La religion n'est-elle qu'une consolation infantilisante ?
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La religion est l’ensemble des discours, des représentations et des pratiques émanant d’une révélation donnée qui a pour fonction de relier l’ici bas et l’au-delà, le visible et l’invisible. Une consolation est l’opération par laquelle on compense la perte d’un objet par un autre approximativement équivalent : par exemple, la perte de la peluche est compensée par un tour de manège pour l’enfant malheureux. Si ce qui est infantile Est-ce est propre à l’enfance, ce qui est infantilisant Est-ce qui fait revenir l’adulte à l’enfance qu’il a quittée ( c’est la raison pour laquelle cet adjectif est péjoratif).
Si l’on fait crédit au discours religieux lui-même, loin de se réduire à une consolation infantilisante, la religion nous propose un prisme herméneutique qui nous permet de rendre compte de notre existence et de nous rendre responsables de nos choix. Toutefois la religion n’est un discours qui donne sens à l’existence que si l’on se situe déjà à l’intérieur de la croyance. Or dans la mesure où la croyance est une adhésion subjective, on peut s’interroger sur les raisons qui conduisent à conduire un individu à ce type de discours nous pouvons alors soupçonner la religion de s’édifier sur les déficiences du sujet humain qu’elle aurait pour mission de compenser.
Dans la mesure où l’homme est dans l’univers abandonné à son état de détresse existentielle et à une mort assurée, la religion peut être comprise comme une pratique destinée à rendre supportable la réalité en revenant à une situation enfantine d’irresponsabilité face à sa vie. En ce sens, la religion ne serait qu’une consolation infantilisante dont il faudrait s’arracher pour devenir enfin des hommes responsables de leur vie. Toutefois il importe de remarquer que faire débuter la psychogénèse de la religion à partir d’un état de détresse amène nécessairement à la penser sous un mode régressif et péjoratif. Or il faut peut-être revenir à la foi elle-même comme essence de la religion pour la comprendre à partir d’elle-même et en elle-même plutôt que de succomber aux facilités de la réduction : la foi véritable se passe du désir de consolation comme du désir de récompense
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Introduction
La religion est l'ensemble des discours, des représentations et des pratiques émanant d'une révélation donnée qui a
pour fonction de relier l'ici bas et l'au-delà, le visible et l'invisible.
Une consolation est l'opération par laquelle on
compense la perte d'un objet par un autre approximativement équivalent : par exemple, la perte de la peluche est
compensée par un tour de manège pour l'enfant malheureux.
Si ce qui est infantile Est-ce est propre à l'enfance, ce
qui est infantilisant Est-ce qui fait revenir l'adulte à l'enfance qu'il a quittée ( c'est la raison pour laquelle cet
adjectif est péjoratif).
Si l'on fait crédit au discours religieux lui-même, loin de se réduire à une consolation infantilisante, la religion nous
propose un prisme herméneutique qui nous permet de rendre compte de notre existence et de nous rendre
responsables de nos choix.
Toutefois la religion n'est un discours qui donne sens à l'existence que si l'on se situe
déjà à l'intérieur de la croyance.
Or dans la mesure où la croyance est une adhésion subjective, on peut s'interroger
sur les raisons qui conduisent à conduire un individu à ce type de discours nous pouvons alors soupçonner la
religion de s'édifier sur les déficiences du sujet humain qu'elle aurait pour mission de compenser.
Dans la mesure où l'homme est dans l'univers abandonné à son état de détresse existentielle et à une mort assurée,
la religion peut être comprise comme une pratique destinée à rendre supportable la réalité en revenant à une
situation enfantine d'irresponsabilité face à sa vie.
En ce sens, la religion ne serait qu'une consolation infantilisante
dont il faudrait s'arracher pour devenir enfin des hommes responsables de leur vie.
Toutefois il importe de remarquer
que faire débuter la psychogénèse de la religion à partir d'un état de détresse amène nécessairement à la penser
sous un mode régressif et péjoratif.
Or il faut peut-être revenir à la foi elle-même comme essence de la religion pour
la comprendre à partir d'elle-même et en elle-même plutôt que de succomber aux facilités de la réduction : la foi
véritable se passe du désir de consolation comme du désir de récompense
I La religion ne peut se réduire à une consolation infantilisante dans la mesure où elle est d'abord un
schème herméneutique qui nous permet de comprendre notre existence et nous rendre responsables de
notre choix.
