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La technique nous simplifie-t-elle la vie ?

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« La technique, si on la confronte avec notre vie quotidienne, devient un problème, est-elle capable de faciliter la vie ou la complique-telle ? On accuse parfois la technique moderne de faire tout à notre place, de réduire notre part d'effort jusqu'à l'inutile.

Le but de la technique semble presque être de tout faire à la place de l'homme comme si cela était un réel bonheur.

Au contraire la technique peut nous compliquer la vie, nécessiter un long apprentissage pour bien en user, à l'exemple de l'informatique, et ne pas maîtriser au même niveau de compétence certaines techniques modernes peut être un facteur d'exclusion.

L'homme entouré par d'innombrables techniques peut se sentir débordé, aliéné par les machines et ne plus se reconnaître dans un univers de machines impersonnelles. 1) La technique qui simplifie la vie des hommes : l'exemple de la machine. La machine est une réalité technique qui joue un rôle dans la production, mais c'est aussi une réalité humaine et sociale qui a des effets profonds sur la vie matérielle des hommes, sur l'organisation du travail et les rapports sociaux.

Ce dernier aspect alimente depuis Aristote la réflexion des philosophes dont l'attitude vis-à-vis de la machine s'est modifiée en même temps qu'évoluaient les techniques elles-mêmes.

La machine a enfin été un modèle épistémologique pour penser le fonctionnement de l'organisme.

En tant que réalité technique, la machine est une construction artificielle qui consiste en « un assemblage de parties déformables avec restauration périodique des mêmes rapports entre les parties » (G.

Canguilhem, La Connaissance de la vie) ; elle a pour fonction de transformer de l'énergie provenant d'une source naturelle (eau, vent, vapeur, électricité, pétrole, atome, soleil) et d'utiliser cette transformation.

Il faut attendre la Renaissance pour voir apparaître deux caractéristiques essentielles de la machine, l'automatisme et la régulation, ou contrôle par la machine elle-même de son propre mécanisme.

En tant que réalité humaine et sociale, la machine a joué un rôle complexe et a fait l'objet, de la part des philosophes, de représentations variées, souvent contradictoires : moyen d'augmenter le bienêtre des hommes, facteur de progrès ou, à l'inverse, engin maléfique susceptible de se retourner contre son utilisateur pour l'asservir. 2) Sans la technique, tous les hommes seraient esclaves. Aristote a conscience du rôle des machines quand il écrit, dans la Politique (I, 4) que, « si les navettes tissaient d'elles-mêmes et si les plectres pinçaient tout seuls la cithare, alors ni les chefs d'artisans n'auraient besoin d'ouvriers, ni les maîtres d'esclaves ».

L'absence de machines justifie l'esclavage, par ailleurs fondé en nature selon Aristote, et vice versa l'existence de cette main-d'œuvre abondante et bon marché explique la stagnation du machinisme dans l'Antiquité, phénomène dont rendent compte aussi certains traits caractéristiques de la mentalité hellénique, si l'on se réfère aux textes philosophiques : valorisation suprême de la contemplation par rapport à toute autre forme d'activité et mépris du travail manuel, supériorité affirmée du naturel sur l'artificiel.

Cet ordre de valeurs va peu à peu s'inverser au cours des siècles suivants, qui voient s'opérer la réhabilitation progressive de tout ce qui est mécanique. L'utilisation des machines, et notamment de la force hydraulique, connaît un essor important à partir des XVIe et XVIIe siècles.

C'est avec Bacon et Descartes que la machine sera considérée essentiellement comme un moyen de libérer l'homme des forces de la nature ; la clef de l'amélioration des conditions de l'existence humaine est à chercher dans le développement des techniques, grâce auxquelles nous pouvons « nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature » (Descartes, Discours de la méthode, 5e partie). Ce mouvement se précise au XVIIIe siècle avec la construction des automates (Vaucanson), le perfectionnement des fileuses mécaniques et, surtout, la création et la mise au point de la machine à vapeur (Papin, 1690 ; Savery, 1698 ; Newcomen, 1712 ; Watt, 1763), source d'énergie motrice applicable à tous les travaux industriels et autonome par rapport aux phénomènes naturels, limitant l'intervention humaine à un simple contrôle.

Le progrès technique apparaît dans cette perspective comme un élément qui a permis à l'homme de se dégager des travaux pénibles, et avoir de meilleures conditions de vie.

La technique simplifie la vie car elle permet de se surcharger d'efforts qui pourraient être inutiles. 3) Les techniques ont facilité la vie. De toute manière, il est certain que l'écriture est l'une des techniques qui ont le plus contribué à donner une importance accrue à certains facteurs culturels et à favoriser l'intensification des fonctions intellectuelles.

L'histoire de l'alphabet elle-même montre que l'homme a progressé dans l'élaboration de moyens de communication, le plus simple possible.

De même Condorcet pense que c'est à l'imprimerie qu'il faut attribuer les progrès de notre société, pour avoir « répandu une lumière indépendante et pure », le recul décisif des superstitions et des préjugés désormais soumis à l'examen critique de la raison qui génère toutes les sciences, – mathématiques, astronomiques et naturelles aussi bien qu'économiques, juridiques et morales.

Sur l'héritage que laissent Bacon, Galilée et Descartes, s'ouvre l'avant-dernière période dédiée à la recherche de la nature de la vérité et des droits naturels de l'individu, et qui est marquée par l'influence des Lumières dont la Révolution française couronna en politique les idées de liberté de penser, de tolérance, de justice et de perfectibilité indéfinie.

Le progrès de l'humanité n'est garanti que par l'inépuisable travail des scientifiques, la connaissance mathématique et des sciences de la nature ne connaîtront pas d'achèvement.

Le progrès n'est de l'ordre de l'accumulation, c'est véritablement l'esprit humain qui progresse.

Du progrès technique découlera le progrès moral.

Au centre du progrès humain se trouve une technique : l'imprimerie dont presque tout a découlé.

Par là, le développement technique a apporté du progrès à l'homme.

Le progrès technique a engendré un progrès moral, ici par exemple avec la diffusion des connaissances.

Mais le virage qu'ont pris les techniques modernes de communication a parfois compliqué la vie outre mesure.

Désormais, la vie n'est-elle pas moins simple qu'auparavant, ne faut-il pas être quasiment un technicien pour se servir des appareils ménagers, hi-fi, des micro-ordinateurs ? L'homme a bien réussi à survivre sans tous ces appareillages, désormais il ne peut vivre sans. Conclusion. Croire que la technique nous facilite forcément la vie serait trompeur, elle a certes diminué les charges lourdes de travail, supprimer des tâches ingrates pour laisser à l'homme plus de temps pour lui-même parfois au risque de l'ennui, parfois au risque d'une certain complication dans la gestion des appareils techniques qui nécessite un apprentissage que tout le monde ne peut faire, et rend par ce fait la vie plus compliquée aux personnes les moins adaptées.. »

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