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La science est-elle déterministe ?

Publié le 25/12/2024

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« La science est-elle déterministe ? Au sens commun, la science est un savoir, tandis que dans son sens philosophique, la science est un jugement qui porte sur le monde ou sur un ensemble de propositions logiques et qui établit les lois de ce domaine par une méthode basée sur la vérification et la cohérence des énoncés.

Parce que la science établit une connaissance, elle ne doit pas être confondue avec le savoir ni avec le savoir-faire.

Un savoir est particulier tandis qu’une connaissance est générale et à portée universelle ; un savoir ne fournit pas les causes de son efficacité, une connaissance est établie par un travail profond de recherche des causes.

Il est difficile de trouver un dénominateur commun à toutes les sciences tant leurs objets diffèrent.

Il peut s’agir des êtres vivants (biologie), de la société (sociologie), de la structure du cosmos (astrophysique), des signes linguistiques (linguistique), ou de la quantification des répétitions et de leurs occurrences (statistiques et probabilités).

La diversité des objets d’étude se traduit par des approches méthodologiques variées, parmi lesquelles il est possible de trouver des cohérences dans la démarche rationnelle permettant de définir la science dans sa variété.

Du latin “determinare”, le sens propre de déterminisme est celui de “marquer les limites”, de “borner”.

Toutefois, son sens scientifique le laisse envisager comme l’ensemble des conditions nécessaires qu’un phénomène donné se produise.

Plus largement maintenant, le déterminisme s’entend comme un doctrine, une conception selon lesquelles, certaines conditions étant données et connues, les faits qui s'ensuivent sont prévisibles avec précision. La science repose-t-elle sur le principe du déterminisme, où chaque phénomène est strictement lié à ses causes antérieures, permettant ainsi des prédictions précises et fiables ? Ou bien doit-elle intégrer des éléments d'incertitude et d'indétermination ? Nous verrons dans un premier temps que la science s’est historiquement construite sur des principes déterministes, toutefois, la science moderne et les sciences humaines introduisent des éléments d'incertitude et d'indétermination, finalement, la science, tout en cherchant à comprendre les causes, doit intégrer la complexité et l'incertitude pour une connaissance plus complète *** I.

Certes, la science s'est historiquement construite sur des principes déterministes 1. Newton, avec la mécanique classique, décrit un univers gouverné par des lois immuables, où chaque action entraîne une réaction prévisible.

Newton se sert de l’exemple emblématique de la gravitation universelle, qui explique les mouvements des corps célestes et des objets terrestres par l’attraction mutuelle en fonction de leur masse et de la distance qui les sépare.

Par exemple, si les Grecs, les Saxons et les Vikings savaient que les marées existent et, par habitude, ils pouvaient très partiellement les anticiper, il a fallu attendre Newton et l’essor des mathématiques pour que l’on connaisse la cause des marées et que l’on puisse les prévoir avec suffisamment de précision pour établir un calendrier. Inspiré par cette vision déterministe, Pierre-Simon Laplace formule l'hypothèse du "démon de Laplace" : un intellect infiniment puissant, capable de connaître la position et la vitesse de chaque particule de l'univers à un instant donné, pourrait, selon lui, prédire l'avenir avec une précision absolue, illustrant ainsi une confiance totale dans le déterminisme scientifique. 2. La causalité joue un rôle central dans la démarche scientifique, fondée sur la recherche de causes et d'effets.

Cette approche remonte à Aristote, qui distingue quatre types de causes : matérielle, formelle, efficiente et finale, chacune contribuant à une explication complète des phénomènes.

La science moderne s'appuie sur des expériences répétables pour tester et valider des théories, en cherchant à prédire les résultats expérimentaux de manière fiable.

Ce processus est conforme au modèle hypothético-déductif de Karl Popper, qui insiste sur la falsifiabilité des hypothèses comme critère de scientificité, garantissant ainsi que les théories restent robustes face à des tests empiriques rigoureux. 3. Les succès du déterminisme scientifique sont évidents dans les avancées technologiques et industrielles qui en découlent.

