la religion est elle une aliénation pour le bonheur de l'homme?
Extrait du document
«
INTRODUCTION
La formulation du problème n'est pas évidente.
La question pourrait être reformulée ainsi : la religion est-elle
un obstacle au bonheur de l'homme en tant qu'elle est une aliénation ? Ce qu'il s'agit ici d'interroger est le
rapport entre la religion et le bonheur de l'homme ici-bas.
La religion fait résider le bonheur dans l'espérance
d'une vie après la mort, l'état de plénitude auquel tend l'homme ne serait donc pas accessible ici bas mais
dans l'au-delà.
Est-ce que cette conception du bonheur rend son accession ici et maintenant impossible ?
Pour répondre à ce problème nous analyserons trois hypothèses.
La première envisage la vie après la mort
comme étant le seul lieu possible de notre bonheur.
La deuxième souligne les limites de la religion, concernant
l'espérance du bonheur après la mort, et les conséquences d'une telle conception.
Enfin la troisième partie
aura pour but de formuler une hypothèse conciliant la religion avec l'idée d'un bonheur actuel.
PLAN DETAILLE
Première partie : Il n'y a de bonheur qu'après la mort.
1.1 Le bonheur ou la délivrance de l'âme.
L'union de l'âme au corps est considérée comme étant un obstacle au bonheur de l'homme.
« Il semble que la
mort soit un raccourci qui nous mène au but, puisque, tant que nous aurons le corps associé à la raison dans
notre recherche et que notre âme sera contaminée par un tel mal, nous n'atteindrons jamais complètement
ce que nous désirons et nous disons que l'objet de nos désirs, c'est la vérité.
Car le corps nous cause mille
difficultés par la nécessité où nous sommes de le nourrir ; qu'avec cela des maladies surviennent, nous voilà
entravés dans notre chasse au réel.
Il nous remplit d'amours, de désirs, de craintes, de chimères de toute
sorte, d'innombrables sottises, si bien que, comme on dit, il nous ôte vraiment et réellement toute possibilité
de penser.
» PLATON, Phédon, 66a-b.
1.2 La récompense dans un monde futur.
Le bonheur est l'objet d'une espérance, d'un point de vue religion il ne
peut être atteint que dans le monde futur.
« En ce qui concerne
l'attente très naturelle à l'homme sous le rapport du bonheur, d'un sort
en conformité avec la conduite morale, étant donné surtout qu'il a dû
faire tant de sacrifices en fait de bonheur, au profit de cette conduite,
il promet en retour la récompense d'un monde futur ; mais selon la
diversité des intentions qui inspirent cette conduite le prix de ceux qui
firent leur devoir à cause de la récompense (ou pour être exonérés
d'un châtiment mérité) différera du prix réservé aux hommes de
meilleure volonté qui ont fait leur devoir pour l'amour du devoir
même.
» KANT, La religion dans les limites de la simple raison.
1.3 Il est vain de rechercher le bonheur ici-bas.
La recherche du bonheur ici-bas est vouée à l'échec.
« D'abord,
comment se fier aux succès et aux bonheurs chancelants de la vie ?
Une chaîne n'est pas plus forte que son anneau le plus faible : or la vie
la plus prospère est entrecoupée de maladies, de dangers, de
désastres.
A l'improviste, au sein même de la volupté, quelque chose
d'amer, jaillit en nous, comme le dit le vieux poète : un écoeurement,
une tristesse subite, qui est la mort du plaisir ou qui en sonne le glas ;
si fugitif que puisse être ce dégoût, on sent bien qu'il vient des profondeurs de l'âme ; souvent c'est comme
un éclair qui nous montre, avec une effrayante certitude, le fond des choses.
» William JAMES, Les formes
multiples de l'expérience religieuse.
Transition : La religion ne semble pas entrer en contradiction avec le bonheur de l'homme.
Au contraire il
semble qu'il n'y ait de bonheur possible qu'après la mort.
Cette conception semble avoir des conséquences
néfastes pour l'individu.
Deuxième partie : La religion ou l'illusion d'un bonheur après la mort au détriment du bonheur icibas.
2.1 Le bonheur se conjugue au présent.
L'instant est au coeur de la doctrine éthique stoïcienne.
La plénitude accompagne la réalisation de l'action ici
et maintenant.
« Or, pas plus que dans la connaissance l'autonomie du sage ne pouvait se passer d'un objet,
et d'un objet donné dans le présent, la vertu plénière ne saurait manquer de matière apportée par telle
« occasion » singulière et présente, mais où cependant, la vertu s'exprime et se manifeste dans sa totalité.
»
GOLDSCHMIDT, Le système stoïcien et l'idée de temps..
»
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