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La science peut-elle se passer de métaphysique ?

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« Définition des termes du sujet La science, c'est à la fois, dans un sens très large, l'ensemble de la connaissance rationnelle, mais aussi les moyens de cette connaissance.

Science vient du latin « scire » qui signifie savoir : son sens est donc originairement très large, même si des nuances et des précisions ont été apportées à cette définition au cours de l'histoire. « Se passer de », c'est faire sans, fonctionner sans – et « pouvoir se passer de » peut s'entendre sous deux intensités différentes : soit l'on peut faire ce que l'on veut faire en se passant d'une certaine chose (soit la science peut persister sans métaphysique) ; soit l'absence d'une certaine chose empêche purement et simplement telle ou telle activité (la science n'existe pas sans métaphysique ; la métaphysique est une condition nécessaire de la science). La métaphysique, définie à l'origine par Aristote comme « science de l'être en tant qu'être », est une forme de connaissance, de science, un peu particulière : elle est celle de ce qui est « au-delà » (méta en grec) des choses physiques telles que les sciences rationnelles nous les donnent à connaître.

Elle est une connaissance de l'être en tant que tel, des premiers principes des choses, ce que l'observation physique et les démarches scientifiques ne nous permettent pas d'atteindre ; elle suppose des méthodes et des objets qui ne sont pas proprement scientifiques. Comment penser le rapport entre science et métaphysique ? A l'origine, les recherches scientifiques et métaphysiques sont allées de pair, alors que les méthodes scientifiques et rationnelles telles que nous les connaissons n'existaient pas, ou alors seulement à l'état d'ébauches, et répondaient à des questions telles que : qu'est-ce que l'être ? Comment fonctionne la nature ? Y'a-t-il une cause première dont tout découle ? Une cause finale vers laquelle tout concorde ? Cet entremêlement de questions semblait légitime.

Mais la science a progressé, s'est affinée dans ses résultats et ses méthodes : la métaphysique a-t-elle encore une place dans la science moderne ? Plus précisément, est-elle structurellement nécessaire au fonctionnement de toute science ? Ou bien la science, une fois suffisamment élaborée, peut-elle fonctionner en circuit fermé, sans recours à des questions qui la dépassent ? Ce sont des questions dont la réponse n'est pas évidente – que l'on pense par exemple aux débats sur le clonage, qui en appellent à des concepts extérieurs à la science et notamment à la « nature » comme norme : cette norme de « nature » n'est-elle pas justement une norme métaphysique ? Textes à utiliser De Broglie « La recherche scientifique a toujours oscillé et oscillera sans doute toujours entre deux tendances : d'une part, observer avec soin les faits expérimentaux et se borner à les traduire par des formules mathématiques précises ; d'autre part, partir de conceptions synthétiques posées a priori, auxquelles on pourra toujours reprocher d'avoir un certain caractère métaphysique, et chercher à en déduire les lois des phénomènes connus et la prévision de phénomènes nouveaux.

Le progrès de la Science a toujours résulté de continuels compromis entre ces deux tendances qui furent souvent en lutte ouverte, mais au XVIIe siècle leur conflit fut particulièrement violent. Les meilleurs esprits scientifiques de ce temps n'étaient pas entièrement affranchis de l'esprit de la Scolastique qui, pour avoir voulu employer trop exclusivement la seconde méthode, avait piétiné pendant des siècles et s'était le plus souvent contentée d'explications purement verbales ; mais le XVIIe siècle fut aussi celui qui reconnut la nécessité de l'observation des faits et de cette consultation de la réalité physique qu'on nomme l'expérience : le nom du Chancelier Bacon est resté attaché à cette évolution capitale de la pensée scientifique.

» Descartes, préface des Principes de la philosophie « Puis, (...) il doit commencer tout de bon à s'appliquer à la vraie philosophie, dont la première partie est la métaphysique qui contient les principes de la connaissance entre lesquels est l'explication des principaux attributs de Dieu, de l'immatérialité de nos âmes et de toutes les notions claires et simples qui sont en nous.

La seconde est la physique, en laquelle, après avoir trouvé les vrais principes des choses matérielles, on examine en général comment l'univers est composé (...).

En suite de quoi il est besoin aussi d'examiner en particulier la nature des plantes, celle des animaux, et surtout celle de l'homme (...).

Ainsi toute la philosophie est comme un arbre dont les racines sont la métaphysique, le tronc est la physique et les branches qui sortent de ce tronc sont toutes les autres sciences (...).

». »

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