La religion est-elle une illusion rassurante ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet et dégagement de la problématique
●
Le terme clef du sujet est celui d'illusion.
Il appartient au vocabulaire de la philosophie de la
connaissance.
Cette branche de la philosophie pose la question de la certitude : à quelles conditions une
opinion, une thèse, une proposition, une pensée, peuvent-elles être tenues pour vraies et certaines? C'est à
la certitude du savoir, que le sujet demande de confronter la religion.
Or, plus précisément, l'illusion dénonce,
avec la fausseté de son contenu, le mode sur lequel celui-ci est reçu.
Une illusion est en ainsi une erreur de
perception ou de jugement, résidant dans le fait que celui qui y succombe est trompé par une apparence.
Ce que questionne le sujet est la religion.
Il semble bien difficile d'en donner une définition a priori, au vu de
la multiplicité des formes empiriques qu'elle a pu emprunter.
Ainsi, certaines sont monothéistes, d'autres
polythéiste; les rapports à Dieu ou au divin qu'on peut y relever sont de natures très diverses; de même pour
les pratiques induites.
On parle dans certains cas de foi, dans d'autres de sentiment religieux.
Ce que le sujet
amène à questionner, c'est donc le fait de la religion, dans toute sa permanence, toute son insistance, et
dans la diversité des visages qu'elle peut avoir.
C'est là un fait anthropologique, une donnée de l'homme : il
nous faut l'interpréter et, par là, en unifier le contenu.
Il nous faut enfin examiner l'association nom-adjectif qualificatif : « illusion rassurante ».
En effet, une
démarche argumentative visant à montrer, par exemple, que la religion est une illusion mais que celle-ci n'est
pas rassurante, passerait complètement à côté du sujet.
Définir la religion comme une illusion rassurante a
une signification anthropologique forte, repose sur un agencement conceptuel, qu'il s'agit précisément de
mettre au jour, puis en question.
L'illusion est une clef épistémologique que le sujet nous propose pour définir
la nature de la religion, par laquelle cette dernière serait une déformation ou une imperfection face au savoir.
L'expression d'illusion rassurante y ajoute une clef herméneutique, visant à identifier la cause de cette illusion
comprise comme erreur devant l'apparence.
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Des difficultés se présentent immédiatement.
En effet, quelle faculté une illusion pourrait-elle tromper en
vertu de son apparence rassurante? C'est une crainte qu'on rassure, une inquiétude.
Or, il s'agit là
d'affections de la conscience.
On ne saurait en localiser le siège dans telle ou telle faculté en particulier,
comme la perception, la mémoire ou l'entendement.
C'est le tout de l'homme que ces affections atteignent :
la raison dans ses limites et incertitudes, l'imagination dans sa capacité à représenter d'éventuelles affres
futures, etc.
Il nous faut donc trouver une caractérisation fondamentale de la religion qui en désigne le siège
central en l'homme.
Il apparaît d'emblée qu'il s'agit de la foi.
Nous pouvons alors reformuler ainsi la question
du sujet : les troubles au sujet desquels nous aimerions être rassurés expliquent-ils entièrement le
surgissement de la foi? Répondre positivement reviendrait bien à faire de la religion une illusion : un tel
surgissement va contre toutes les prudences de la raison; dans la mesure où la religion est porteuse
d'affirmations et d'injonctions, celles-ci seraient, aux yeux des critères de vérité de la raison pure et de la
raison pratique, des illusions.
Mais cela a-t-il bien un sens de juger la foi à l'aune de critères rationnels?
Cette question vaut pour les deux domaines que sont la connaissance et l'action.
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Nous nous trouvons donc devant un double problème.
Tout d'abord, il nous fait comprendre le
surgissement de la foi : qu'est-ce qui la rend possible? Dans quel rapport la foi nous fait-elle entrer avec ses
affirmations et injonctions? En cherchant des réponses à ces questions, il nous faudra sans cesse rapporter
la foi à l'expérience religieuse : son objet (Dieu, le divin) et ses manifestations (culte, choix éthiques).
Ayant accompagné le surgissement de la foi et déterminé son fondement, nous serons à même de la
comparer aux exigences de la raison, aux critères du savoir vrai et du savoir incertain.
Nous pourrons ainsi la
rapporter au tout de l'homme, à sa condition existentielle, et mesurer le sens du choix religieux.
Proposition de plan
I Dans quel rapport la religion nous fait-elle entrer avec son objet?
Emile DURKHEIM Cours sur les origines de la vie religieuse
« La notion de faits religieux suppose à sa base une classification des choses en deux groupes : le sacré et le
profane.
Mais comment définir le sacré ? Est-ce par le caractère de supériorité, de dignité exceptionnelle des choses
sacrées ? Nullement ; car tous les êtres sacrés ne sont pas également respectables ni respectés ; le nègre ne se
gêne pas pour battre son fétiche, et certaines peuplades sauvages usent de procédés violents pour obtenir du dieu
ce qu'ils lui demandent.
- En fait, le sacré ne se définit que par son opposition avec le profane cette opposition est,
en effet, d'un genre tout particulier elle est absolue et telle qu'aucune autre ne peut lui être comparée.
Cette
hétérogénéité radicale se traduit par des signes spéciaux : parce que nous sommes habitués à concevoir dans notre
esprit un vide logique entre le sacré et le profane, nous éprouvons une insurmontable répugnance à penser qu'ils
puissent se trouver en contact d'une manière quelconque ; et de là résulte toute la série des interdictions de
contact direct entre eux, ces interdictions s'étendant plus ou moins loin selon l'intensité du caractère sacré des
choses que l'on considère : interdiction du contact matériel, du contact par le regard, ou par la parole (silence
religieux) ; interdiction de les mêler dans le temps, ou même de les rapprocher par la pensée ..
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