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La religion est-elle une aliénation ?

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« VOCABULAIRE: RELIGION Étymologie discutée.

Cicéron fait dériver le mot du latin relegere qui s'oppose à neglegere comme le soin et le respect s'opposent à la négligence et à l'indifférence.

D'autres font dériver le mot de religare: La religion est avant tout le lien qui rattache l'homme à la divinité : «La religion consiste dans un sentiment absolu de notre dépendance.» (Schleiermacher).

La religion c'est le sentiment que l'homme ne s'est pas donné lui-même l'existence, qu'il dépend d'un Être qui le dépasse infiniment.

Sociologiquement, les religions sont les divers cultes organisés (avec leurs dogmes et leurs rites) pour rendre hommage à Dieu. Aliénation Du latin alienus, « étranger », de alius, « autre ».

En droit, désigne le fait de donner ou de vendre.

C'est le sens qu'utilise Rousseau dans Le Contrat social. Pour Hegel, Feuerbach et Marx, l'aliénation est le processus par lequel un individu est dépossédé de ce qui le constitue au profit d'un autre, ce qui entraîne un asservissement. La religion a pour fonction de proposer une explication du monde, et notamment de ses origines.

Les fictions qu'elle crée éclairent l'homme sur lui-même et sur l'univers dans lequel il vit, ce qui peut apparaître comme une libération, puisque l'homme leur confère un sens et fait plus que constater simplement leur existence.

Dans l'histoire de l'intelligence humaine, la religion a permis de donner à l'homme une première explication des phénomènes. Cependant, ce recours de la religion aux fictions a pu entraîner sa condamnation : ces fictions peuvent être considérées et dénoncées comme des mensonges.

Ces mensonges sont, en outre, susceptibles d'entraîner la superstition, d'encourager l'ignorance et la crainte, ce que la philosophie et la science ont dénoncé, particulièrement au xviiie siècle.

La religion entretient illusions et mystifications, et empêche l'homme de percevoir le monde tel qu'il est.

Elle console l'homme de sa misère sociale, entretient l'aliénation en affirmant que Dieu a voulu le monde tel qu'il est et que l'homme trouvera la félicité après la mort. CRITIQUE DE L'ILLUSION RELIGIEUSE. A) La religion comme aliénation de l'essence humaine. La religion s'enracine dans le sentiment du sacré.

Mais dans la société moderne, depuis le triomphe de la bourgeoisie, il semble que ce sentiment du sacré se soit évanoui ou ait été perverti.

Feuerbach est l'un des premiers philosophes à avoir pris toute la mesure du caractère profane de notre société.

Il reconnaît que les hommes se sont si bien « appropriés » « le vrai », « l'humain » et « l'antisacré » que le « christianisme a perdu toute force de résistance ».

Le christianisme, écrit-il, « est nié », « nié dans l'esprit et le cœur, dans la science et la vie, dans l'art et l'industrie, radicalement, sans appel ni retour » : « L'incroyance a remplacé la foi, la raison la Bible, la politique la religion et l'Eglise, la terre a remplacé le ciel, le travail la prière, la misère matérielle l'enfer, l'homme a remplacé le chrétien ».

Et, ajoute Feuerbach, « si dans la pratique l'homme a remplacé le chrétien, il faut alors que dans la théorie aussi l'être humain remplace l'être divin ».

Ce qui signifie que la philosophie doit cesser d'être « théologie » pour devenir « anthropologie ».

Dans « L'essence du christianisme », Feuerbach montre que, dans la religion, l'homme est aliéné, cad dépossédé de lui-même, de sa propre essence.

La religion n'est jamais que le mystère de l'homme fait Dieu.

Autrement dit, ce ne sont jamais que ses propres perfections et ses propres attributs que l'homme adore en Dieu.

L'homme s'est ainsi dépouillé de son être pour l'attribuer à une réalité étrangère, Dieu : « Pour enrichir Dieu, l'homme doit s'appauvrir ; pour que Dieu soit tout, l'homme doit n'être rien » (« L'essence du christianisme ») La religion est « la première conscience de soi de l'homme, mais elle est indirecte ».

En elle, l'homme « a pour objet son propre être sous forme d'un autre être ».

La religion chrétienne est « la relation de l'homme à lui-même, ou plus exactement à son essence, mais à son essence comme à un autre être ».

Aussi la tâche de la philosophie est-elle de faire reconnaître à l'homme sa propre essence au lieu qu'il adore en un autre être, nommé Dieu.

Pour Feuerbach, il y a du divin, car le savoir ou l'amour sont choses divines mais il n'y a pas de Dieu.

Il peut donc exister une religion sans Dieu. Le véritable athée est seulement « celui pour lequel les prédicats de l'être divin, comme par exemple l'amour, la sagesse, la justice, ne sont rien, et non pas celui pour lequel seul le sujet de ces prédicats n'est rien ».

Il ne suffit donc pas de nier l'existence de Dieu ou « le sujet de ces prédicats » pou être athée, il se propose seulement de renverser la théologie en intervertissant le sujet et le prédicat : au lieu de dire « Dieu est sage et bon », il dit « l'homme est sage et bon ».

Feuerbach substitue donc à la religion de Dieu celle de l'homme.

Autrement dit, l'homme doit adorer en lui-même les qualités qu'aucun individu ne peut sans doute réaliser entièrement, mais qui sont cependant celles de l'espèce humaine. Réaliser l'essence humaine est l'affaire de la politique.

Cette finalité est en son fond religieuse, puisqu'il s'agit d'actualiser tout ce qu'il y a de possibilité divine en l'homme : « Il nous faut redevenir religieux, il faut que la politique devienne notre religion.

». »

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