La société ne repose-t-elle que sur l'intérêt ?
Extrait du document
«
Définition des termes du sujet:
INTÉRÊT: a) ce qui importe,ce qui est à son avantage, ce qui fixe l'attention.
2) Ce qui est utile à un individu
(intérêt personnel) ou à plusieurs (intérêt général).
Société : association d'individus qui constitue le milieu où chacun s'intègre.
Toute espèce vivante est plus ou
moins sociale ; mais tandis que les sociétés animales sont naturelles et gouvernées par l'instinct, les sociétés
humaines, organisées selon des institutions mobiles, véhiculent une culture.
Introduction
La question posée prend en compte l'évolution moderne de la notion de société.
Tenant pour acquis que la
sociabilité naturelle de l'homme fait problème, le libellé repose sur le présupposé selon lequel l'intérêt, faut d'être le
seul fondement de la société, est nécessairement l'un de ses fondements.
A quelles autres sources rivales ou même
complémentaires peut-il laisser place ? Y a-t-il en l'homme une disposition spontanée à se lier, qui le réalise comme
homme, et la cohabitation de cette disposition avec l'intérêt ne rend-elle pas alors fatale la subordination d'une de
ces deux sources à l'autre ? L'homme est-il naturellement sociable, ou bien la société n'est-elle qu'une convention ?
La société est-elle fin ou moyen ?
Lignes directrices
I .
la société n'est fondée que sur l'intérêt : telle serait par exemple la thèse de ceux qui ont rejeté l'idée d'une
sociabilité naturelle, et du contractualisme en général.
Ceci donne à la société civile, comme « système des besoins
» une place prééminente qui explique la soumission de plus en plus prononcée de l'État à la sphère du privé : l'État
est alors moins chargé d'établir le bien que de garantir et de laisser prospérer les intérêts privés.
On peut alors
imputer au fonctionnement des échanges une large part d'explication dans la constitution de la société.
Mill: Une société d'êtres humains, si on excepte la relation de maître à esclave, est manifestement impossible si elle
ne repose pas sur le principe que les intérêts de tous seront consultés.
Une société d'égaux ne peut exister s'il n'est
pas bien entendu que les intérêts de tous doivent être également pris en considération.
Et puisque, dans tous les
états de civilisation, chaque personne, à l'exception du monarque absolu, a des égaux, chacun est obligé de vivre
sur le pied d'égalité avec quelqu'un ; et chaque époque marque un progrès vers la réalisation d'un état de choses
dans lequel il sera impossible de vivre autrement, de façon permanente, avec qui que ce soit.
De la sorte, les
hommes en arrivent à être incapables de concevoir comme possible pour eux un état de choses où l'on négligerait
totalement les intérêts d'autrui.
Ils sont dans la nécessité de se concevoir eux-mêmes comme s'abstenant tout au
moins des actes les plus nuisibles et (ne fût-ce que pour leur protection personnelle) comme ne cessant de
protester contre de tels actes.
[...].
Aussi longtemps qu'ils sont en train de coopérer, leurs fins sont identifiées
avec les fins d'autrui ; ils ont, au moins pendant quelque temps, le sentiment que les intérêts d'autrui sont leurs
propres intérêts.
Non seulement tout renforcement des liens sociaux, tout développement normal de la société,
donne à chaque individu un intérêt personnel plus grand à tenir compte pratiquement du bien-être des autres, mais
aussi l'individu sera amené à donner de plus en plus comme objet à ses sentiments le bien des autres, ou tout au
moins à le prendre de plus en plus en considération dans la pratique.
Il en arrive, comme instinctivement, à se
considérer lui-même comme un être qui se préoccupe naturellement des autres.
Le bien d'autrui devient pour lui une
chose dont il est naturel et nécessaire qu'il s'occupe, comme nous nous occupons des conditions physiques de notre
existence.
Avez-vous compris l'essentiel ?
1 La poursuite de l'intérêt nuit-elle à l'égalité sociale ?
2 Peut-on viser principalement son propre intérêt sans être égoïste ?
3 Le froid calcul de l'intérêt n'est-il pas un obstacle au sentiment social, à la sociabilité ?
Réponses:
1 - Non, car l'égalité, en société, ne signifie rien d'autre que l'égale prise en considération des intérêts de tous les
membres de cette société.
2 - On le peut, car dans la société, le calcul le plus égoïste conduit justement, par prudence, à s'occuper aussi des
intérêts d'autrui.
3 - Bien au contraire, de l'intérêt, de l'utilité, naît un sentiment social que chacun intègre à sa personnalité, de sorte
que nous nous soucions spontanément du bien d'autrui.
2.
La société est fondée non seulement sur l'intérêt, mais aussi sur une disposition humaine à entrer et à vivre en
société, disposition à laquelle on peut donner le nom de sociabilité naturelle, par exemple à partir de l'idée grecque
selon laquelle l'homme n'atteint à sa propre excellence que dans les affaires publiques.
Mais alors la question se pose
de savoir si ces deux fondements de la société ne sont pas incompatibles : la prise en compte de l'intérêt ne ruinet-elle pas d'avance la sociabilité qu'elle transformerait alors en un déguisement hypocrite ?.
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