La spontanéité est-elle liberté ?

« Il est fréquent qu'une personne face à une injustice puisse avoir une réaction dite spontanée qui pourra être de l'indignation ou bien de la colère.

A ce moment précis, la personne agissant d'elle même aura le sentiment d'avoir eu un comportement libre.

Mais l'aura-t-elle vraiment été, libre ? Ne pourrait-on pas penser qu'elle se soit trouvée sous l'emprise d'une émotion qui l'ait ainsi empêché d'être totalement libre ? On voit de cette façon que la liberté et la spontanéité ne sont pas deux notions si évidentes à associer.

La liberté telle que la conçoit la philosophie, repose sur la raison que chaque homme possède et aussi l'absence de tout déterminisme.

Une action spontanée provient de la personne elle-même, sans intervention extérieure, sans détour et sans réflexion.

Peut-on alors considérer qu'un acte ou un comportement impulsif et irréfléchi correspondent à un acte libre qui doit faire intervenir la raison, la réflexion et qui nécessite également l'absence de contrainte ? Tout d'abord, nous nous demanderons s'il est possible d'associer un acte spontané à un acte libre ? et quels sont les problèmes que l'on rencontre dans cette démarche. Un des problèmes que nous développerons notamment dans la seconde partie : notre réaction spontanée n'est-elle pas sous l'emprise de diverses contraintes qui l'empêchent d'être libre ? Et enfin, nous essayerons de voir si grâce à notre éducation, notre spontanéité pourrait être rendue plus juste et ainsi se rapprocher d'une certaine liberté. Tout d'abord, l'absence de contraintes que suppose un acte spontané est-elle un élément suffisant pour faire correspondre cet acte à un acte libre ? Quels problèmes soulèvent cette association ? Généralement, quand on parle de spontanéité, on a facilement tendance à l'associer à la notion de liberté.

En effet, on pense qu'agir librement, c'est agir sans y être contraint et que personne et rien ne peut nous empêcher d'agir, de penser et de nous comporter de telle ou telle manière.

A première vue, une personne reçoit pas d'influence ou d'incitation qui guide ses paroles ou son comportement.

La personne aura le sentiment de ne pas avoir pris en compte les réactions des personnes ou les choses qui l'entourent, d'avoir une réaction totalement indépendante de son entourage et ainsi avoir une réaction qui provient seulement d'elle-même, de sa propre volonté.

Si par exemple, on rencontre une personne qui nous est chère et qu'on a pas vue depuis longtemps, alors la réaction spontanée de certains sera de prendre la personne dans ses bras.

Dans ce cas, la personne aura agi d'elle-même, rien n'y personne ne lui aura dicté son comportement.

Sa réaction sera donc pour elle totalement libre et spontanée.

De plus, dans cet acte spontané, la personne répond à une pulsion, une impulsion qui ne provient que d'elle-même, du plus profond d'elle-même.

Elle aura alors encore le sentiment que son action est libre puisqu'elle émane d'elle même sans aucune source de contrainte extérieure ou d'incitation quelconque.

On voit ainsi que l'absence de contrainte que suppose un acte spontané engendre une réaction qui provient de nous même sans aucune influence apparemment, ce qui est alors facilement possible d'associer à première vue à la liberté. Néanmoins sommes nous vraiment libre dans une réaction spontanée ? Notre réaction n'est-elle pas conditionnée et influencée ? D'autre part, l'absence de contrainte d'un acte spontané nous permet en quelque sorte d'être réellement sincère.

En effet, lors d'un acte spontané, on ne se demande pas si la personne en face de nous va bien ou mal accepter ce que l'on dit, alors c'est notre pensée première, celle qui domine toutes les autres qui émane.

Cette pensée est nécessairement sincère puisque c'est celle que d'habitude nous refoulons par peur de la réaction des personnes qui nous entourent.

Cette pensée est alors le reflet de notre véritable nature, de notre vraie personnalité.

Ainsi, la spontanéité d'un certain point de vue révèle ce que nous ressentons réellement vis à vis d'un événement qui se présente à nous, elle révèle la vraie nature des personnes, elle les dévoile.

Prenons l'exemple d'un lapsus, il consiste à dire un mot ou une phrase à la place d'une autre.

Généralement, ces lapsus sont le reflet de notre véritable pensée et on peut les qualifier de spontanés car ils sont irréfléchis, pas calculés et proviennent évidemment de nous mêmes.

Et le plus souvent, lorsque l'on commet un lapsus, on dit qu'il est révélateur car on a en fait prononcé ce que nous pensions réellement mais que nous ne voulions pas dire.

De ce fait, ce genre de comportement spontané nous permet d'être entièrement sincère.

On voit ainsi, qu'un acte spontané peut être qualifié de sincère.

La sincérité dans la mesure où elle oublie toutes contraintes extérieures et ne cherche qu'à établir la vérité, peut se rapprocher d'un acte libre.. »