La science retire-t-elle toute valeur au mythe ?
Extrait du document
«
Un mythe est un récit fictif inventé par les hommes pour répondre aux questions qu'ils se sont toujours posées
concernant leur origine, leur raison d'être ainsi que celle des phénomènes énigmatiques de la nature et de l'univers.
Ce n'est donc pas un récit gratuit visant un pur plaisir poétique : c'est la solution d'un problème, et même la
première que l'humanité semble avoir proposé.
Pour autant, son but n'est pas de décrire le réel : il est de le rendre compréhensible, d'y mettre de l'ordre sous une
forme imagée.
Mais à la différence de l'image allégorique, l'image mythique n'est pas qu'un langage chiffré qu'il
suffirait de traduire en langage clair : dans le mythe, l'image n'est pas qu'un prétexte, mais elle est partie prenante
du qui s'y révèle, et qu'aucune interprétation ne saurait épuiser.
Platon, dans ses dialogues, a eu recours à des
mythes pour exprimer de manière imagée sa pensée.
Si le mythe propose une représentation unifiée et cohérente du monde sous la forme d'un récit des origines, la
science, elle, comme le note François Jacob, « n'opère que localement » : ses réponses sont « partielles et
provisoires ».
Bien plus, alors que la science cherche à expliquer rationnellement les phénomènes naturels par des lois
mathématiques, le mythe se donne comme un sens à interpréter concernant la situation de l'homme dans l'univers.
Chacun atteint ainsi une vérité d'un genre différent, et le mythe n'est pas en ce sens moins vrai que la science : il
s'exprime simplement sous forme imagée et donc indirecte, sans que sa signification soit jamais épuisée.
À la vérité
de l'ordre de l'objectif et du mesurable qu'offre la science, on peut opposer la vérité du mythe, comme manifestation
du caractère énigmatique de l'existence et recherche de sens.
1.
Faiblesse explicative du mythe
a.
Si le mythe est une manière de s'expliquer symboliquement le monde, il est certain qu'il ne répond pas aux
exigences de la raison qui distingue ce qu'il n'a de cesse de confondre.
Penser en effet, c'est identifier à travers des
catégories précises, et à ce titre le principe de non-contradiction ne saurait tolérer les licences logiques qui
malmènent la stabilité de la signification et de la référence.
b.
En outre la fragilité explicative du mythe se signale en ce qu'il pervertit constamment le principe de causalité.
Au
mieux, il prend le déterminisme qui parle de nécessité conditionnelle pour un fatalisme qui le transforme en nécessité
aveugle et au pire il invoque des interventions miraculeuses qui violent le principe de régularité des lois naturelles.
c.
C'est dire si l'anthropomorphisme dont il fait preuve le conduit à prêter des intentions à la nature là où
l'explication rationnelle ne verrait qu'un système de lois étrangères à des fins.
En d'autres termes, le mythe ne rend
pas compte du monde mais bien plutôt de l'impuissance de ceux qui y sont soumis.
II.
Le triomphe de la raison
a.
Et c'est pourquoi l'emprise des mythes sur les hommes n'a cessé de se relâcher à mesure que les sciences leur
fournissaient les explications à mêmes de les libérer de la peur de l'inconnu et du souci de confier à des entités
personnifiées le soin de satisfaire leurs aspirations.
b.
Mais surtout la raison a eu raison du mythe en ce qu'elle a habitué l'esprit à rendre raison publiquement de ses
croyances ou de ses certitudes c'est-à-dire à ne rien affirmer ou à ne rien laisser affirmer qui ne soit exposé aux
tests d'une réfutation possible.
Affirmer, ce n'est pas suggérer ou laisser croire mais démontrer.
c.
A cet égard le triomphe de la raison paraît définitivement assuré dès lors que les religions elles-mêmes concèdent
que les récits fabuleux qu'elles véhiculent ont moins valeur de vérité que valeur métaphorique ou allégorique dont il
convient de dégager les contenus rationnels pour les rendre non seulement compatibles avec les sciences mais aussi
avec les valeurs dont nous nous réclamons.
III.
Limites du pouvoir de la raison
a.
Pour autant, il serait hasardeux de surestimer le pouvoir de la raison.
Une chose est d'ébranler la crédibilité des
mythes, autre chose est de les faire disparaître, car le mythe relève de la
croyance c'est-à-dire d'une attitude propositionnelle et si comme Hume le soulignait la raison peut montrer la
fausseté d'une proposition elle a peu de pouvoir sur l'attitude qui commande de l'adopter..
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