La sexualité humaine relève-t-elle de l'instinct ?
Extrait du document
«
[L'homme a un peu trop vite cru s'être détaché
de la nature et des instincts qui l'animent.
Derrière ce qu'il appelle «conscience», «liberté», «volonté»,
on retrouve la force de l'instinct sexuel.]
L'homme vit dans l'illusion
Schopenhauer, dans sa Métaphysique de l'amour, montre que c'est une
pure illusion de penser que l'on est libre d'aimer.
En fait, toutes les
choses de l'amour sont gouvernées par l'instinct sexuel; lequel ne vise
qu'un but: la procréation.
Les hommes ne s'accouplent pas au gré de
leur volonté.
Ils servent aveuglément les intérêts de l'espèce.
La Nature
n'a d'autre sens que sa perpétuation, ce qui se traduit chez les
espèces animales par le mécanisme de la reproduction.
Belle raison de
vivre pour la belle âme humaine ! Si l'on savait la vérité, l'espèce
humaine s'éteindrait en peu de temps.
La volonté de la Nature est donc
que l'individu soit la due de l'espèce.
D'où les illusions : le noble
sentiment amoureux n'est qu'une ruse de l'instinct de reproduction,
selon Schopenhauer : « Ainsi chaque amant se trouve-t-il leurré après
l'achèvement du grand-oeuvre, car le mirage a disparu, qui faisait de
l'individu la dupe de l'espèce.
»
« Manifestement le soin avec lequel un insecte recherche telle fleur, ou
tel fruit, ou tel fumier, ou telle viande, ou, comme l'ichneumon, une
larve étrangère pour y déposer ses oeufs, et à cet effet ne redoute ni
peine ni danger, est très analogue à celui avec lequel l'homme choisit
pour la satisfaction de l'instinct sexuel une femme d'une nature
déterminée, adaptée à la sienne, et qu'il recherche si ardemment que
souvent pour atteindre son but, et au mépris de tout sens, il sacrifie le bonheur de sa vie par un mariage
insensé, par des intrigues qui lui coûtent fortune, honneur et vie, même par des crimes, comme l'adultère et le
viol, - tout cela uniquement pour servir l'espèce de la manière la plus appropriée et conformément à la volonté
partout souveraine de la nature, même si c'est au détriment de l'individu.
Partout en effet l'instinct agit
comme d'après le concept d'une fin, alors que ce concept n'est pas du tout donné.
La nature l'implante là où
l'individu qui agit serait incapable de comprendre son but ou répugnerait à le poursuivre ; aussi n'est-il, en
règle générale, attribué qu'aux animaux, et cela surtout aux espèces inférieures, qui ont le moins de raison ;
mais il n'est guère donné à l'homme que dans le cas examiné ici, car l'homme pourrait sans doute comprendre
le but, mais ne le poursuivrait pas avec toute l'ardeur indispensable, c'est-à-dire même aux dépens de son
bonheur personnel.
Aussi, comme pour tout instinct, la vérité prend ici la forme de l'illusion, afin d'agir sur la
volonté.
C'est un mirage voluptueux qui leurre l'homme, en lui faisant croire qu'il trouvera dans les bras d'une femme
dont la beauté lui agrée, une jouissance plus grande que dans ceux d'une autre ; ou le convainc fermement
que la possession d'un individu unique, auquel il aspire exclusivement, lui apportera le bonheur suprême.
Il
s'imagine alors qu'il consacre tous ses efforts et tous ses sacrifices à son plaisir personnel, alors que tout cela
n'a lieu que pour conserver le type normal de l'espèce, ou même pour amener à l'existence une individualité
tout à fait déterminée, qui ne peut naître que de ces parents-là » Schopenhauer, Métaphysique de l'amour
(1818).
Tout n'est qu' instinct.
»
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