La raison n'a-t-elle aucune limite ?
Extrait du document
«
Termes du sujet:
LIMITE (n.
f.) 1.
— Ce qui sépare deux portions d'espace ; par anal., ce qui borne une étendue, un temps, une
fonction.
2.
— Extension extrême d'une étendue, d'une faculté, sans que pour autant on ait à concevoir quelque
chose qui lui serve de borne ; en ce sens, KANT oppose limite à borne.
3.
— (Math.) Un nombre A est la limite d'une
série croissante S, si, quel que soit ∑ aussi petit que l'on veut, il existe toujours un nombre B appartenant à s, tel
que A - B < ∑.
Raison:
Si ses déterminations exactes varient d'un philosophe à l'autre, tous reconnaissent la raison comme le propre de
l'homme, et comme la faculté qui commande le langage, la pensée, la connaissance et la moralité.
Descartes
l'assimile au « bon sens », c'est-à-dire à la faculté de juger.
Kant distingue le versant théorique de la raison, qui a trait à la volonté de connaître, et le versant pratique, par
lequel l'homme se soucie de son action et entend en lui l'appel du devoir moral.
A.
L'empirisme
• On peut considérer Hume comme le « père » de l'empirisme.
Contemporain de Rousseau, il refuse la séparation
classique raison/passion.
Cette séparation n'est qu'un préjugé.
Nos motifs d'action, nos buts, n'ont rien à voir avec
la raison : la raison calcule, détermine les causes, les conséquences, mais elle appartient au domaine des idées.
Elle
ne s'intéresse pas d'abord à la réalité quotidienne : « Le domaine propre de la raison est le monde des idées et la
volonté nous place toujours dans le monde des réalités ».
Ainsi, pour Hume, la raison est toujours seconde.
L'action
naît de la passion, la raison intervient ensuite.
Ce qui signifie que nous agissons d'abord par intérêt, pour répondre à
une situation qui nous affecte : ensuite, nous cherchons à connaître.
Agir, c'est réagir à des situations vécues.
La
morale ne naît pas de la raison théorique.
• Pour les empiristes, il n'existe aucun principe a priori.
L'esprit, à la naissance, est une « table rase » qui reçoit les
empreintes venues de l'extérieur.
Hume affirme que toute connaissance est a posteriori et que la raison n'est que
l'ensemble des habitudes qui se sont imprimées en elle : c'est pourquoi il critique, entre autres, le principe de
causalité.
• Pour les empiristes, la raison n'est plus toute-puissante comme chez Descartes.
Nous ne pouvons connaître que le
monde des sens.
La raison ne fonde rien, pas même la science.
C'est donc la vie qui prime avant toute autre
considération.
"Supposez qu'un homme, pourtant doué des plus puissantes facultés
de réflexion, soit soudain transporté dans ce monde ; il observerait
immédiatement, certes, une continuelle succession d'objets, un
événement en suivant un autre ; mais il serait incapable de découvrir
autre chose.
Il serait d'abord incapable, par aucun raisonnement, d'atteindre l'idée
de cause et d'effet, car les pouvoirs particuliers qui accomplissent
toutes les opérations naturelles n'apparaissent jamais aux sens ; et il
n'est pas raisonnable de conclure, uniquement parce qu'un événement
en précède un autre dans un seul cas, que l'un est la cause et l'autre
l'effet.
Leur conjonction peut être arbitraire et accidentelle.
Il n'y a pas de
raison d'inférer l'existence de l'un de l'apparition de l'autre.
En un mot, un tel homme, sans plus d'expérience, ne ferait jamais de
conjecture ni de raisonnement sur aucune question de fait ; il ne serait
certain de rien d'autre que de ce qui est immédiatement présent à sa
mémoire et à ses sens." HUME
I - LES TERMES DU SUJET
Le texte comporte deux registres de termes.
D'un côté, "réflexion" et
"raisonnement" indiquent des activités spontanées, qui procèdent de soi.
De l'autre "observation", "sens", "expérience" indiquent ce que nous devons aux données sensibles, à l'extérieur,
dans nos connaissances.
I - ANALYSE DU PROBLEME
Le problème est un problème classique dans la philosophie de la connaissance : la relation de causalité peut-elle
être connue par simple observation ? Nos sens peuvent-ils nous faire connaître
un fait ?
Quelles sont les limites du pouvoir de la raison, s'agissant de la connaissance des questions de fait ? Peut-on s'en
remettre à la raison seule pour connaître ?
De telles questions sont au coeur du débat entre empirisme et rationalisme..
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