_ La religion se présente d'abord comme un ensemble de textes issu d'une révélation donnée et qui prétend nous
renseigner sur l'origine de notre être : toute religion comporte ce que l'on pourrait appeler une anthropogenèse,
c'est à un discours sur la naissance de l'homme dans le monde.
Ainsi elle désigne un schème herméneutique, c'està-dire un axe de lecture du monde qui propose une interprétation de l'existence humaine et de son état actuel.
Nous pouvons ainsi faire le constat contradictoire en nous de la grandeur et de la misère de l'homme.
Différents
discours privilégient l'une ou l'autre dimension à l'exclusion de l'autre, mais ce qui nous importe, c'est de produire un
discours qui rende compte de la contradiction elle-même inhérente à l'existence humaine.
Selon Pascal au fragment
149 de ses Pensées, seule la religion chrétienne parvient à rendre compte de cette étrangeté : « les grandeurs et
les misères de l'homme sont tellement visibles qu'il faut nécessairement que la véritable religion nous enseigne et u'il
y a quelque grand principe de grandeur en l'homme et qu'il y a un grand principe de misère.
Il faut encore qu'elle
nous rende raison de ces étonnantes contrariétés.
».
Ainsi comme le souligne le fragment 12, la religion est un
discours qui ne s'oppose pas à la raison pour nous informer de ce que nous sommes : « les hommes ont mépris pour
la religion.
Ils en ont haine et peur qu'elle soit vraie.
Pour guérir cela, il faut commencer par montrer que la religion
n'est pas contraire à la raison (…) vénérable parce qu'elle a bien connu l'homme ».
_ La religion est un schème herméneutique qui propose une interprétation de l'état actuel de l'homme.
Nous allons
étudier le fragment 148 dans cette perspective : si tous les hommes désirent être heureux, comment expliquer que
leur recherche du bonheur les voue au malheur ? Et si leur recherche les voue au malheur, comment expliquer qu'ils
n'y renoncent pas ? Voici l'explication issue de la Bible : l'homme n'est plus dans le même état que celui de sa
création, c'est-à-dire que l'homme a été corrompu par le péché originel.
« Qu'est-ce donc que nous crie cette
avidité et cette impuissance sinon qu'il y a eu autrefois un véritable bonheur dont il ne lui reste maintenant que la
marque et la trace toute vide ».
Qu'est-ce à dire ? Avant la chute résultant du péché originel, Adam et Eve
jouissaient d'un véritable bonheur dans leur communauté avec Dieu.
Aussi notre « avidité » à rechercher le bonheur
témoigne de cette première nature d'avant le péché qui reste encore en nous, mais vidée de toute substance et
réduite à l'état de marque ou de trace, signes d'un autre temps qu'on pourrait appeler le temps prélapasaire (le
temps d'avant le péché).
Notre « impuissance » à trouver le bonheur provient quant à elle du péché lui-même qui
nous a privé de la présence de Dieu.
En effet suite au péché, Dieu Pascal s'est caché aux yeux des hommes de
manière à ce que seuls les véritables croyants puissent le voir.
Ainsi la présence de Dieu dans notre âme faisait
notre bonheur à l'état prélapsaire; à l'état postlapasaire, c'est à dire le temps d'après la chute, il ne nous reste plus
de ce bonheur que la trace et le vague souvenir d'une plénitude désormais absente.
Par conséquent la raison de la
contradiction entre l'avidité et l'impuissance réside dans la superposition en l'homme de deux natures : une première
nature crée par Dieu et faite pour le bonheur et une seconde nature corrompue et déchue.
L'homme est constitué
en son être même par deux temporalités distinctes et antithétiques.
_ La religion est un discours moral qui propose une voie pour s‘arracher au malheur : « aimable parce qu'elle promet
le vrai bien ».
En ce sens, elle est une action réelle, plus qu'une consolation passive et elle ne peut être considérée
comme infantilisante dans la mesure où elle nous met dans la nécessité de choisir notre vie.
En effet l'homme a été
corrompu, mais l'ancienne nature dort encore lui et il est possible de la réveiller en se convertissant et en appelant
la grâce sur lui.
Il s'agit de désencombrer le chemin pour se mettre en état de recevoir la foi, et ainsi de retrouver la
présence perdue de Dieu.
S'il n'y a de bien en cette vie que dans l'espérance d'une autre, ce n'est pas là la
motivation pour fonder une religion.
Mais c'est d'abord parce qu'il y a un au-delà de la vie terrestre que la misère qui
lui est liée nous est envoyée par Dieu pour nous rappeler cet au-delà promis.
Ainsi puisque il en va de l'immortalité.
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