La quête de la beauté est elle la seul fin de l'art?
Extrait du document
«
Il est étonnant de s'interroger sur la finalité de l'art, dans la mesure où ce médium est précisément celui qui ne vise
a priori aucun but pratique, qui ne peut se targuer d'aucune visée autre que son existence.
Néanmoins, l'esthétique,
branche de la philosophie qui étudie l'art, place au centre de sa définition les notions de beau et de laid comme
critères du jugement de goût.
De quelle nature serait donc cette finalité ? Est-elle déterminée par les artistes eux-mêmes ou par une certaine
lecture des oeuvres ? La finalité implique-t-elle de rayer la notion de désintéressement liée à l'art ? De plus,
l'appréciation de la beauté passe le plus souvent comme étant un acte éminemment subjectif, alors de quel beau
parle-t-on ? L'interrogation n'est-elle pas dépendante du contexte historique par exemple ?
DE LA BEAUTE COMME FINALITE DE L'ART
Pour Aristote, la Nature possède une finalité interne, créant les êtres vivants
selon un certain ordre.
Ces mêmes êtres vivants créent selon une certaine
fin, mais sans en avoir conscience : ainsi un oiseau construit-il son nid, mais il
ne peut délibérer, il ne travaille que pas instinct.
L'homme, lui aussi, agit en
fonction d'une certain dessein, et tente de trouver les meilleurs moyens pour
le réaliser ; l'art devant s'appuyer sur « la connaissance de règles vraies ».
Lorsque ces règles sont respectées et mises en oeuvre précisément, l'homme
jouit d'un plaisir esthétique synonyme de perfection, au même titre qu'il est
possible de jouir des beautés de la Nature.
ð Mais à la différence de la beauté naturelle, la beauté artistique est synonyme
de l'application d'une sagesse pratique.
Nous ne sommes pas face à la
jouissance de l'ordre de la pure empirie.
L'art, en tant que connaissance et
savoir-faire, vise le plaisir esthétique synonyme de beauté en tant que
perfection d'un acte.
Kant souligne dans la Critique de la Faculté de Juger qu'aucune règle, aucun
calcul, ne peut définir le beau.
Lorsqu'un individu juge une oeuvre belle, il le
fait sans aucun référence rationnelle ou émotionnelle extérieure, mais se
plonge dans l'oeuvre par la contemplation.
Cette subjectivité du
contemplateur peut néanmoins espérer une approbation similaire dans le
jugement d'autrui, le beau étant « ce qui plait universellement sans
concept » ; c'est-à-dire qu'il peut attendre que le jeu des facultés
(imagination, entendement, raison, sensibilité) se fasse à l'unisson chez lui comme chez autrui.
La satisfaction
esthétique est valable universellement mais ne vise aucun autre but qu'elle-même : ainsi peut-on parler de finalité
sans fin.
·
« Est beau ce qui plaît universellement sans concept ».
Ø « Ce qui plait universellement »: Le fait que cette satisfaction soit universelle, valable pour tous découle de la
première définition.
En effet nous avons vu qu'être sensible à la beauté relève d'une sensibilité purifiée de la
convoitise, de la crainte, du désir, du confort ...
bref de tous les intérêts particuliers.
Ce plaisir éprouvé n'est
donc pas celui d'un sujet enfermé dans sa particularité et ce dernier peut à juste titre dire: « c'est beau »,
comme si la beauté était dans l'objet.
Il peut légitimement s'attendre à ce que tout autre éprouve la même
satisfaction.
Ø « sans concept »: « L'assentiment universel est seulement une Idée ».
Il n'y a pas de preuve pratique ou
conceptuelle de la beauté.
On juge et on sent que cette musique ou cette montagne sont belles mais on ne
peut le prouver.
Il n'y a pas de règles a priori du beau.
En langage kantien, le sujet esthétique n'est pas
législateur.
En science le sujet légifère, retrouve dans la nature les règles nécessaires, universelles qu'il y a
mises pour connaître quelque chose.
En art le sujet ne peut légiférer car le jugement porte sur un objet singulier,
telle fleur, telle œuvre musicale.
S' il veut trouver quelque chose d'universel dans cette rose-ci, il faudra qu'il
l'envisage sous l'aspect du règne végétal ou de la fleur en général; s'il veut trouver quelque chose d'universel
dans une musique, il faudra qu'il l'envisage sous l'angle des règles de composition.
Il aura des concepts mais
point de beauté: « quand on juge des objets simplement par concepts toute représentation de la beauté se
perd ».
C'est ce qui peut arriver quand un traque d'art explique un poème...
Comme la beauté est toujours saisie
sur un objet concret, matériel, singulier, il n'y a pas de règles universelles du beau.
Le jugement de goût n'est
pas un jugement de connaissance.
· « La beauté est la forme de la fïnalité d'un objet en tant qu'elle y est perçue sans la représentation d'une
fin ».
Ce qui est beau a l'apparence de la finalité.
Chaque élément semble concourir à l'effet d'ensemble, qu'il s'agisse d'un
paysage, d'un tableau, d'une musique.
Cette finalité ne se ramène pas au critère classique de la perfection puisque
celle-ci suppose Inadéquation de ce qui est à l'idée ou concept.
Or, nous venons de le voir, le jugement de goût est
toujours particulier et ne procède pas par concepts.
Cette finalité est sans fin.
On ne peut lui assigner une
fonction.
La forme finale de l'objet a l'apparence de la gratuité.
Les êtres vivants ont aussi la forme de la finalité
mais cette finalité n'est pas sans fin puisque les parties concourent à une fin, la survie.
Cette troisième définition
montre que Kant ne définit pas la beauté à partir de la seule qualité de l'émotion.
La beauté n'est pas que dans le
sujet.
Tout n'est pas beau, tout n'est pas susceptible de produire le plaisir esthétique, cela ne dépend pas de la.
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