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La puissance actuelle de la technique est-elle une cause de désespoir ?

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« Bien malin celui qui saurait aujourd'hui faire un point à la fois global et précis des progrès techniques qui concernent notre époque.

Lorsque Descartes projetait de rendre les hommes « comme maîtres et possesseurs de la nature » (Discours de la méthode), il engageait notre civilisation vers toujours plus de savoir technique.

Descartes voyait en celui-ci la possibilité pour l'espèce humaine de s'affranchir des contraintes et nécessités naturelles.

Nous sommes aujourd'hui pleinement inscrit dans ce processus culturel (volonté de maîtrise de la nature).

C'est en effet au regard de nos outils actuels (téléphone portable, ordinateur, réseau internet, voiture, avion...) que l'on peut confirmer le projet cartésien comme effectif.

Et même croissant puisque l'innovation technique recueille toute notre attention et toute notre attente. Seulement cette source d'espoir (dont la progression technique médicale est sans doute la plus forte) ne produit-elle pas son contraire lorsque nous abordons les problèmes éthiques majeurs que posent certaines avancées techniques ? Le génie génétique, le nucléaire, l'impact des progrès multiples (industries pétrolières, automobiles, métallurgie, sidérurgie...) sur notre environnement naturel, ne font que confirmer un effet négatif sur nos consciences.

Elles semblent même le plus souvent dépassées par la vitesse et le foisonnement des évolutions techniques. Peut-on, dès lors, avoir une vision adéquate du pouvoir effectif qu'exerce la progression technique sur l'homme d'aujourd'hui ? L'actualité du progrès technique ne remet-elle pas en question les attentes que l'humanité lui conférait ? L'humanité n'est-elle pas devenue l'esclave de la technique ? I.

La technique actuelle comme nouvel « opium du peuple » Le projet cartésien de maîtrise et de possession de la nature annonçait déjà cet engouement pour l'aspect technicisant du savoir et de la connaissance humaine. Alors que Karl Marx voyait dans la religion « l'opium du peuple », André Breton reformulera cette sentence à l'intention de la science : « Si la religion fut longtemps l'opium du peuple, la Science est en bonne place pour prendre le relais.

Les protestations contre la course aux armements, que certains physiciens affectent de signer aujourd'hui, nous éclairent au plus sur leur complexe de culpabilité, qui est bien dans tous les cas l'un des vices les plus infâmes de l'homme.

» (Démasquez les physiciens, videz les laboratoires !) Marx (1818-1883) reconnaît, avec Feuerbach, que la critique de la religion est le point de départ de toute critique, mais il reproche à ce dernier sa conception abstraite de l'homme.

Feuerbach, en affirmant que l'homme est raison, volonté, bonté manque la réalité de l'homme concret.

L'homme n'est pas « une essence abstraite, blottie hors du monde », il doit être conçu dans son existence réelle, dans « le monde de l'homme », « l'Etat », « la société » : « Feuerbach résout l'essence religieuse en essence humaine.

Mais l'essence de l'homme n'est pas une abstraction inhérente à l'individu isolé. Dans sa réalité, elle est l'ensemble des rapports sociaux » («Thèse VI sur Feuerbach »). C'est pourquoi Feuerbach ne voit pas que l'esprit religieux « est lui-même un produit social ».

Jugeant que l'Allemagne de son époque est incapable de s'engager dans une voie révolutionnaire, et qu'elle compense cette impuissance politique sur le mode fantasmatique de l'idéologie et, en particulier, celle de la philosophie spéculative hégélienne, Marx décide de critiquer la philosophie hégélienne du droit et de l'Etat.

Il écrit un article dans les « Annales franco-allemandes » sous le titre « Critique de la philosophie du droit de Hegel » (traduit en français aux Editions sociales).

Les premières pages traitent de la religion.

On y trouve la fameuse expression: «Elle est l'opium du peuple », expression à laquelle on a fait dire n'importe quoi et qu'il convient de restituer dans son contexte. « La détresse religieuse est, pour une part, l'expression de la détresse réelle et, pour une autre, la protestation contre la détresse réelle.

La religion est le soupir de la créature opprimée, l'âme d'un monde sans cœur, comme elle est l'esprit de conditions sociales d'où l'esprit est exclu.

Elle est l'opium du peuple.

» Ce n'est pas pour pouvoir se représenter sa propre essence que l'homme la projette, à l'extérieur de lui-même, dans le divin.

Cette interprétation feuerbachienne de l'aliénation reste marquée par l'idéalisme hégélien.

C'est le monde concret de l'homme réel qui produit l'aliénation religieuse.

La religion est « la conscience inversée du monde »,. »

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