La science peut-elle libérer l'homme ?
Extrait du document
«
La science est conçue par la plupart des gens comme un élément libérateur.
De quoi est-elle libératrice ?
La science est sensée arracher petit à petitl'homme aux contraintes cruelles de la nature.
La médecine repousse
l'espérance de vie, sauve ceux qui seraient morts, sans elle.
Mais comment définir le terme "liberté" ? La liberté
est communément définie comme une absence de contrainte, ce qui rejoint le sens originel du terme puisque le latin
liber, qui a donné libre, signifie non-esclave.
Au début, donc, la définition du terme était purement négative et c'est
cette liberté qu'Hobbes évoque dans Du citoyen, en 1642, lorsqu'il écrit : « Hors de la société civile, chacun jouit
d'une liberté très entière, mais qui est infructueuse, parce que, comme elle donne le privilège de faire tout ce que
bon nous semble, aussi laisse-t-elle aux autres la puissance de nous faire souffrir tout ce qu'il leur plaît.
» Mais il y a
eu un enrichissement sémantique du terme au fil des siècles.
Quel est le sens contemporain du terme « liberté » ?
Dans le cadre de la métaphysique, de la morale et de la psychologie, en revanche, la liberté a été définie comme un
pouvoir de choix entre des possibles, c'est ce que Descartes appelle liberté de décsion lorsqu'il écrit : «Il n'y a que
la volonté, ou liberté de décision, que j'expérimente si grande en moi que je n'ai idée d'aucune autre plus grande.»
D'un point de vue politique, la liberté est devenue la possession de droits reconnus dans la constitution d'un état,
appelés alors les libertés.
L'autonomie, la liberté politique est dans ce cas incarnée par la figure du citoyen.
Celui-ci
abandonne une partie de ses libertés naturelles pour obéir à des lois dans le but de bénéficier des avantages
procurés par l'Etat, comme la souligne Hobbes : « Hors de la société civile, chacun jouit d'une liberté très entière,
mais qui est infructueuse, parce que, comme elle donne le privilège de faire tout ce que bon nous semble, aussi
laisse-t-elle aux autres la puissance de nous faire souffrir tout ce qu'il leur plaît.
» C'est à cette condition que, selon
cette théorie, les hommes peuvent être libres ensemble, comme le souligne John Rawls : « Chaque personne a un
droit égal à un système pleinement adéquat de libertés et de droits de base égaux pour tous, compatible avec un
même système pour tous.
» Qu'est-ce que la science ? le substantif science, issu du latin « scientia » qui signifie
« connaissance », « savoir », qualifie aujourd'hui un ensemble de connaissances, systématisées dans la plupart des
cas, fondées rationnellement et auxquelles on accorde une reconnaissance universelle.
Intéressons-nous à
présent au concept d'homme .
Appartenant à la famille des hominidés et à l'espèce Homo sapiens (« homme sage
»).
Et Traditionnellement défini comme « animal doué de raison », l'homme est aussi, selon Aristote, un « animal
politique ».
Ce serait en effet pour qu'il puisse s'entendre avec ses semblables sur le bon, l'utile et le juste que la
nature l'aurait pourvu du langage.
La science peut-elle liberer l'homme ? Comment penser l'articulation du
concept de science avec celui de liberté ?
I.
La plupart des gens pensent que la systématisation des connaissances qui
caractérise la science aboutit à des systèmes parfaitement cohérents qui reflètent la réalité et son
fonctionnement.
Ce système, maîtrisé, permettrait alors d'agir le plus judiscieusement possible sur la
réalité et d'accroitre notre pouvoir de choix parmi des possibles ; ce qui ferait alors effectivement de la
science un facteur libérateur.
II.
Mais on peut alors penser que, dans cette optique, ce n'est finalement pas
la science qui libère l'homme, mais la technique.
Qu'est-ce que la technique ? On nomme
« technique » la fabrication d'outils et de machines.
« L'objet technique » est le fruit de la technique.
Le
terme technique vient du grec « technikos », qui est l'adjectif correspondant au substantif « technê » ;
celui-ci signifie « pratique », « procédé », « art » (au sens ancien du terme qui correspond à notre
« savoir faire » ou encore « ruse ».
Aristote oppose la « poiêsis », c'est-à-dire la fabrication, la
production, à la « praxis », à l'action qui a sa fin en elle-même comme c'est le cas de l'art au sens
moderne du terme.
La « poiêsis » correspondrait à notre « technique ».
La technique s'est développée
bien avant la science, par conséquent, il peut y avoir technique sans qu'il y ait science.
De plus, de
nombreuses techniques ont été inventées sans apport de la moindre science, c'est pourquoi la technique
peut connaître un ample développement autonome.
Si le but de la science est la connaissance
systématisée(conformément à son étymologie, puisque le terme originel latin, « scientia », signifie savoir,
connaissance), l'utile est un domaine réservé à la technique.
Or, c'est le caractère utile de la
connaissance qui est, pragmatiquement, libérateur.
III.
Finalement, ce n'est pas la science, mais la conscience de sa propre liberté
qui libère l'homme.
C'est pourquoi Georg Wilhelm Friedrich Hegel, dans son Introduction à la Philosophie
de l'Histoire, écrit : « L'histoire universelle est le progrès dans la conscience de la liberté; - progrès que
nous avons à reconnaître dans ce qui en fait la nécessité.
» A ce propos mais dans une optique
psychanalytique, et donc,plus moderne, Paul Ricoeur écrit, dans sa Philosophie de la volonté (I) : "Le
sens profond de la cure (psychanalytique) n'est pas une explication de la conscience par l'inconscient,
mais un triomphe de la conscience sur ses propres interdits par le détour d'une autre conscience
déchiffreuse.
L'analyste est l'accoucheur de la liberté, en aidant le malade à former la pensée qui
convient à son mal.".
Dans un sens large, la science est pour un sujet la possession d'un savoir complet qui s'accompagne de la
connaissance de ce savoir.
Celui-ci peut être considéré comme achevé et conscient de lui-même.
Mais dans un.
»
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