La question "qu'est-ce que l'homme peut-elle recevoir une réponse scientifique ?
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INTRODUCTION
On admet souvent que la philosophie a, ou a eu, pour tâche de répondre à la question (entre autres): «Qu'est-ce
que l'homme?».
Depuis le XIXe siècle, la valorisation de la science admise dans la mentalité occidentale a tendance
à considérer que cette question peut être déplacée du champ philosophique au champ scientifique.
La question cidessus peut-elle recevoir une réponse scientifique?
I.
CE QUE PEUT NOUS APPORTER LA SCIENCE
— Une connaissance de l'homme comme «objet ».
Approche biologique ou physiologique.
De ce point de vue, l'homme est un animal parmi d'autres.
— Des tentatives pour connaître les dimensions spécifiques de l'humanité:
• cas des sciences humaines: le problème est leur dispersion même.
Il y aurait un homme pour la psychologie, un
homme pour l'histoire, un homme pour la sociologie, etc...
• or la question est globale.
Elle suppose une vision totalisatrice ou unifiée de « l'homme », c'est-à-dire que soit
constituée une anthropologie authentique (ce qui n'est pas le cas).
II.
CE QUI LUI ÉCHAPPE
— Ainsi l'artiste, qui peut ambitionner, même sans en être totalement conscient, de survivre à sa propre mort en
laissant des traces de son existence, peut prévoir que son oeuvre sera transformée.
Mais cette transformation
prouvera néanmoins la capacité de son oeuvre à durer et à intéresser encore les générations futures.
CONCLUSION
Faute d'éternité véritable, il y a une pérennité de l'art.
Les oeuvres elles-mêmes se transforment moins vite que la
nature ou les autres productions de l'homme.
Et le contact avec l'oeuvre, tant pour son inventeur que pour son
consommateur, est l'occasion de vivre des aspects du temps absents du quotidien.
— Dans la mesure où une approche scientifique se limite par définition aux faits sans aborder les valeurs ou la
problématique du sens, elle reste muette sur la dimension spirituelle ou rationnelle de l'être humain.
— C'est cette dimension que la philosophie aborde (on peut prendre l'exemple de Rousseau: comment il «néglige les
faits pour trouver le sens de l'histoire de l'humanité, affirmant du même coup que l'homme se modifie lui-même).
— Exemple moderne: G.
Bataille, dans L'Érotisme, s'intéresse à la signification de l'existence humaine.
Problème qui
excède toute science, même si Bataille utilise au passage (pour les interpréter) des résultats scientifiques — et
peut-être même toute philosophie (à en croire Bataille lui-même): il s'agirait là d'accéder à la pensée.
III.
AVERTISSEMENT KANTIEN
— L'incapacité de la science a été «prévue» par Kant quand il y va de la connaissance de l'homme lui-même:
• rappeler la distinction qu'il établit entre caractère empirique (soumis à divers
déterminismes et en tant que tel scientifiquement cernable) et caractère
rationnel (qui définit les lois auxquelles il obéit: celles de la morale).
"L'homme conscient de son devoir n'est pas, dans le monde, phénomène mais
noumène ; il n'est pas une chose, mais une personne." Kant, Opus postumum,
1796-1804.
L'homme, par son affectivité, tisse des liens avec le monde.
De ce fait, il peut
être déterminé dans ses actions par des causes qui lui sont extérieures,
hétéronomes.
Tout ce qui peut conditionner le sujet ne permet pas de fonder
la morale, car l'homme serait alors ramené à un statut d'objet, phénomène
parmi les phénomènes, régi par le principe de causalité.
Si l'action morale est
possible, elle ne peut se fonder que sur un inconditionné, c'est-à-dire quelque
chose qui ne dépende pas de la nature, mais qui soit de l'ordre de l'intelligible
pur, un noumène.
— Ce qui manque aux sciences humaines elles-mêmes (et même si elles
substituent, à l'explication traditionnelle, les tentatives de compréhension),
c'est l'appréhension de la liberté et des valeurs.
— Si l'on admet que l'homme se pose des questions métaphysiques (sur son
origine et sa destination) on constate que, d'un point de vue strictement scientifique, la production même de ces
questions n'est pas strictement explicable: ce qui échappe à la science, c'est non seulement la dimension
métaphysique de l'être humain, mais sa racine même, ce à partir de quoi elle s'élabore.
CONCLUSION
Dans l'histoire, les prétentions scientifiques à définir l'homme ont accompagné des comportements totalitaires —
dans le nazisme en particulier.
L'être humain vit dans ce paradoxe de pouvoir connaître scientifiquement le monde
extérieur, mais non sa propre «nature».
Là est la garantie de sa liberté..
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