La technique est-elle critiquable ?

« La technique a considérablement évolué depuis de nombreuses années.

Elle est un ensemble de moyens inventés par l'esprit humain pour produire des objets nécessitant un travail pénible. Si le développement technique modifie profondément et positivement les conditions de travail et si la technique permet un meilleur épanouissement des hommes, alors le développement technique est libérateur pour le travailleur. Il apparaît donc que cette évolution devient nécessaire quant au bonheur de l'homme.

En effet, si la technique n'avait pu se développer alors l'homme n'aurait pu atteindre la liberté car le travail serait un tâche dure et pénible. Mais nous pourrions nous demander si, en fait, ce développement technique n'est pas aliénant pour l'homme et s'il n'est pas la cause de la mauvaise conjoncture économique actuelle. La place occupée par la technique dans le travail s'est considérablement accrue depuis de nombreuses années, et notamment ces trente dernières années.

Par là-même, le rapport travailleur-technique s'en est trouvé modifié.

Les premières apparitions de la technique semblaient vouer l'homme à une plus grande liberté, à une condition de vie plus favorable.

Or, on s'aperçoit, face à l'essor de l'automatisation, que le travailleur devient un simple appendice à l'égard de son travail.

Son travail est décomposé, rythmé selon des normes qui ne sont plus d'ordre humain mais qui sont celles de la machine.

L'homme ne se reconnaît plus dans sa fonction productrice.

En effet, l'objet produit et tous les moyens qui permettent de le produire sont définis par un autre que le travailleur; celui-ci devient étranger au travail et à lui-même.

L'évolution a donc dépossédé l'homme de son travail.

L'homme ne perçoit dans son travail que le moyen de gagner l'argent par lequel il se procurera les moyens de satisfaire ses besoins.

Le travailleur ne trouve donc plus la satisfaction d'un accomplissement de soi dans son travail.

Nous pouvons donc dire qu'il y a une certaine aliénation de l'homme dans le travail. De plus, de nos jours, nous pouvons constater que le développement technique a considérablement augmenté le taux de chômage.

En effet, en baissant le temps de travail, en remplaçant les hommes par les machines, il fait que ceux-ci ne se sentent plus utiles dans l'organisation sociale qui devient indifférente à l'égard des chômeurs.

Et si l'homme ne peut pas travailler, alors il ne pourra trouver l'épanouissement dont il a besoin.

L'homme a la nécessité de s'affirmer dans la société et il ne peut ressentir cette affirmation que par le travail.

La technique a supprimé de nombreux métiers, mais négativement pour certains travailleurs.

Par exemple, l'homme trouvait dans son travail, même pénible, un moyen de s'exprimer ou d'affirmer sa force.

Il se sentait nécessaire dans le domaine de la production.

Mais la technique a fait disparaître tous ces métiers qui permettaient aux travailleurs de vivre moralement.

L'homme peut donc se sentir exclu de la société et aliéné par la technique. Mais faut-il condamner essentiellement et uniquement la technique? Ne serait-ce pas plutôt notre système économique qui n'a pas su gérer cette évolution de la technique? En effet, le développement technique semble avoir pris le pas sur l'homme et ne plus être adapté à la conjoncture économique.

L'homme a su s'adapter à la technique mais il est impératif que cette dernière s'adapte à l'homme et à la société. La technique n'est donc pas condamnable dans sa conception et elle permet à l'homme des conditions de vie plus favorables et un meilleur épanouissement.. »