La science peut-elle tenir lieu de sagesse ?
Extrait du document
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Termes du sujet:
TENIR LIEU: remplacer, servir de.
SAGE - SAGESSE: 1) Attitude traditionnelle du philosophe ancien qui, dans l'ordre du savoir se met à distance des préjugés et dans l'ordre de l'action à
distance ses passions.
2) Synonyme de prudence d'où, par extension, aptitude à bien mener sa vie.
SCIENCE : Ensemble des connaissances portant sur le donné, permettant la prévision et l'action efficace.
Corps de connaissances constituées, articulées
par déduction logique et susceptibles d'être vérifiées par l'expérience.
Problématique:
Les connaissances discursives établissant des relations entre les phénomènes étudiés peuvent-elles remplacer le comportement juste et raisonnable, la
vertu mesurée et servir de sagesse ? C'est supposer qu'une vertu pratique est inscrite dans la science et fait partie d'elle.
La science peut-elle servir de
modèle à la morale ?
Conseils pratiques:
Interrogez-vous sur le scientisme, cette attitude qui fait de la science un ensemble capable de résoudre tous les problèmes.
N' y a-t-il pas là une idolâtrie
de la démarche scientifique, idolâtrie conduisant à des excès nuisibles à la pensée ?
Examen du sujet :
-
la question laisse entendre que la sagesse est antérieure à la science ; voir quelle était la source de la sagesse.
-
Prudence : il ne s'agit pas forcément de traiter tout le sujet sur les relations entre science et philosophie.
-
Intégrer la réflexion sur les rapports entre savoir et sagesse.
Introduction
La science est un phénomène culturel assez récent, du moins si l'on prend le terme dans une acception moderne, essentiellement liée à la science positive
et à la méthode expérimentale.
En revanche, les références à la sagesse et à la quête de sagesse renvoient à un état de la culture bien antérieur.
Maintenant, science et sagesse sont-elles si incompatibles que l'une ne saurait tenir lieu de l'autre, prendre sa place, à moins que la science, comme valeur
dominante de la culture moderne, ne révèle des qualités telles qu'elle puisse prendre la place de l'antique sagesse…
1) ce que la sagesse nous apporte : la mise en œuvre d'une morale liée à la « science »
Dans l'Antiquité, la recherche de la sagesse est un but à poursuivre, même si sa possession entière n'est jamais garantie.
Le personnage du Sage est un
idéal de vie, dont la tradition philosophique semble garder la nostalgie.
A cet égard, nul doute que le Sage est celui qui possède un certain savoir ; en outre il sait en faire un certain usage.
Quand on parle de sagesse, on désigne
une conduite qui s'attache à un savoir, une mise en pratique d'un certain savoir.
Voilà pourquoi la sagesse n'est pas que savoir, mais art de vivre, mise en
pratique.
V.
Platon : le savoir dialectique s'achève dans l'intuition du Bien, et le Philosophe redescend dans la Cité des hommes pour se charger de son
organisation.
Epicuriens et Stoïciens développeront cette maîtrise de soi fondée sur la connaissance des lois de l'univers.
Donc sagesse : liaison entre savoir et conduite.
2) ce que la science nous propose
L'avènement de la science moderne, par exemple l'état positif défini par Auguste Comte, se caractérise par le savoir positif ; autrement dit, par différence
avec les états théologiques et métaphysique, la science positif exclut certains types de questionnements, considérer comme dépassés (pourquoi ? et aussi
pour quoi ?) au privilège exclusif du comment ? La science, en somme, se limite à répondre aux questions sur les causes « proches ».
Dans la méthode, la démarche se veut objective ; elle impose donc une séparation radicale entre le sujet et l'objet.
L'accumulation des faits et des théories
prouvera son efficacité par les applications pratiques qu'elle autorise.
Savoir, c'est pouvoir, savoir pour pouvoir agir sur la nature.
C'est le projet cartésien,
lui-même énoncé dans le projet biblique.
Etat de la techno science aujourd'hui : v.
notre vie quotidienne.
Peu-t-on parler à ce propos de véritable sagesse ?
3) Comment combler l'écart ?
Peut-on parler de sagesse quand la science ne se préoccupe que des faits, et non des valeurs.
Comment parler de sagesse si la science, par méthode et par
principe, ne vise que l'accumulation du savoir sans réfléchir sur les valeurs, et ne vise que l'augmentation de la puissance de l'homme sur l'environnement ?
Une sagesse doit se préoccuper des buts, doit réfléchir sur les fins que le savoir va servir.
Or la science ne semble pas avoir de visée précise, sinon de
pouvoir servir et meilleur et au pire, selon la volonté de celui qui la manipule (Dr Jekyll et Mr Hyde, Docteur Caligari, etc.).
Difficile de parler de sagesse quand la science a servi au XXe siècle les pires tragédies.
Il y a donc une lacune.
Pour que la science soit sagesse, il faudrait qu'à l'activité rationnelle positive s'associe une réflexion de la raison pratique (Kant).
Conclusion
La sagesse suppose l'unité de la raison pure, de la raison connaissante et de la raison pratique, la morale qui réfléchit sur les fins.
C'est la raison pour laquelle la sagesse réapparaît dans toute l'urgence d'un sens et d'une valeur à accorder au savoir scientifique ; une certaine sagesse se
constitue quand la science réfléchit sur elle-même, sur son sens et sur les valeurs qu'elle doit servir.
En ce sens, la sagesse vient parachever la science,
mais la science en elle-même ne peut en tenir lieu, sauf à se trouver très vite désabusée, comme ce fut le cas au XXe siècle..
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