Aide en Philo

La responsabilité morale et politique envers autrui ?

Extrait du document

« On pourrait pourtant objecter que la morale s'accomplit, elle, dans une pure relation de soi à soi.

Est moral, dira Kant , un acte dont l'intention est morale.

La moralité d'une action paraît donc se décider au seul niveau d'une disposition intérieure, d'un rapport intime de soi à soi, où je choisis de faire ceci pour telle ou telle raison.

Kant distingue la «moralité» d'un acte de sa «légalité» (simple conformité extérieure à un système de lois en vigueur(. Mais mon action, même si j'en fais le choix dans l'intimité d'une volonté fondatrice, n'est précisément morale que si elle s'opère en prenant en compte l'humanité tout entière: est immorale l'action dont je décide qu'elle n'est bonne que pour moi seul. On ne peut enfin discuter l'importance d'autrui dans le cadre d'une vie sociale et politique puisqu'ici c'est cette relation à l'autre, prise pour elle-même, qui constitue le principal enjeu.

La simple notion de projet politique inclut cette référence: il se pense comme élaboration de rapports sociaux déterminés entre les hommes.

Le concept d'égalité* renvoie aussi immédiatement à autrui.

Cet équilibre proclamé entre moi et les autres pose pourtant problème: à quel niveau situer l'égalité*? Au niveau des droits fondamentaux ou des richesses matérielles? Peut-elle être autre chose qu'une exigence sans sombrer dans la terreur du conformisme? Peut-on concilier cette revendication avec le droit à la différence* ? Ou même avec la liberté? Puis-je, à ce propos, poser ma liberté sans m'opposer à celle de l'autre ? Mais que serait la liberté du solitaire ? On pourrait enfin penser que le champ économique, pour sa part, est beaucoup moins concerné par notre problématique : car après tout, dans cette circulation des richesses, ces variations de prix, on a peut-être le pur jeu de lois objectives.

Pourtant le simple acte d'échange, la transaction économique la plus élémentaire, qui sont à la base du marché, comportent un rapport déterminé à l'autre où s'élabore peut-être même quelque chose comme le respect* d'autrui.

Alain, dans un beau texte, le rappelle à propos: « L'échange crée des liens forts.

L'activité de la plupart des hommes se passe en marchandages.

Et, quoique marchands et acheteurs semblent vouloir se tromper les uns les autres, l'un feignant de n'être pas pressé de vendre et l'autre de n'avoir pas besoin d'acheter, on se tromperait beaucoup en considérant comme une sorte de vol l'opération heureuse qu'ils espèrent l'un et l'autre.

Le vol et le voleur sont parfaitement définis par l'acte de prendre le bien d'un homme sans qu'il y consente, soit qu'il ignore, soit qu'il y soit forcé.

Au contraire c'est le consentement qui détermine le marché.

Et le consentement se donne presque partout selon des formes; je ne vois point que les plus rusés marchands discutent jamais là-dessus. » « Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu puisses vouloir en même temps qu'elle devienne loi universelle.

» Les plus anciens travaux de KANT portent la marque de son intérêt pour la morale.

Devenu professeur ordinaire de métaphysique et de logique le 31 mars 1770, Kant projette d'achever, au cours de l'hiver, ses recherches sur la morale.

Cependant, les deux années suivante, il ne réussit qu'à rassembler des matériaux et à esquisser un plan. Absorbé par la mise au point de la « Critique de la raison pure » qui ne sera publiée qu'en 1781, Kant ajourne son projet. Ce n'est qu'en avril 1785 que paraît, à Riga, « Fondements de la métaphysique des moeurs ».

C'est le premier ouvrage dans lequel Kant traite de manière directe de la morale.

Un exposé plus élaboré, plus philosophique, cad authentiquement critique, paraîtra en 1788 : la « Critique de la raison pratique ».

La réflexion morale se prolongera dans la « Critique de la faculté de juger » (1790), « La religion dans les limites de la simple raison » (1790, jusqu'à l' « Anthropologie » (1798). Dans « Fondements de la métaphysique des moeurs », Kant cherche à donner à la moralité son véritable fondement. Dans cette perspective, il récuse toutes les doctrines de l'Antiquité qui rattachent la morale au principe du bonheur..

Lié à la satisfaction d'inclinations sensibles (besoins, désirs, passions, tendances), aux possibilités qu'offrent la nature et la société, le bonheur dépend de conditions qui sont relatives et ne peut donc servir de loi universelle ni être le principe déterminant de la morale.

Plus généralement, Kant rejette la prétention de l'empirisme moral qui veut que l'homme ne puisse agir qu'en fonction de principes relatifs à l'expérience, de telle sorte qu'il n'y aurait que des morales relatives, variant suivant les moeurs, les lieux, les époques.

Selon lui, il n'y a de morale que du devoir. Et comme l'homme, n'ayant pas une volonté sainte, n'agit pas nécessairement par devoir, la loi morale ne peut prendre que l'aspect d'un commandement.

D'où l'impératif absolu & inconditionnel que Kant formule dans la deuxième section de son ouvrage : « Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu puisses vouloir en même temps qu'elle devienne loi universelle.

» L'intelligence, la vivacité, le jugement (talents de l'esprit) ; le courage, la décision, la persévérance dans les desseins (qualités du tempérament) ; le pouvoir, la richesse, la considération et même la santé (dons de la fortune). »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles