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La relation fondamentale avec autrui est-elle l'imitation, la sympathie, ou le conflit ?

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« VOCABULAIRE: SYMPATHIE: Du grec, sun-pathein: éprouver avec.

Participation aux sentiments d'autrui. CONFLIT (n.

m.) Violente opposition matérielle (conflit social), morale (conflit des devoirs) ou rationnelle (KANT : conflit de la raison avec elle-même) ; contrairement à la concurrence, le conflit suppose divergence de but entre les protagonistes. AUTRE / AUTRUI : 1) Comme Adjectif, différent, dissemblable.

2) comme Nom, toute conscience qui n'est pas moi.

3) Autrui: Tout homme par rapport à moi, alter ego: "Autrui, c'est l'autre, c'est-à-dire ce moi (ego) qui n'est pas moi (alter)." (Sartre).

Les autres hommes, mon prochain.

C'est à la fois l'autre et le même (mon semblable, un moi autre, une personne). Selon Husserl, dans la cinquième Méditation cartésienne, autrui est un alter ego.

Autrement dit, il est autre que moi, mais, dans le monde entier, il est le seul type d'être auquel je prête quelque chose comme un moi.

Ce rapport appelle-t-il des relations d'imitation, de sympathie, de conflit ? Les trois sont des modes possibles de relations avec autrui.

Le sujet présuppose qu'il y en a un fondamental.

Par l'imitation, je fais comme l'autre (je le mets en moi) ; par la sympathie, je me mets à sa place pour le capter de l'intérieur (je me mets en lui) ; par le conflit, je m'oppose à lui.

Une première question serait : en quoi ces possibles relations sont- elles liées à autrui ? Dès qu'un autre apparaît, il y a comme une rivalité pour le statut de "moi" ou de sujet, et donc le conflit apparaît.

C'est ce qui légitime Sartre à dire, dans L'être et le néant, que le conflit est le mode fondamental de la relation à l'autre.

Pour Freud et Lacan, l'individu ne peut se construire que par imitation d'autrui.

Quant à la sympathie, Rousseau, dans le Discours sur l'origine de l'inégalité, y voit, sous le nom de pitié, une des deux instincts de l'homme de l'état de nature : amour de soi, par lequel il se préserve, et pitié, par laquelle il se met en imagination dans l'autre et peut éprouver en partie ce que l'autre éprouve, grâce à son imagination.

Si l'autre est un "alter ego", en tant qu'il est un "ego", je peux me mettre à cette place d'ego, et donc "souffrir avec" (c'est l'étymologie de "sympathie" — sum-patheia) lui.

Une de ces attitudes est-elle plus fondamentale, les autres en découlant ? Ou, dans la mesure où toutes découlent de l'essence même de ce qu'est "autrui", toutes ne sont-elles pas aussi fondamentales les unes que les autres ? LA COMMUNICATION PAR LA SYMPATHIE Ne serait-ce pas plutôt l'expérience de l'amour, de l'amitié, de la sympathie qui serait susceptible de nous procurer une communication authentique avec d'autres consciences ? Déjà, Saint-Augustin notait qu'on ne «connaît personne sinon par l'amitié» et Max Scheler a développé la thèse selon laquelle la sympathie serait la forme privilégiée de la communication des consciences. Distinguons bien l'amitié de la camaraderie.

Sans doute, dans la camaraderie y a-t-il une communication, mais l'origine de la communication est extérieure aux personnes des camarades (c'est la participation à une même classe au lycée, ou à un même groupe de combat, ou à un même parti politique).

Comme dit très bien Jean Lacroix : « Les camarades s'oublient...

dans leur oeuvre...

Le but de la camaraderie c'est ce que l'on fait ensemble, non ceux qui le font ; on pourrait dire en un sens de l'univers de la camaraderie qu'il est purement public.

La vie privée n'y a aucune part»2.

Au contraire, l'amitié n'est plus participation à une oeuvre extérieure au moi, mais don véritable de personne à personne (ce qui n'exclut pas la recherche commune d'un dépassement de soi ; « ils s'aiment non pour ce qu'ils sont mais pour ce qu'ils espèrent devenir l'un par l'autre»). De la même façon, il convient de bien distinguer — à la suite de Max Scheler — la sympathie véritable de la simple contagion affective (Einfuhlung).

La contagion affective est une participation passive, inconsciente et involontaire aux sentiments d'autres personnes.

Par exemple, en entrant dans la brasserie, je sens ma tristesse disparaître, je me mets à rire, à parler fort, à chanter comme les autres et un sentiment d'euphorie m'envahit.

Cette contagion psychique n'est aucunement une « connaissance» de ce qui est éprouvé par autrui.

En fait, les attitudes prises, les gestes accomplis déterminent ici presque irrésistiblement des états de conscience que j'éprouve pour mon compte sans chercher à rejoindre la personne d'autrui.

Bien loin d'être un acte de la personne comme est la vraie sympathie, la contagion affective est en réalité une abdication de la personne, la démission d'un moi trop suggestible qui se laisse envahir sans contrôle par des automatismes liés à des états affectifs.

Ainsi, lorsque la panique s'empare d'une foule et que tout le monde s'enfuit, je puis me sentir irrésistiblement entraîné à imiter ces gestes de fuite et l'épouvante — liée à ce comportement — s'empare de moi.

Je partage la frayeur de cette foule, mais je ne puis dire que je suis réellement entré en communion avec mes voisins.

Si Nietzsche a sévèrement condamné la pitié, c'est précisément parce qu'il l'a confondue avec une contagion mentale de ce genre.

Dès lors, la pitié n'est plus que la transmission en chaîne de la souffrance, une contagion de malheur, une déperdition de vitalité qui multiplie la souffrance au lieu de la guérir. Max Scheler a bien montré que la vraie pitié, que la sympathie authentique est tout autre chose.

Si j'ai pitié de l'autre, c'est précisément parce que je ne suis pas malheureux moi-même, parce que je n'éprouve pas sa misère.

Si je souffrais comme lui, je serais moi-même objet de pitié et non conscience compatissante.

En réalité, la sympathie. »

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