La société est-elle une contrainte pour l'individu ?
Extrait du document
«
Définition des termes du sujet:
CONTRAINTE : Force ou coercition extérieure qui empêche l'action volontaire.
Ne pas confondre avec obligation,
qui émane de la volonté.
INDIVIDU:
1) Tout être organisé qui ne peut être divisé sans perdre ses caractères essentiels.
2) L'être humain considéré isolément, par opposition à la société ou à l'État.
Société : association d'individus qui constitue le milieu où chacun s'intègre.
Toute espèce vivante est plus ou
moins sociale ; mais tandis que les sociétés animales sont naturelles et gouvernées par l'instinct, les sociétés
humaines, organisées selon des institutions mobiles, véhiculent une culture.
Toute société est composée d'individus qui sont unis par des liens déterminés.
Sans le respect de règles
communes, morales, religieuses, juridiques, la vie sociale serait impossible.
Mais la résistance que chacun oppose
aux contraintes collectives témoigne du fait que l'individu revendique pour lui-même le droit d'exister en tant qu'être
ayant une valeur en lui-même, indépendante de son appartenance à un groupe.
Schopenhauer affirme même que
plus un individu a de la valeur et moins il supporte la vie sociale qui entrave son développement : « Toute société a
pour compagne inséparable la contrainte et réclame des sacrifices qui coûtent d'autant plus cher que la propre
individualité est plus marquante » (Aphorismes).
Par conséquent, le goût de la solitude est d'autant plus grand que
la valeur de son propre moi est réelle.
S'il n'est pas question de nier l'attachement de l'individu à lui-même, son désir d'assouvir ses penchants ou intérêts
propres, on ne peut toutefois soutenir que la société est tout entière négative et qu'il n'y a de bonheur bien compris
que dans une vie privée.
Car ce qui fait homme l'individu, ce n'est pas, comme le souligne Auguste Comte, l'individu
lui-même, réduit à lui-même, mais le langage, la pensée, le savoir et le savoir-faire, « toutes choses qui viennent
non de lui-même, mais de la société de ses contemporains et de ses prédécesseurs ».
Sans la société, l'individu ne
serait pas un être humain mais un simple exemplaire d'une espèce biologique.
Autrement dit, il ne serait qu'un animal.
Reste que si l'individu tire son humanité de la société qui l'éduque, il ne saurait se fondre en elle sans perdre son
identité et donc ce qui fait de lui une personne différente des autres.
Il convient d'éviter tout autant la fusion que
le divorce.
Les lois et les normes d'une société sont générales et non adaptées à chacun, aussi l'individu doit mouler son
comportement sur des règles qui le transcendent, qu'il ne maîtrise pas.
Mais l'adaptation exigée de l'individu à son
environnement social est-elle toujours négative ? N'est-il question pour lui que de se restreindre, de se contraindre
selon les lois ? Mais si les normes sont intégrées au point qu'elle ne fassent plus obstacle et au contraire deviennent
naturelles pour l'individu même, cela ne suspend pas pour autant la question de savoir si elles entravent ou non
l'épanouissement de l'individu.
Toutefois il faudra aussi s'interroger sur le statu même de l'individu : en tant
qu'animaux politiques, suivant le mot d'Aristote, notre épanouissement n'est-il pas essentiellement lié à notre
existence sociale ?
I-Certains types de sociétés entravent l'épanouissement individuel.
Elles sont de véritables contraintes
pour l'individu.
Le problème de l'épanouissement de l'individu dans la société est d'autant plus ouvert qu'il existe une
pluralité de types de société.
Enfin la question se complique encore puisque la notion même d'épanouissement
devient relative, on retrouve le problème classique du relativisme culturel.
Néanmoins nous pouvons affirmer
qu'indépendamment de la structure culturelle il y a des sociétés dont le fonctionnement empêche un
épanouissement de l'individu dans le sens de son individualité.
C'est le cas des sociétés égalitaristes, dans lesquelles la volonté individuelle est immédiatement perçue
comme individualiste et stigmatisée comme injustifiable.
Dans la pièce de Giraudoux Electre le personnage d'Egiste
incarne cette politique : une tête qui dépasse est une menace à l'équilibre moral de la société.
Ce qui est avancé
c'est l'idée d'une collectivité (fictive ?) dont le bien ne peut qu'être visé dans l'établissement d'une sorte d'entropie
sociale où l'individu est sommé de se réduire à la fonction sociale et familiale qu'on lui a d'avance attribué.
Mais le problème n'est pas seulement d'ordre politique, grossièrement le communisme contre le libéralisme,
ce peut-être aussi un problème sociétal.
Par exemple les travaux de Freud dénoncent l'économie psychique, c'està-dire les mœurs notamment de la société viennoise en ce qu'elle favorise et engendre des comportements
pathologiques, hystériques ou névrotiques.
Cela parce que le sexuel y est vécu et traité sur un certain mode.
II- L'épanouissement et la liberté de l'individu : une rupture avec l'ordre social ?
L'épanouissement de l'individu ne s'obtiendrait-il que si celui-ci parvient à s'autoriser de lui-même ? La
réalisation de l'individu passe-t-elle nécessairement par un individualisme ? N'est-ce pas là la figure de l'artiste : à la
fois paradigme de l'épanouissement et en même temps qu'on situe à la marge de la société parce qu'il ne participe
pas aux mêmes cycles économiques et répétitifs qui scandent la vie d'une majorité..
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