Des inventions comme le moteur à vapeur ou les prévisions météorologiques reposent sur des modèles déterministes, démontrant la capacité de la science à prédire et à contrôler les phénomènes naturels.

Cette prévisibilité a permis des réalisations pratiques majeures, telles que le lancement de satellites pour la communication et l'observation de la Terre, ainsi que le développement de la médecine prédictive, qui utilise des données pour anticiper et traiter des maladies.

Ces exemples illustrent comment les principes déterministes ont conduit à des innovations significatives et à une maîtrise accrue de notre environnement. TR : Si la science s’est à l’origine fondée sur des principes déterministes, toutes les sciences n’y correspondent pas forcément : les sciences modernes et les sciences humaines introduisent des éléments d’incertitude et d’indétermination. II.

Mais, la science moderne et les sciences humaines introduisent des éléments d'incertitude et d'indétermination 1. Les limites du déterminisme en physique moderne sont illustrées de manière frappante par la mécanique quantique et la théorie du chaos.

Le principe d'incertitude d'Heisenberg, central à la mécanique quantique, affirme qu'il est fondamentalement impossible de connaître simultanément avec précision la position et la vitesse d'une particule.

Cette indétermination n'est pas due à des limitations technologiques, mais à une propriété intrinsèque de la nature.

Parallèlement, la théorie du chaos, popularisée par Edward Lorenz, révèle que des systèmes dynamiques peuvent être extrêmement sensibles aux conditions initiales, un phénomène souvent illustré par l'effet papillon où de petites variations dans les conditions de départ peuvent conduire à des différences significatives et imprévisibles à long terme.

Ces concepts montrent que même des systèmes simples peuvent échapper à toute prévision déterministe, soulignant les frontières entre ordre et désordre et remettant en question l'idée d'un univers entièrement prévisible. 2. Les défis posés par les sciences humaines résident dans la complexité et l'imprévisibilité des comportements humains.

Wilhelm Dilthey met en lumière cette distinction en différenciant les sciences de l'esprit (Geisteswissenschaften), qui se concentrent sur l'interprétation des significations et des expériences humaines, des sciences de la nature (Naturwissenschaften), qui recherchent des lois universelles et prévisibles.

Cette distinction souligne que les sciences humaines doivent aborder des phénomènes imprévisibles et multiformes.

De plus, le rôle du libre arbitre et des facteurs contextuels, culturels et historiques complique davantage la tâche.

Max Weber, dans sa sociologie compréhensive, insiste sur l'importance des motivations subjectives et des contextes individuels, soulignant que les actions humaines ne peuvent être entièrement expliquées par des lois universelles.

Weber montre que pour comprendre les phénomènes sociaux, il faut tenir compte des significations que les individus attribuent à leurs actions et des contextes dans lesquels elles se déroulent.

Ces éléments démontrent que les sciences humaines ne peuvent s'appuyer sur un déterminisme strict, nécessitant plutôt une approche flexible et contextuelle pour appréhender la richesse et la diversité des comportements humains. 3. L'indétermination et la probabilité jouent un rôle crucial dans de nombreuses disciplines scientifiques. En physique statistique et en biologie, par exemple, les modèles probabilistes permettent de formuler des lois en termes de probabilités plutôt que de certitudes absolues.

Jacques Monod, dans "Le Hasard et la Nécessité", illustre comment le hasard et les fluctuations statistiques sont fondamentaux pour les processus biologiques, soulignant que l'évolution repose sur des mutations aléatoires et la sélection naturelle.

Cette approche probabiliste s'étend également aux sciences sociales, où l'acceptation de l'incertitude est essentielle.

Pierre Bourdieu, avec son concept d'habitus, montre comment les comportements et les pratiques sociales sont influencés par des structures sociales et des conditions historiques spécifiques, tout en étant partiellement imprévisibles.

Bourdieu explique que les régularités sociales émergent de.... »

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