La technique ne sert-elle qu'à satisfaire les besoins des hommes ?
Extrait du document
«
La technique ne sert-elle qu'à satisfaire les besoins des hommes ?
Définition des termes du sujet
La technique est l'ensemble des moyens artificiels par lesquels l'homme transforme son environnement.
Servir à, c'est être assigné à la réalisation d'une tâche précise et être conçu en fonction de cette assignation.
Le
sujet porte sur la pertinence de la conception d'une telle assignation en ce qui concerne la technique, et plus
précisément sur les limites de cette conception, comme le monde l'emploi de l'expression restrictive « ne...que...
» :
il faudra décider si la technique sert des fins qui dépassent celle de la satisfaction des besoins humains.
« Satisfaire un besoin », c'est remplir les conditions auxquelles un besoin se tait.
Un besoin est nécessaire, il est
impossible de ne pas le satisfaire d'une manière ou d'une autre, sous peine de mort, par exemple, pour ce qui est
des besoins naturels.
Le besoin peut s'opposer au désir, qui ne présente pas cette nécessité.
Sont en question ici les « besoins des hommes », qui sont peut-être plus complexes que les simples besoins naturels
(boire, dormir, etc.) : l'homme connaît peut-être en effet des besoins non vitaux.
En outre, il faut porter l'accent
sur la relation particulière de l'homme à la technique : l'homme crée la technique pour satisfaire des besoins, mais la
technique crée peut-être l'homme, en lui permettant un progrès continu, progrès qui ne concerne pas uniquement
ses conditions d'existence, mais aussi sa pensée, sa vie en société.
Il faudra interroger cette complexité du rapport humain à la technique, rapport qui semble bilatéral, de manière à
définir la portée de l'existence de la technique sur l'existence humaine, et à définir les limites de la conception selon
laquelle la technique ne servirait qu'à satisfaire les besoins des hommes : cela suppose que l'on examine cette
conception, puis que l'on envisage ce qui peut se trouver au-delà de ses limites.
Eléments pour le développement
* Les limites de la conception de la technique comme moyen de satisfaction des besoins humains
Descartes, Discours de la méthode
« Mais sitôt que j'ai eu acquis quelques notions générales touchant la physique, et que commençant à les éprouver
en diverses difficultés particulières, j'ai remarqué jusques où elles peuvent conduire, et combien elles diffèrent des
principes dont on s'est servi jusques à présent, j'ai cru que je ne pouvais les tenir cachées, sans pécher grandement
contre la loi qui nous oblige à procurer, autant qu'il est en nous, le bien général de tous les hommes.
Car elles m'ont
fait voir qu'il est possible de parvenir à des connaissances qui soient fort utiles à la vie, et qu'au lieu de cette
philosophie spéculative, qu'on enseigne dans les écoles, on en peut trouver une pratique, par laquelle connaissant la
force et les actions du feu, de l'eau, de l'air, des astres des cieux et de tous les autres corps qui nous
environnement aussi distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions
employer en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres et
possesseurs de la nature.
Ce qui n'est pas seulement à désirer pour l'invention d'une infinité d'artifices, qui feraient qu'on jouirait, sans aucune
peine, des fruits de la terre et de toutes les commodités qui s'y trouvent, mais principalement aussi pour la
conservation de la santé ; laquelle est sans doute le premier bien et le fondement de tous les autres biens de cette
vie : car même l'esprit dépend si fort du tempérament et de la disposition des organes du corps que, s'il est possible
de trouver quelque moyen qui rende communément les hommes plus sages et plus habiles qu'ils n'ont été jusques ici,
je crois que c'est dans la médecine qu'on doit le chercher.
»
Il importe d'abord d'examiner les limites de la conception qui voudrait que la fin de la technique soit simplement de
satisfaire les besoins humains : pour cela, on peut d'abord examiner le lien de la technique et de la satisfaction de
ces besoins (en travaillant par exemple sur la spécificité des buts de objets technique : chaque objet servant un
but précis, étant conçu et utilisé en fonction de celui-ci), puis se demander ce que la technique met en jeu en
dehors de ses fonctions directes.
Le texte de Descartes, dans lequel la physique dépasse son objet, pourra servir de
modèle à cette étude.
Une autre piste pour mettre en évidence les limites de cette conception de la technique serait de travailler sur la
distinction entre besoin et désir, le désir étant beaucoup moins déterminé, beaucoup plus plastique et variable,
moins nécessaire également, si bien que la technique servirait des fins plus complexes que celles, limitées
naturellement, des besoins.
* La technique et la culture
Simondon, Du mode d'existence des objets techniques
« L'opposition dressée entre la culture et la technique, entre l'homme et la machine, est fausse et sans fondement ;
elle ne recouvre qu'ignorance ou ressentiment.
Elle masque derrière un facile humanisme une réalité riche en efforts
humains et en forces naturelles, et qui constitue le monde des objets techniques, médiateurs entre la nature et
l'homme.
La culture se conduit envers l'objet technique comme l'homme envers l'étranger quand il se laisse emporter
par la xénophobie primitive.
Le misonéisme orienté contre les machines n'est pas tant haine du nouveau que refus de
la réalité étrangère.
Or, cet être étranger est encore humain, et la culture complète est ce qui permet de découvrir.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Les hommes ne vivent-ils que pour satisfaire leurs besoins ?
- A QUOI SERT LA TECHNIQUE ?
- La technique n'est elle qu'un moyen d'assouvir nos besoins fondamentaux ?
- La technique ne donne-t-elle aux hommes qu'un pouvoir ?
- La technique ne produit-elle pas des besoins au lieu de se contenter d'y répondre ?