La science peut-elle donner un sens à l'existence?
Extrait du document
«
[La connaissance scientifique est la seule à pouvoir donner un sens à l'existence.
Elle permet de résoudre
les problèmes que se pose l'homme, et même d'être la source des valeurs dans un monde désacralisé.]
La connaissance est le dernier lieu du sens
Comme l'affirmait Marcelin Berthelot, chimiste et homme politique français du XIXe siècle: le monde est
aujourd'hui sans mystère.
Les progrès dans la connaissance, les méthodes rigoureuses que la science
développe et son objectivité permettent à l'homme de résoudre d'une façon rationnelle les problèmes qu'il se
pose.
Ainsi, la connaissance est le dernier lieu du sens.
Elle est une sauvegarde contre les instincts, contre le
fanatisme et l'intolérance.
Elle permet à l'homme d'accroître sa liberté et de prétendre au bonheur.
La science
doit même servir de base à la morale et à l'éducation.
Le désenchantement du mode
« La nature n'est pas une déesse ».
À cette phrase de Descartes, le
XVIIe siècle dans son ensemble fait écho.
Que signifie-t-elle ?
D'abord le refus de la conception anthropomorphiste de la nature, qui
était largement développée à la Renaissance : la nature n'est pas une
personne (« Dame Nature ») dont il s'agirait de deviner les intentions.
Les faits naturels sont des phénomènes objectifs, sans conscience.
Cela implique du même coup le rejet d'une explication finaliste de
l'univers : puisque la nature n'est pas une personne, elle ne poursuit
aucun but.
Les phénomènes naturels se produisent en vertu d'autres
phénomènes qui en sont les causes, et non en vue d'une fin.
Autre refus, lié au premier : celui d'une conception « magique » de la
nature.
Pour un « savant » du xve ou du xvie siècle, tout dans l'univers
était possible, admissible, y compris les transformations les plus
extravagantes, les phénomènes prodigieux.
Le XVIIe siècle impose au
contraire l'idée, propre à la conscience scientifique moderne, d'un
déterminisme naturel.
Il existe des lois dans la nature qui rendent
prévisibles certains phénomènes, et impossibles — ou du moins
incroyables — certains autres.
Galilée disait déjà : "La nature est écrite
en langage mathématique."
Le XVIIe siècle inaugure donc l'attitude scientifique moderne face à la
nature.
C'est cette attitude qu'on peut qualifier de « désenchantement
du monde » : celui-ci n'est plus qu'un ensemble régi par des lois qu'il faut connaître, il n'est plus un « vivant »
mystérieux à déchiffrer.
Il ne parle plus, le langage et le sens se concentrant tout entiers dans le sujet
humain et pensant (le cogito cartésien), qui se conçoit face au monde, comme devant une matière inerte, un
mécanisme aveugle.
Cette nature désenchantée, devenue pur objet de science, satisfait ainsi non seulement le désir de savoir,
mais aussi le rêve d'une domination technique de l'homme sur le monde, lui permettant, selon le mot de
Descartes, de s'en rendre « comme maître et possesseur ».
Mais une nature dépourvue de tout mystère et
devenue muette peut aussi bien susciter l'inquiétude métaphysique d'un Pascal : « Le silence des espaces
infinis m'effraie ».
L'univers est indifférent
L'ancienne alliance entre l'homme et la nature est rompue.
Le développement de la science a permis à l'homme
de s'affranchir de toute représentation mythique du monde.
Jacques Monod, dans son livre Le Hasard et la
nécessité, déclare que «l'homme sait enfin qu'il est seul dans l'immensité de l'univers, d'où il a émergé par
hasard».
Dès lors, l'homme est la source même des valeurs, et c'est par libre choix que nous devons
maintenant chercher la valeur suprême dans la connaissance puisqu'elle est la source indiscutable de la vérité..
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