La raison peut-elle reconnaître sens et valeur à la folie ?
Extrait du document
«
DIRECTIONS DE RECHERCHE
• Tenter de différencier « raisonnable » et « rationnel » « Vocabulaire de la philosophie » de Lalande.
— Raison :
« A.
Faculté de raisonner discursivement, de combiner des concepts et des propositions.
B.
Faculté « de bien juger » c'est-à-dire de discerner le bien et le mal, le vrai et le faux.
D.
Système de principes a priori dont la vérité ne dépend pas de l'expérience, qui peuvent être logiquement
formulés, et dont nous avons une connaissance réfléchie.
E.
Faculté de connaître d'une vue directe le réel et l'absolu, par opposition à ce qui est apparent ou accidentel.
»
— Raisonnable : « Qui possède la raison définie aux sens A, B, D ou E.
»
- Rationnel : « Qui appartient à la raison, ou qui lui est conforme, en particulier aux sens B et D.
»
• De ce que la folie apparaît comme « irrationnelle » s'ensuit-il nécessairement qu'elle ne peut être pensée
rationnellement (et par là-même avoir un sens pour une pensée rationnelle?)
Conclure négativement ne reposerait-il pas sur une confusion entre la pensée et son objet ?
• Nombre de penseurs modernes (tels que par exemple Foucault ou Lacan) s'efforcent de faire apparaître que le
conflit raison-folie se situerait lui-même à l'intérieur d'une logique des relations entre le vécu et l'impensé : la
subjectivité vivrait un certain ordre tout en méconnaissant cet ordre (logique inconsciente; logique symbolique de
l'inconscience dirait Lacan)
• Que la raison puisse reconnaître sens à la folie ne pourrait-il signifier cependant qu'elle risque de méconnaître le
sens de la folie (le sens selon la raison prenant sens selon cette raison même)? C'est peut-être à partir de cette
interrogation que la folie aurait paradoxalement valeur pour la raison (en ce sens qu'elle serait question pour la
valeur même de la raison, encore que cette question se situerait toujours à l'intérieur du fonctionnement de la
raison...)
Comment démarrer votre dissertation et trouver le plan
1.
Voici un sujet dont tous les mots doivent être soigneusement analysés en évitant tout « romantisme ».
La notion
de raison a certainement été étudiée dans votre cours; en particulier, l'évolution historique du sens de ce terme et
sa relation avec la folie, sa négation même, ont, sans doute, retenu votre attention.
La notion de folie fait bien entendu appel aux sciences humaines (ethnologie, psychiatrie, etc.) qui seront une
source précieuse d'éléments pour cette dissertation.
2.
Le groupe de mots « reconnaître sens et valeur » va permettre de poser le problème.
La raison rejette totalement
la folie comme autre qu'elle-même.
Y a-t-il dès lors quelque chose de commun à la raison et à la folie (ce qui
permettrait à celle-ci de « reconnaître sens et valeur » à celle-là)?
3.
L'étude détaillée des notions opposées raison/folie conduit à adopter un plan progressif reflétant l'évolution de
ces notions dans le temps :
— rejet total initial de la folie par la raison universelle et omnipotente ;
— reconnaissance partielle à travers la psychanalyse en particulier ;
— reconnaissance réelle de la folie comme caractère fondateur de l'homme et relativisation du pouvoir de la raison.
A.
Introduction
1.
Il est aujourd'hui courant d'entendre dire que la raison doit se mettre à l'écoute de la folie, en reconnaître la
valeur
et le sens, et qu'elle doit, du même coup, se relativiser elle-même, accepter de se saisir comme un modèle relatif et
non comme une puissance absolue.
Le cercle vivant de la raison sage et de la folie semble faire partie du langage
courant.
2.
Néanmoins, la question posée ne débouche nullement sur une réponse évidente et apodictique.
Nous sommes
tentés, de façon permanente, d'inscrire la folie dans le registre du négatif, de ce qui n'appartient pas à l'homme de
manière positive et réelle.
Le statut de la folie reste bien ambigu à notre époque, comme si elle véhiculait toujours
du négatif, comme si elle se donnait à l'homme en tant qu'altérité.
La folie, c'est ce que je saisis comme l'autre de
moi-même, comme l'autre par excellence de cette raison qui semble me définir.
3.
Le problème posé
Dès lors, si la réponse à la question posée semble susciter à la fois des affects puissants et une image toute
négative de la folie, nous pouvons nous demander s'il est possible à la raison de reconnaître une signification et
aussi un mérite à la folie, qui précisément se donne comme l'Autre de la raison.
Si l'homme se définit comme un
animal raisonnable, si la raison constitue sa propriété spécifique, comment cette raison, qui semble le tout de
l'homme, peut-elle accorder intelligibilité, mérite et valeur à l'Autre d'elle-même, à sa face sombre et inversée ?
B.
Discussion
1.
La non-reconnaissance de la folie par la raison
La raison désigne essentiellement une faculté de l'esprit.
Elle peut se définir comme une fonction de penser
correcte, une puissance de bien juger, une capacité de discerner le vrai et le faux, le bien et le mal.
L'intitulé du sujet met aussi au centre de notre réflexion la « reconnaissance ».
Qu'est-ce que reconnaître? Au sens.
»
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