La quête du bonheur constitue-t-elle un esclavage ?
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Définition des termes du sujet:
BONHEUR: De bon et heur (terme dérivé du latin augurium, présage, chance).
État de complète satisfaction de
tous les penchants humains.
• Le bonheur se distingue du plaisir et de la joie, qui sont des émotions éphémères et toujours liées à un objet
particulier.
• Dans les morales eudémonistes, le bonheur est la fin de l'action humaine.
Pour Kant, en revanche, c'est
le respect de la loi morale qui doit orienter la volonté, et non la recherche du bonheur.
Car cette recherche est
toujours déjà intéressée, égoïste donc contraire à la morale.
Introduction et problématique:
Déjà Pascal observait: "tous les hommes recherchent d'être heureux, cela
sans exception; quelques différents moyens qu'ils y emploient, ils tendent tous
à ce but".
Aussi, le bonheur, point focal de toute existence humaine, ne
semble pas nous être dû de droit, mais paraît procéder d'une insatiable
recherche d'un "mieux et plus d'être", d'une inlassable maturation spirituelle.
Mais, qu'est-il? Dans une acception classique, un état de complète
satisfaction remplissant et submergeant toute la conscience.
Mais combien
d'hommes connaissent-ils le bonheur ? Beaucoup poursuivent une quête
incessante, qui commande toute leur vie et n'aboutit jamais.
Dans ces
conditions, la recherche du bonheur ne peut-elle pas elle-même devenir une
source de malheur ? ne peut-elle être un esclavage ?
Le bonheur comme fin suprême de l'homme.
Pour la philosophie classique, toute pensée réfléchie et toute action tendent
vers un bien.
Mais quel est le souverain bien qui constitue la fin suprême de
notre activité ? Selon Aristote, « sur son nom du moins il y a assentiment
presque général : c'est le bonheur » (Éthique à Nicomaque, IV).
Mais, sitôt
qu'on tente de le définir, les avis divergent : on le rapportera aux plaisirs, aux
richesses, à la santé, aux honneurs, à la vertu, etc.
En réalité, observe
Aristote, tous ces biens ne sont que des biens particuliers qui ne sont pas
désirés pour eux-mêmes mais précisément pour procurer le bonheur.
Ce bien parfait qu'est le bonheur, en revanche,
« nous le cherchons toujours pour lui-même, et jamais pour une autre raison.
Car les honneurs, le plaisir, la pensée
et toute espèce de vertu, nous ne nous contentons pas de chercher à les atteindre en eux-mêmes [...], nous les
cherchons aussi en vue du bonheur, car nous nous figurons par eux que nous pouvons l'obtenir, tandis que personne
ne souhaite le bonheur pour atteindre ces biens ni, en un mot, pour rien d'extérieur à lui-même » (ibid., VII).
Ne serait-ce pas lorsque, confondant les moyens du bonheur avec le bonheur lui-même, les hommes poursuivent
uniquement ces moyens, que la recherche du bonheur devient un esclavage ?
La recherche du bonheur et ses dangers
De l'hédonisme à l'ataraxie.
Pour Épicure, le plaisir constitue le souverain bien.
Il est « le commencement
et la fin d'une vie bienheureuse ».
Le bonheur serait un état de plaisir complet
et durable.
Mais comment atteindre à un tel état ? Le plaisir n'est-il pas
essentiellement éphémère, comme le soulignait Rousseau : « Aussi n'a-t-on
guère ici que du plaisir qui passe ; pour le bonheur qui dure, je doute qu'il soit
connu.
À peine est-il dans nos plus vives jouissances un instant où le coeur
puisse véritablement nous dire : je voudrais que cet instant durât toujours.
Comment appeler bonheur un état fugitif qui nous laisse un coeur inquiet et
vide ? » Le bonheur sera-t-il donc constitué par la somme ou la succession de
tous les plaisirs possibles ? Mais comment une telle suite qui est toujours
instable, qui est toujours une poursuite, pourra-t-elle être le bonheur ? Cette
quête incessante de plaisirs qu'il faut toujours renouveler ne devient-elle pas
un esclavage ?
Voilà pourquoi Épicure écrivait dans sa Lettre à Ménécée que, « puisque le
plaisir est le premier des biens naturels, il s'en suit que nous n'acceptons pas
le premier plaisir venu, mais qu'en certains cas, nous méprisons de nombreux
plaisirs quand ils ont pour conséquence une peine plus grande ».
Il convient,
en effet, de distinguer deux sortes de plaisirs : le plaisir en mouvement
(comme le plaisir de boire quand on a soif), qui est éphémère, et le plaisir en
repos, constitué par l'absence de douleur et de trouble, qui seul est stable.
Ce n'est que dans ce plaisir stable que peut résider le bonheur, tandis que la
recherche continuelle des « plaisirs du mouvement » constituera rapidement
un esclavage.
Cela ne signifie pas que tous ces plaisirs doivent être rejetés, mais il convient de rechercher à quels
désirs ils répondent et quelles souffrances ils sont susceptibles d'entraîner.
Or, observe Épicure, il convient de.
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