par suite limitent notre libre
activité, puisqu'ils sont l'objet d'un inconditionnel respect.
La personne
est une fin objective, dont l'existence même est une fin en soi, qui ne
peut être remplacée par aucune autre.
Étant fin en soi, on lui doit un
absolu respect.
La personne humaine est la seule valeur absolue
existante, il n'y en a pas d'autres sur le plan pratique.
L'impératif
catégorique pour toute volonté humaine repose donc sur le principe que
: "La nature raisonnable existe comme fin en soi." C'est ainsi que nous
devons nous représenter notre propre
existence ainsi que celle d'autrui, et ce principe doit sous-tendre toutes
nos actions.
La moralité, soit l'usage de la raison dans le domaine
pratique, repose par conséquent sur la maxime suivante : "Agis de telle
sorte que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans la
personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin, et
jamais simplement comme un moyen."
Il ne faut pas oublier que l'on est soi-même faillible
Même les plus grands génies se sont trompés.
Ils ne sont pas des dieux, mais des êtres humains.
En tant que
tels, ils doivent reconnaître, d'une part, qu'ils ne possèdent pas le savoir absolu, et, d'autre part, que.
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