La raison peut-elle juger de tout ?
Extrait du document
«
Vocabulaire:
RAISON: Du latin ratio, « calcul », « faculté de calculer, de raisonner » (en grec logos).
* Au sens subjectif : mode de penser propre à l'homme (lui-même défini comme « animal raisonnable »).
* Par opposition à l'intuition : faculté de raisonner, c'est-à-dire de combiner des concepts et des jugements, de
déduire des conséquences.
* Par opposition à la passion ou à la folie : pouvoir de bien juger, de distinguer le vrai du faux, le bien du mal.
* Par opposition à la foi : la « lumière naturelle », naturellement présente en tout homme.
* Par opposition à l'expérience : faculté de fournir des principes a priori (c'est-à-dire indépendants de l'expérience)
* Au sens objectif : principe d'explication, cause (exemple : les raisons d'un phénomène).
* Argument destiné à légitimer un jugement ou une décision (exemple : donner ses raisons).
APPROCHE: Interrogez-vous sur la manière dont nous usons de notre raison.
N'est-elle pas d'elle-même norme
de la vérité et de la fausseté en même temps que de son bon usage ? Le fait de posséder la raison n'implique-t-il
pas que nous soyons tous nécessairement conduits à en faire une utilisation judicieuse ? Mais si c'était le cas, ni
l'erreur, ni le mal (du moins, celui qui dépend de nous) ne seraient possibles.
Il faut donc convenir que non
seulement la possession de la raison n'implique pas une application rigoureuse et judicieuse de ce qu'elle prescrit,
mais encore et c'est sans doute l'aspect le plus problématique de votre sujet, que la raison peut sans doute être
mise au service du mal.
On l'a vu au cours du XXème siècle , la raison peut à la fois produire des choses
(connaissances ou structures politiques) permettant à l'humanité de se développer et de s'épanouir, mais elle peut
aussi conduire l'homme dans les remplis les plus noirs de la barbarie lorsqu'elle est mise au service d'idéologies
délirantes.
Demandez-vous si c'est structurellement que la raison peut ainsi se retourner contre elle même de
manière dialectique ou si c'est l'homme qui ne sait pas s'orienter avec sagesse.
Ce sujet pose la question des limites et du pouvoir de la raison.
Pour commencer à réfléchir, deux questions peuvent
nous aider : qu'est-ce que la raison ? Quelles sont éventuellement ses limites ?
1.
Du bon usage de la raison
Thèse développée : La raison peut juger de tout, pourvu qu'elle s'applique avec méthode.
Le problème, ce n'est pas
la raison mais de s'appliquer à « bien penser »
Qu'est-ce que la raison ?
On définit traditionnellement l'homme comme « animal doué de raison ».
La raison, c'est un pouvoir une faculté : la
raison, telle que la définit Descartes, par exemple, c'est le pouvoir de bien juger, de distinguer le vrai du faux.
Toutefois, qu'est-ce qu'un jugement ? Et, a fortiori, qu'appelle-t-on bien juger ? Juger, c'est émettre un avis, une
opinion : « M'est avis qu'il fera beau demain ! » ou encore « Il faudrait rétablir la peine de mort »… Mais il y a aussi
un aspect décisoire ou exécutoire du jugement.
On peut penser, par exemple, aux jugements des tribunaux : Rendre
un jugement… Le problème, c'est alors de savoir s'il existe un moyen infaillible de bien juger.
Dans le Discours de la
méthode, Descartes écrit : « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée… » De ce texte, il ressort que la
raison, c'est la faculté de bien juger, mais encore qu'elle est naturellement égale en tous les hommes.
Ce que veut
dire Descartes, c'est que contrairement aux autres biens que l'on désire acquérir ou accroître [biens extérieurs reçus
en héritage ou acquis par le labeur, dispositions physiques, nécessairement inégales], la raison est universelle,
partagée par tous, équitablement répartie.
Mais si la raison est effectivement la chose du monde la mieux partagée, comment expliquer alors la diversité des
opinions, le fait que les opinions divergent.
Cette diversité est-elle le signe d'une impuissance de la raison ?
Comment rendre compte de la diversité des opinions mais aussi de l'existence de l'erreur ? Car, assurément, nous
varions tous dans nos opinions de même qu'il arrive que nous nous trompions.
Alors bien sûr, Descartes ne nie pas la diversité de opinions, ni même la possibilité de l'erreur.
Ce que veut dire
Descartes, c'est que chacun de nous, pourvu qu'il s'applique à bien penser, peut avoir accès à la vérité.
Autant, sur
le plan corporel, la nature a engendré des êtres inégaux, autant elle a respecté une stricte égalité sur le plan de la
raison.
Malgré tout, il faut admettre la diversité des opinions.
D'abord, on peut s'étonner que lorsque la raison ou la vérité
paraissent, elles n'imposent pas toujours l'accord des esprits, loin s'en faut ! Pire, les hommes s'opposent le plus
souvent sur ce qu'ils estiment être la vérité.
Le problème, ce n'est pas que certains sont plus raisonnables que
d'autres.
Le problème c'est le cheminement, la méthode.
Ne peut-on apprendre à « bien penser », à raisonner avec
certitude ? Les limites du pouvoir de la raison ne sont pas dues à un défaut intrinsèque de la raison, mais au fait
que, le plus souvent, nous l'utilisons mal.
De même pour l'erreur.
Nous nous trompons parce que le pouvoir infini de
notre volonté ou de notre imagination excède celui de notre entendement, qui, lui, est fini.
C'est cette
incommensurabilité entre l'entendement et la volonté qui est la source de bien des erreurs : je veux au-delà de ce
qui est en mon pouvoir ! Je veux au-delà de ce que mon entendement peut me représenter.
Telle est la source de
bien des erreurs.
Le problème qui se pose alors, c'est celui de la méthode : il s'agit d'apprendre à bien conduire sa.
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