La technique décide-t-elle de tout ?
Extrait du document
«
Analyse.
·
Nous avons avec ce sujet une complexité due à la définition même que l'on peut faire de ce qu'est la
technique.
Voyons d'abord ce que l'on peut dire de cette notion.
o
Le mot technique peut renvoyer, dans un premier temps, à la téchnè grecque, l'action en tant que
moyen, au service d'une fin autre (Aristote, Ethique à Nicomaque).
Comment peut-on penser alors
que ce seul moyen puisse décider ou non de tout ? Il faut rechercher les autres sens possibles de ce
qu'est la technique.
o
Il s'agit aussi d'un ensemble de règles qui permettent de mener à bien une activité.
Ainsi parlons-nous
de technique militaire, bancaire, ou encore mathématique.
La technique ainsi comprise peut aussi
concerner les arts.
o
Enfin, la technique revêt aussi de nos jours un aspect particulier.
Ce qui est technique est non
seulement incompréhensible pour celui qui n'est pas un spécialiste (un technicien) mais en plus, la
technique renvoie au progrès inéluctable, et par assimilation, à la technologie.
·
Cette triple compréhension de ce qu'est la technique permet donc de mieux aborder notre problème : le
sujet est actuel, dans le rapport étrange qui peut exister entre l'homme et la technique.
L'industrialisation,
par exemple, montre que les règles de production décident du devenir même des travailleurs.
La technique
décide alors pour l'homme.
·
Mais, il nous faudra dans notre étude, établir aussi si la technique peut décider en fait et en droit.
De
plus, nous devrons aussi dire de quoi la technique peut bien décider : est-ce tout pour l'homme, ou tout pour
l'ensemble du vivant, du monde ?
Problématisation.
Nous vivons aujourd'hui dans un monde dans lequel la technique règne en maitre : devenus maitres et possesseurs
de la nature, pour plagier Descartes, l'homme suit aujourd'hui tout ce que sa technique à pu mettre en place.
A tel
point d'ailleurs que l'on pourrait penser que la technique décide de tout.
Mais est ce que ‘l'on peut la penser comme
une autonomie ? Capable de diriger l'homme, et donc de subordonner la raison ? La technique décide-t-elle de tout ?
N'est-ce pas l'homme qui est maitre de son destin ? Cela signifie-t-il que l'on peut opposer la technique à l'homme ?
Est-ce cela que l'on nomme technique moderne ? La technique s'est-elle finalement dédouanée de l'homme pour
devenir ce qui décide de tout pour tout ?
Proposition de plan.
1.
Technique et raison.
Une possible divergence ?
·
Nous devons comparer la technique à la raison.
L'homme est un être de raison.
Il doit donc agir en
conscience, selon ce que sa raison lui dicte.
Mais la technique, qui est à l'origine un moyen que se
donne l'homme pour parvenir à ses fins, correspond-elle aux attentes de la raison ?
·
Les Lumières, et Rousseau en tête (dans le Discours sur les sciences et les arts notamment.),
voyait dans la technique une possibilité de ne pas nécessairement conduire au progrès moral.
L'avancée technique n'est donc pas toujours conforme à la raison.
"À mesure que le genre humain s'étendit, les peines se multiplièrent
avec les hommes.
La différence des terrains, des climats, des saisons,
put les forcer à en mettre dans leurs manières de vivre.
Des années
stériles, des hivers longs et rudes, des étés brûlants, qui consument
tout, exigèrent d'eux une nouvelle industrie.
Le long de la mer et des
rivières, ils inventèrent la ligne et l'hameçon et devinrent pêcheurs et
ichtyophages.
Dans les forêts, ils se firent des arcs et des flèches et
devinrent chasseurs et guerriers.
[...]
Dans ce nouvel état, avec une vie simple et solitaire, des besoins très
bornés et les instruments qu'ils avaient inventés pour y pourvoir, les
hommes jouissant d'un fort grand loisir l'employèrent à se procurer
plusieurs
sortes de commodités inconnues à leurs pères ; et ce fut là le premier
joug qu'ils s'imposèrent sans y songer et la première source de maux
qu'ils préparèrent à leurs descendants ; car outre qu'ils continuèrent
ainsi à s'amollir le corps et l'esprit, ces commodités ayant par habitude
perdu presque tout leur agrément, et étant en même temps
dégénérées en de vrais besoins, la privation en devint beaucoup plus
cruelle que la possession n'en était douce, et l'on était malheureux de
les perdre, sans être heureux de les posséder." Jean-Jacques
Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi
les hommes (1755)..
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