La rationalisation du travail est-elle un bien pour l'homme ?
Extrait du document
«
[«Le temps, c'est de l'argent», a dit Benjamin Franklin.
Plus le travail est scientifiquement organisé,
mieux sont réparties les tâches, plus l'entreprise est performante, donc bénéficiaire, donc ouverte à
l'embauche.]
Toute perte de temps est une perte d'argent
La théorie de Taylor, exposée notamment dans La Direction scientifique des entreprises, se résume à ces
quatre points: 1°) Lutter contre la «flânerie systématique» en faisant varier le salaire en fonction de l'activité
déployée.
2°) Étudier chaque tâche, éliminer les mouvements inutiles, chronométrer ceux qui sont les plus
efficaces.
3°) Sélectionner les meilleurs ouvriers.
4°) Préparer les autres à atteindre les mêmes objectifs que
ces derniers.
A la fin du XVIII ième siècle, l'économiste Smith souligne l'accroissement de productivité apporté par la division
du travail, telle qu'elle se développe dans les manufactures lors de la première révolution industrielle.
« Prenons un exemple dans ne manufacture de la plus petite importance, mais où la division du travail s'est
fait souvent remarquer : une manufacture d'épingles.
Un homme qui ne serait pas façonné à ce genre d'ouvrage, dont la division du travail a fait un métier
particulier, ni accoutumé à se servir des instruments qui y sont en usage, dont l'invention est probablement
due encore à la division du travail –cet ouvrier, quelque adroit qu'il fût, pourrait peut-être à peine faire une
épingle dans toute sa journée, et certainement il n'en ferait pas une vingtaine.
Mais de la manière dont cette
industrie et maintenant conduite, non seulement l'ouvrage entier forme un métier particulier, mais même cet
ouvrage est divisé en un grand nombre de branches, dont la plupart constituent autant de métiers
particuliers.
Un ouvrier tire le fil à la bobine, un autre le dresse, un troisième coupe la dressée, un quatrième
empointe, un cinquième est employé à émoudre le bout qui doit recevoir la tête.
Cette tête est elle-même
l'objet de deux ou trois opérations séparées : la frapper est une besogne particulière ; blanchir les épingles en
est une autre ; c'est même un métier distinct et séparé que de piquer les papiers et d'y bouter les épingles ;
enfin l'important travail de faire une épingle est divisé en dix-huit opérations distinctes ou à peu près qui, dans
certaines fabriques sont remplies par autant de mains différentes, quoique dans d'autres le même ouvrier en
remplisse deux ou trois.
J'ai vu une petite manufacture de ce genre qui n'employait que dix ouvriers, et où ,
par conséquent, quelqu'uns d'eux étaient chargés de deux ou trois opérations.
Mais quoique la fabrique fût
fort pauvre et pour cette raison, mal outillée, cependant quand ils se mettaient en train, ils mettaient à bout
de faire entre eux environ douze livres d'épingles par jour ; or, chaque livre contient au-delà de quatre mille
épingles de taille moyenne […].
Mais s'ils avaient tous travaillé à part et indépendamment les uns des autres,
et s'ils n'avaient pas été façonnés à cette besogne particulière, chacun d'eux assurément n'eût pas fait vingt
épingles, peut-être pas une seule, dans sa journée, cad pas, à coup sûr, la deux cent quarantième partie, et
pas peut-être la quatre mille huit centième partie de ce qu'ils sont maintenant en état de faire, en
conséquence d'une division et d'une combinaison convenables de leurs différentes opérations.
» SMITH, «
Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations ».
Pour montrer l'efficacité de la division du travail, Smith prend comme exemple une fabrique qui produit des «
objets de peu de valeur » et qu'il est donc utile de produire en grand quantité.
Dans cet exemple, la division du travail possède deux aspects : d'une part, « fabriquer des épingles » devient
un métier particulier alors qu'auparavant le forgeron fabriquait des épingles et aussi d'autres produits.
D'autre
part ce métier lui-même est divisé en autant de métiers qu'il y a d'opérations à effectuer.
L'habitude accroît l'habileté pour chacune de ces opérations, permettant ainsi une plus grande rapidité dans le
travail.
Mais la spécialisation a pour contrepartie l'incapacité à exercer le métier de forgeron dans toute sa
diversité.
Et plus la division du travail augmente, plus chaque opération est simplifiée.
La dextérité acquise par
la répétition d'une tâche particulière n'est pas équivalente à l'habileté de métier.
Si Smith souligne ici l'utilité économique de la division du travail, à un autre endroit de son livre il en montrera
la nocivité pour le travailleur : « Un homme dont toute la vie se passe à exécuter un petit nombre d'opérations
simples […] n'a aucune occasion de développer son intelligence ni d'exercer son imagination […] Il devient en
général aussi ignorant et aussi stupide qu'il soit possible à une créature humaine de le devenir.
»
La richesse des uns fait celle des autres
Pour Taylor, il n'existe pas de conflit de classes.
C'est sur ce postulat que repose sa rationalisation du travail.
Il considère, en effet, que la prospérité de l'employeur est liée à celle de l'ouvrier, lequel a tout intérêt à
utiliser de manière optimale la machine sur laquelle il travaille, ainsi que le temps qui lui est imparti.
Au début du XX ième, Taylor invente « l'organisation scientifique du travail », qui vise à augmenter la
productivité en rationalisant le travail.
Le travail est divisé de telle sorte que chacun n'effectue plus qu'une.
»
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