La question de la justice sociale ?
Extrait du document
«
VOCABULAIRE:
Justice:
a) Juste reconnaissance du mérite et des droits de chacun.
b) Caractère de ce qui est conforme au droit positif (légal) ou au droit naturel (légitime).
Chez Platon et Aristote, la justice est la vertu essentielle qui permet l'harmonie de l'homme avec lui-même et avec
ses concitoyens.
De façon plus moderne, la justice se confond tantôt avec l'idéal du droit naturel, tantôt, comme institution d'un
État, avec le droit positif.
Société : association d'individus qui constitue le milieu où chacun s'intègre.
Toute espèce vivante est plus ou
moins sociale ; mais tandis que les sociétés animales sont naturelles et gouvernées par l'instinct, les sociétés
humaines, organisées selon des institutions mobiles, véhiculent une culture.
C'est de ce formalisme du droit que Marx fera la critique.
Dire que les hommes sont égaux en droit, alors qu'ils ne
le sont pas en fait, c'est là pure hypocrisie.
Que signifie, par exemple, un droit égal à l'instruction, si ne sont pas
donnés en même temps les moyens économiques nécessaires pour en bénéficier réellement ? Dans une même
perspective, le sociologue Bourdieu dénoncera le thème de l'égalité des chances* à l'école qui ne fait que
transformer un simple privilège - par exemple être issu d'un milieu culturellement favorisé - en mérite : celui d'avoir
réussi.
Non seulement cette égale liberté proclamée est hypocrite, mais elle est mystificatrice, puisqu'elle fait porter
la responsabilité de l'injustice à ceux qui en sont victimes.
Par exemple, tel élève exclu du système scolaire
interprétera son échec comme un échec personnel, alors qu'il est le résultat de déterminismes sociaux qui lui
échappent.
Est-il possible de remédier à cet inconvénient du formalisme du droit ? Dans son Programme du parti
ouvrier allemand, Marx, on le sait, propose de dépasser cet « horizon étroit » du droit par la formule : « De chacun
selon ses capacités, à chacun selon ses besoins.
»
De
chacun
selon
ses
capacités,
à
chacun selon
ses
besoins
(Idéologie
allemande)
Ainsi s'énonce le principe de la
justice communiste selon Marx.
Le
socialisme reconnaît le principe "à
chacun selon ses mérites", mais, à
mérite égal, les besoins peuvent
être très différents (par exemple
entre un célibataire et un père de
famille nombreuse).
La formule "à
chacun selon ses besoins" apparaît
donc plus juste.
On remarque que
pour Marx la justice ne se situe donc
pas dans l'égalité.
Signalons, de
plus, que la mise en pratique de ce
principe suppose, non une société
d'échange, mais une société de
redistribution des biens.
Mais cette formule appelle plusieurs remarques.
Tout d'abord, elle ne vaut,
Marx le dit lui-même, que dans le cadre d'une société d'abondance, où les forces productives multipliées auront
produit une richesse qui pourra alors être distribuée sans qu'il soit nécessaire de prendre en compte d'autres critères
que le besoin.
Or c'est là une situation que Hume, dans son Traité de la nature humaine, caractérisait en son temps
comme une situation qui rend toute justice inutile.
En effet, le besoin de justice naît, selon lui, à partir de ce qu'il
appelle les « circonstances de la justice » que sont d'une part la générosité limitée et d'autre part la rareté des
biens.
La société communiste que Marx appelle ici de ses voeux, à supposer qu'elle puisse exister, est une société
de générosité, où la rigueur de la justice serait devenue inutile.
Ensuite, la question reste entière de savoir qui est
habilité à déterminer les besoins et les capacités de chacun.
Faute d'éclaircir ce point, le risque est grand d'une
justice simplement octroyée, et pour tout dire d'une simple charité accordée.
Soucieux de maintenir la double exigence de liberté et d'égalité, le philosophe contemporain John Rawls propose
dans son livre, Théorie de la justice, une solution qui concilie à ses yeux l'exigence libérale et l'exigence sociale.
Sur
quelles bases pourraient se construire les règles d'une justice qui respecterait à la fois le droit des individus et le
souci d'égalité ? Il est nécessaire pour cela, selon Rawls, de recourir à la fiction d'un état originel où des personnes
libres et rationnelles, ignorantes de leur future position sociale, choisiraient les règles de leur association.
Un
consensus pourrait alors se faire sur le principe de liberté, selon lequel un droit égal au système le plus étendu
possible de libertés compatibles entre elles devrait être posé et sur le principe de différence, selon lequel les
inégalités sociales et économiques ne seraient admises que si elles profitent à chacun et « s'attachent à des
positions ou des fonctions ouvertes à tous »..
»
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