La rigueur d'un raisonnement suffit-elle pour garantir la vérité ?
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Définition des termes du sujet:
RAISONNEMENT : Suite articulée de pensées tirant certaines propositions de certaines autres, au moyen de règles
(implicites ou explicites).
Les deux grands types de raisonnements sont :
1) l'induction, qui passe du particulier au général (par exemple, tirer une loi générale à partir de l'observation d'un certain
nombre de cas particuliers), et qui est une sorte de généralisation ;
2) la déduction, qui passe du général au particulier, c'est-à-dire qui tire les conséquences nécessaires de certaines
données (par exemple, déduire une observation possible d'une loi physique).
Seule la déduction est un raisonnement démonstratif, c'est-à-dire ayant une nécessité logique interne.
La conclusion du
raisonnement inductif n'est pas une conséquence nécessaire.
Vérité
La vérité concerne l'ordre du discours, et il faut en cela la distinguer de la réalité.
Elle se définit traditionnellement comme
l'adéquation entre le réel et le discours.
Qualité d'une proposition en accord avec son objet.
La vérité formelle, en logique, en mathématiques c'est l'accord de
l'esprit avec ses propres conventions.
La vérité expérimentale c'est la non-contradiction de mes jugements, l'accord et
l'identification de mes énoncés à propos d'un donné matériel.
On distinguera soigneusement la réalité qui concerne un
objet (ce cahier, cette lampe sont réels) et la vérité qui est une valeur qui concerne un jugement.
Ainsi le jugement : « ce
cahier est vert » est un jugement vrai ou bien un jugement faux.
La vérité ou la fausseté qualifient donc non l'objet luimême mais la valeur de mon assertion.
La philosophie, parce qu'elle recherche la vérité, pose le problème de ses conditions d'accès et des critères du jugement
vrai.
Introduction
Il est classique, depuis Platon, de critiquer les apports des sens dans la quête de la vérité.
Puisque le recours à l'empirique
a si mauvaise réputation, on peut être tenté de faire uniquement confiance aux capacités de l'esprit, pour considérer par
exemple que la vérité est garantie dès lors que le raisonnement utilisé pour l'élaborer est rigoureux.
Mais cela suffit-il
vraiment ?
I- Le raisonnement rigoureux
A.
Le syllogisme
Modèle classique de la déduction bien menée : la conclusion est la seule proposition qui puisse être issue des prémisses.
Mais on sait que la vérité d'un syllogisme est purement formelle, c'est-à-dire vide, totalement indépendante du contenu
apparent de ses propositions.
B.
Des résultats déroutants
Un syllogisme rigoureux (formellement vrai) peut être empiriquement absurde, sinon choquant.
Exemple : Tous les hommes
défendant certaines qualités de l'humanité de préférence à d'autres sont des humanistes.
Hitler a défendu certaines
qualités de l'humanité de préférence à d'autres.
Donc Hitler est un humaniste.
On peut avoir du mal, même si l'on sait qu'il
convient de faire abstraction du contenu, à ne pas en tenir compte...
C.
Échec de la science déductive
Pour Aristote, la connaissance peut négliger l'empirique et se fier entièrement aux
capacités déductives de la raison.
Résultat : des théories fausses, par exemple en
astronomie ou en physique.
Aristote est pourtant le théoricien du syllogisme et celui
qui en repère toutes les figures possibles.
C'est qu'il peut (comme tout le monde)
raisonner correctement à partir de prémisses dénuées d'intérêt scientifique, en
oubliant que la rigueur du raisonnement peut aller de pair avec des propositions
absurdes.
II - Vérité formelle, vérité empirique
A.
Domaine de la vérité formelle
C'est celui des disciplines logico-mathématiques, c'est-à-dire celles qui ne « disent »
rien de la nature et élaborent des systèmes de relations « vides », susceptibles
d'être utilisés comme « langage » par les sciences de la nature.
B.
Complexité de la vérité empirique
Pour élaborer, dans les « sciences du réel », des vérités empiriques, c'est-à-dire où
les propositions importent, non seulement par la rigueur de leurs enchaînements,
mais aussi par ce qu'elles énoncent à propos de la nature, il est nécessaire d'ajouter
aux exigences logiques des exigences spécifiques, concernant notamment
l'élaboration du langage que l'on utilise et la correspondance de ses symboles avec
des données expérimentales.
C.
Incidence des techniques
Dans les quatre temps du raisonnement expérimental tel que l'analyse classiquement Claude Bernard, on constate que
l'observation et
l'expérimentation dépendent des techniques (notamment de mesure) dont on dispose.
Un perfectionnement de ces
techniques peut donc entraîner une modification du raisonnement et de la loi qui en dépend..
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