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La question "qu'est-ce que l'homme ?" peut-elle recevoir une réponse scientifique ?

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« Termes du sujet: HOMME: Le plus évolué des êtres vivants, appartenant à la famille des hominidés et à l'espèce Homo sapiens (« homme sage »). • Traditionnellement défini comme « animal doué de raison », l'homme est aussi, selon Aristote, un « animal politique ».

Ce serait en effet pour qu'il puisse s'entendre avec ses semblables sur le bon, l'utile et le juste que la nature l'aurait pourvu du langage. Introduction « Une chose est certaine : c'est que l'homme n'est pas le plus vieux problème ni le plus constant qui soit posé au savoir humain.

» (M. Foucault, Les Mots et les Choses, Gallimard, 1966, p.

398.) Pendant longtemps en effet, dans l'ordre du savoir, l'homme n'a pas constitué un domaine spécifique, et il a fallu une profonde réorganisation du champ de la connaissance pour qu'il fit l'objet d'une science, ou plutôt d'une multitude de sciences, celles que l'on appelle « humaines ». Mais le problème est de savoir si, en adoptant les méthodes des sciences de la nature, les sciences humaines nous permettent vraiment de connaître l'homme dans toute sa spécificité, c'est-à-dire de savoir si en prenant l'homme pour objet la science peut ne pas nier sa valeur de sujet et apporter ainsi une réponse satisfaisante à la question « Qu'est-ce que l'homme ? ».

Voyons donc si cette question peut recevoir une réponse scientifique. De l'homme objet à la mort de l'homme Les sciences humaines positivistes Le modèle des sciences physiques La constitution des sciences humaines s'est faite sur le modèle des sciences de la nature.

Elle suppose par conséquent que: - l'homme soit un objet naturel comparable aux autres objets naturels.

Les sciences humaines réclament ainsi une « naturalisation » de la nature humaine (naturalisation qui fut amorcée au XVII e siècle par Descartes, Gassendi, Hobbes) ; - le domaine humain soit un domaine indépendant ; - ce domaine obéisse à des lois spécifiques. L'homme, une chose ? La fascination exercée par le modèle des sciences physiques poussa au XIXe siècle les sciences humaines à vouloir se construire comme des sciences objectives sur les trois fondements de ces sciences physiques : l'expérimentation, la mesure, les mathématiques. Les sciences humaines furent donc conduites à considérer les faits humains comme: - des choses mesurables et quantifiables (cf.

Durkheim).

On assiste, par exemple, à l'apparition d'une sociologie (qu'A.

Comte appelait une « physique sociale ») basée sur la statistique sociale, ou d'une psychologie fondée sur une psychométrie mesurant les phénomènes en intensité, en fréquence ou en durée ; - des phénomènes obéissant aux lois d'un déterminisme mécanique. Un double écueil Les sciences humaines d'inspiration positiviste prétendent donc ramener la réalité humaine à des normes expérimentales et objectives dont elles proclament l'universalité.

Ce faisant: - Elles réduisent l'homme à un pur objet, une chose parmi les choses, ce qu'il n'est pas puisque sa réalité dernière est d'être sujet. L'homme en effet n'est pas simplement un objet de la connaissance, quelque chose qui peut être connu; il est le sujet de cette connaissance, celui qui connaît.

Or, en ne considérant de l'homme que ce qui est objectivable, ces sciences n'atteignent jamais le sujet humain en tant que conscience. - Elles morcellent l'homme réduit à une chose en une multitude de fragments, d'aspects, dont chacun fait l'objet d'une science particulière.

Mais elles se révèlent incapables de reconstituer ce qu'elles ont brisé en en rendant compte au sein d'une science unitaire de l'homme.

Cette impossibilité de constituer une science unique reste d'ailleurs le problème central des sciences de l'homme, quels que soient leurs inspirations et leurs fondements épistémologiques. Le structuralisme Le courant structuraliste dans les sciences humaines prolonge celui du positivisme dans la mesure où il s'efforce de fonder les sciences humaines sur des bases rigoureuses, en prenant cette fois pour modèle le formalisme axiomatique des mathématiques. L'adoption de la méthode structurale par les sciences humaines a conduit à une remise en cause radicale de l'idée de « l'homme », dans lequel on ne veut plus voir un sujet ni même un objet, mais une entité illusoire que la science n'a pas à expliquer ou à comprendre, mais à « dissoudre » (cf.

Lévi-Strauss, La Pensée sauvage, Plon, 1962, pp.

326-327).

La méthode structurale pose en effet que la structure (la totalité) préexiste aux éléments qui la composent et qui ne peuvent être saisis que par un jeu de relations, d'oppositions et de différences, interne à cette structure.

Dès lors la seule réalité est celle de la structure et les éléments n'en ont aucune indépendamment de leur relation à la totalité, puisqu'ils n'existent pas en dehors de cette totalité.

Ce sont les structures qui dictent aux individus leurs fonctions, économiques, linguistiques, gnoséologiques, etc.

En considérant donc que les réalités humaines ne forment que des systèmes qu'il leur appartient de déchiffrer, les sciences humaines structurales ne voient dans la vérité de l'homme qu'un « fonctionnement » intégralement intelligible.

Ainsi pourra-t-on proclamer avec Foucault la « mort de l'homme » entendu comme sujet, comme personne consciente, libre, singulière et irremplaçable, les individualités humaines se révélant n'être que des «lieux d'interactions », de simples fonctions, dépourvues de toute essence, dans des ensembles qui les dépassent en même temps qu'ils les constituent.. »

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