La tolérance est-elle une vertu ou une démission ?
Extrait du document
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Problématique envoyée par l'élève: Il faut vous interrogez sur les deux options présentées ici pour arriver à définir au mieux la
tolérance.
Sous quels rapports la tolérance apparaît-elle comme une vertu ? Que permet-elle de protéger ou de réaliser ? C'est,
de fait, une vertu intellectuelle et morale.
Elle permet de tenir compte de la pensée d'autrui et de nous éviter de tomber dans le
dogmatisme (ce terme peut être développé par ailleurs) , elle est également une condition permettant de vivre en commun et de
penser avec les autres.
En même temps, il convient de lui attribuer des limites.
Tout tolérer devient contradictoire.
C'est également
une démission dans la mesure où elle tombe alors dans la lâcheté, la compromission, la soumission aussi.
Il faut examiner jusqu'où
elle peut s'étendre sans perdre sa valeur et montrer comment on peut la protéger.
Analyse du sujet
·
Eléments de définition
→ Tolérance = Du latin tolerantia qui signifie « constance à supporter ».
1- Acceptation d'une autorité de certaines conduites non conformes aux mœurs (voire aux lois) parce
qu'elle estime la répression impossible, hasardeuse, voire même néfaste.
2- Attitude morale respectant les opinions, les mœurs, les religions des autres hommes (opposée au
fanatisme).
Le mot tolérance a souvent un sens laudatif mais atteste un certain désespoir de la vérité ; tout doit être
toléré parce que le Bien et la Vérité ne peuvent être saisis.
→ Vertu = Du latin virtus, « mérite essentiel, vertu »
1- Capacité actualisée propre à une chose ou à un principe.
Puissance.
Force.
Pouvoir.
® Pour Spinoza, la vertu est la puissance même de l'homme.
(Ethique, III)
2- Disposition habituelle à réaliser un acte moral.
Disposition de notre comportement relativement aux
affections.
(Aristote, Ethique à Nicomaque, LII.)
3- Chez Kant, il s'agit de la force des maximes de l'homme dans l'accomplissement de son devoir.
(Métaphysique des mœurs, Doctrine de la vertu)
→ Démission = Acte par lequel un renonce à une dignité.
Il s'agit là d'un renoncement soit du fait de
l'indifférence, soit du fait d'un désespoir quant à la possibilité de faire changer les choses et les hommes.
·
Angles d'analyse
→ La tolérance est une attitude qui aujourd'hui va de soi.
Elle apparaît comme une des vertus suprêmes
de notre époque moderne, comme ce qui est de l'ordre de l'obligation morale : il faut être tolérant.
Elle
représente pour beaucoup une conquête de l'esprit des Lumières sur l'obscurantisme religieux en même
temps qu'un progrès lié à la démocratie.
→ Mais derrière ces évidences, la tolérance suppose et implique des enjeux à la fois épistémologiques,
axiologiques et politiques: n'est-elle pas en effet la conséquence d'un certain scepticisme qui suppose que
toute valeur et toute vérité sont relatives et que toute attitude universalisante ne peut être qu'illusoire ? De
même, ne remet-elle pas en cause la valeur de la démocratie en traduisant une indifférence et un laisserfaire vis-à-vis des lois? Loin d'être cette vertu suprême qui nous obligerait, n'apparaît-elle pas alors plutôt
comme l'une des conséquences majeures du nihilisme contemporain ?
→ C'est précisément au sein de cette alternative que nous aurons à trancher.
Ce qu'il faut, au fond, c'est
trouver une définition adéquate de la tolérance telle que cette dernière soit conforme à sa nature.
C'est
donc bien la nature même de la tolérance qui est ici à la question, et a fortiori le fondement de toute vie en
démocratie.
Problématique
La tolérance doit-elle être définie comme une vertu, c'est-à-dire comme un acte proprement moral dans lequel le sujet
tolérant rend possible la vie en société (de manière pacifique) ; ou bien au contraire, n'est-elle le signe que d'une désillusion qui
conduit à une démission des hommes quant aux conduites immorales, irrespectueuses, des autres ? La définition de la tolérance
doit-elle, en droit, se faire au sein de cette alternative, ou au contraire, son essence même ne suppose-t-elle pas de dépasser ces
deux options extrêmes ?.
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