La société corrompt-elle l'homme ?
Extrait du document
«
[Les plus grands vices sont nés du développement
de la société.
Plus elle est complexe, raffinée, plus elle
a tendance à nier la nature de l'homme.
Elle est à l'origine
de tous les maux qu'elle subit.]
L'homme est bon par nature, c'est la société qui le corrompt
(Rousseau)
Cette idée maîtresse recouvre bien des ambiguïtés.
On peut l'interpréter
comme une condamnation radicale de toute société qui dépravant
l'homme le rendrait malheureux.
Et ce sera la postérité romantique de
Rousseau qui exaltera l'individu incompris.
Le Werther de Goethe
appartient à cette lignée.
Mais pour Rousseau, il ne faut pas l'entendre
dans un sens aussi radical.
La Société n'est pas corruptrice par
essence, mais seulement un certain type de société.
A vrai dire, toutes
celles qui reposent sur l'affirmation de l'inégalité naturelle des hommes,
oppriment l'immense majorité au profit d'une minorité de privilégiés de la
naissance et de la fortune.
Si en effet, on examine attentivement les
inégalités entre les hommes, seules celles de leurs possessions
matériel-les qui, par des mécanismes comme l'héritage, sont
provoquées par le type d'organisation de la société, sont indéniables.
Mais c'est un sophisme, ou à tout le moins un jugement précipité de
conclure que de telles inégalités ont pour origine des différences de
nature.
Si l'on dépouille par la pensée l'homme de tout ce qui chez lui
relève du social, et donc du hasard, c'est bien l'égalité qui nous
frappera : l'habileté de l'un peut compenser la force de l'autre.
Rousseau reprend ici l'affirmation de l'égalité naturelle proclamée par les
penseurs de l'école du droit naturel.
L'homme de la nature, c'est donc la nature de l'homme.
• L'homme diffère essentiellement des autres êtres naturels et en particulier de l'animal par sa perfectibilité.
Ce qu'il est naturellement en puissance ne peut s'actualiser que dans la vie en commun.
Ce n'est que parce
qu'il vit en société que l'homme peut devenir moral, substituer dans sa conduite la justice à l'instinct.
Il est
donc le produit de l'homme, aussi bien par son éducation que par le système de législation.
Et le problème
fondamental sera dès lors de trouver une forme de société dans laquelle l'homme puisse préserver sa liberté
naturelle et assurer sa sécurité.
La société brime la nature de l'homme
Freud, dans Malaise dans la civilisation, est forcé de constater que la société, qui demande de la part des
individus toujours plus de sacrifices, ne les récompense pas en retour.
Brimant leur libido, elle les accule à
l'angoisse.
Plus la société contraint les hommes à renoncer à la satisfaction de leurs désirs, plus elle les rend
névrosés et, dans certains cas, pervers.
Si la civilisation impose d'aussi lourds sacrifices, non seulement à la sexualité mais encore à
l'agressivité, nous comprenons mieux qu'il soit si difficile à l'homme d'y trouver son bonheur.
En
ce sens, l'homme primitif avait en fait la part belle puisqu'il ne connaissait aucune restriction à
ses instincts.
En revanche, sa certitude de jouir longtemps d'un tel bonheur était très minime.
L'homme civilisé a fait l'échange d'une part de bonheur possible contre une part de sécurité.
[...] Si nous reprochons à juste titre à notre civilisation actuelle de réaliser aussi insuffisamment
un ordre vital propre à nous rendre heureux, [...] nous nous familiariserons peut-être avec cette
idée que certaines difficultés existantes sont intimement liées à son essence et ne sauraient
céder à aucune tentative de réforme.
Dans notre civilisation, la sociabilité exige que chacun s'efforce de limiter ses pulsions, notamment
sexuelles et agressives, pour que la sécurité de tous soit garantie.
Dans les sociétés primitives au
contraire, certains individus, les chefs, jouissaient d'une liberté pulsionnelle sans limites, et par
conséquent de moins de sécurité.
Problématique.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- L'homme est bon par nature, c'est la société qui le corrompt (Rousseau)
- La société de consommation ou le détournement de l’Homme vis-à-vis de la nature
- Aristote: L'homme est-il fait pour vivre en société ?
- STRAUSS: «...il y a dans l'homme quelque chose qui n'est point totalement asservi à sa société et par conséquent [...] nous sommes capables, et par là obligés, de rechercher un étalon qui nous permette de juger de l'idéal de notre société comm
- STRAUSS: «...il y a dans l'homme quelque chose qui n'est point totalement asservi à sa société et par conséquent [...] nous sommes capables, et par là obligés, de rechercher un étalon qui nous permette de juger de l'idéal de notre société comme de tout a