La technique a-t-elle contribué uniquement au bonheur de l'homme ?
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«
La technique contribue-t-elle à faire le bonheur de l'humanité ? Ou l'entraîne-t-elle au contraire vers sa perte ? La
technique est-elle libératrice ou asservissante ? En un mot, faut-il avoir peur des machines ?
NON
Pour certains, la technique assurera le bonheur de l'humanité.
Elle a déjà considérablement amélioré ses conditions
de vie, en rendant l'homme capable de mieux maîtriser les processus naturels et en le rendant par conséquent moins
dépendant d'eux (cf.
les progrès qu'elle a permis en agriculture, en urbanisme, en médecine, etc.).
Et dans l'avenir,
la technique continuera à libérer l'homme de toutes les contraintes d'ordre matériel, à commencer par le travail qui
sera progressivement automatisé, ouvrant ainsi la voie à l'extension du temps libre et à l'épanouissement de
l'individu.
OUI
Pour d'autres, au contraire, la technique fera le malheur de l'humanité.
Elle conduira le monde à la destruction
(guerre nucléaire, catastrophe écologique) et/ou à sa déshumanisation : à un univers de plus en plus mécanisé et
automatisé, marqué par l'appauvrissement des relations humaines, la perte du sens de la solidarité, un individualisme
grandissant ; en un mot par la réification des rapports entre les hommes.
Et cela essentiellement parce que de
moyen elle s'est transformée en fin en soi, en rendant son propre développement incontrôlable et indifférent à toute
considération morale (relative à ce qui doit ou ne doit pas être fait).
OUI ET NON
En réponse à ces deux thèses contradictoires, on peut aussi affirmer que la technique est une chose neutre par
elle-même, que ses résultats dépendent pour le meilleur et pour le pire de l'usage que les hommes en font.
Elle peut
donc servir à libérer l'homme comme à l'asservir.
Ainsi les technobiologies peuvent-elles aussi bien améliorer les rendements agricoles que perfectionner les moyens
de destruction militaire (par la guerre bactériologique) ; et le laser qui peut servir aux mêmes fins destructrices
permet d'accomplir des « miracles » en microchirurgie.
NI OUI NI NON
On peut enfin penser que le problème est mal posé et, par conséquent, aussi mal résolu par les thèses précédentes.
Toutes trois, même la dernière, fétichisent en effet la technique en surestimant son autonomie.
Or, comme nous
l'avons vu, toute technique n'est d'abord que la matérialisation de rapports sociaux (rapports des hommes entre eux
et rapports des hommes à la nature), et ce sont ces rapports qui déterminent aussi bien les orientations générales
du développement technique que ses usages possibles.
Dès lors, l'avenir de l'humanité ne dépendra pas
fondamentalement de la technique, mais du type de rapports sociaux et d'organisation sociale qui prévaudra dans
l'avenir.
L'automatisation du travail industriel en fournit un exemple brûlant.
Elle rend possible une réduction substantielle de
la quantité de travail social nécessaire, qui peut conduire aussi bien vers un chômage massif que vers la réduction
générale et continue de la durée du travail.
Ce sont les orientations de la politique économique et plus
fondamentalement encore les structures économiques qui en décideront, non pas les techniques elles-mêmes.
Tout d'abord que faut-il entendre par techno-science ? Abandonnant l'idéal de connaissance pure ou désintéressée,
la science s'est lancée dans une vaste entreprise de transformation, c'est-à-dire de domination du monde.
Elle se
rapproche de plus en plus de la technique, au point qu'on la désigne parfois aujourd'hui sous le nom de technoscience.
La science moderne semble en passe de réaliser le rêve cartésien de rendre l'homme comme « maître et
possesseur de la nature ».
Elle devient à ce titre le dépositaire de tous les espoirs de l'humanité, qui attend d'elle ce
que la philosophie n'a pas réussi à lui offrir, c'est-à-dire son bonheur ou plutôt son bien-être matériel.
Mais est-ce
réellement le cas, est-ce à cette seule science moderne de rendre l'homme heureux ? Doit-on tout attendre des
sciences ? Il apparaît difficile de ne pas compte aussi sur soi et sur des biens plus spirituels, aussi ces sciences
peuvent créer le contraire.
Ces technos-sciences peuvent être deshumanisantes, aliénantes, destructrices.
1) Des problèmes moraux liés à la techno-science..
»
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