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La Psychosomatique

Extrait du document

« « II y a dans la nature humaine une certaine fausseté qui doit, en définitive, comme tout ce qui vient de la nature, aboutir à de bonnes fins, je veux parler de notre inclination à cacher nos vrais sentiments et à faire parade de certains autres supposés, que nous tenons pour bons et honorables.

Il est très certain que ce penchant qui porte les hommes à dissimuler et en même temps à prendre une apparence avantageuse, les a non seulement civilisés mais encore moralises peu à peu, dans une certaine mesure, parce que personne ne pouvait pénétrer à travers le fard de la décence, de l'honorabilité et de la moralité.

On trouva alors, dans les prétendus bons exemples qu'on voyait autour de soi, une école d'amélioration pour soi-même.

Mais cette disposition à se faire passer pour meilleur qu'on ne l'est et à manifester des sentiments que l'on n'a pas, ne sert que provisoirement, en quelque sorte, à dépouiller l'homme de sa rudesse et à lui faire prendre au moins tout d'abord l'apparence du bien qu'il connaît; car, une fois que les bons principes sont développés et qu'ils sont passés dans la manière de penser, cette fausseté doit alors être peu à peu combattue avec vigueur, car autrement elle corrompt le cœur et étouffe les bons sentiments sous l'ivraie de la belle apparence.

» KANT. QUESTIONNEMENT INDICATIF • « Une certaine fausseté.

» Cette fausseté est-elle certaine ? De quoi s'agit-il ? • En quoi peut-on soutenir qu'elle vient de « la nature »? • Pourquoi Kant ne dit-il pas « qui sont bons et honorables » mais « que nous tenons pour bons et honorables »? • Quelle(s) différence(s) faites-vous entre « civilisés » et « moralises » ? • Pourquoi Kant ajoute-t-il « dans une certaine mesure » ? • Que signifie « le fond »? • Pourquoi, selon Kant, s'agit-il de « prétendus bons exemples »? • En quoi et pourquoi, selon Kant, « cette disposition ne sert que provisoirement » ? • Pourquoi et à partir de quand, selon Kant, « cette fausseté doit...

être combattue avec vigueur »? • Que signifie ici « cœur », « bons sentiments »? • En quoi ce texte peut-il paraître surprenant lorsqu'on connaît la thèse kantienne du fondement de la morale ? Ce texte est-il en contradiction avec cette thèse ? Explication de texte Introduction Bien que cet extrait prenne place dans l'oeuvre kantienne cherchant à esquisser une théorie de la connaissance (Critique de la Raison pure), celui-ci s'inscrit dans le thème de la morale et annonce largement la seconde œuvre magistrale de Kant (Critique de la Raison pratique). Plus spécifiquement, Kant aborde ici la question de l'apparence morale du comportement humain.

L'auteur allemand défend ici la thèse d'une valeur, certes, heuristique d'un agir qui n'est que conforme, formellement, au devoir moral. Mais il insiste ensuite sur l'insuffisance et même la décadence d'un tel comportement, si ce dernier n'évolue pas. L'enjeu philosophique de cet extrait est conséquent puisque il propose une remise en question problématique de la moralité humaine telle qu'elle se présente en fonction des principes qui sous-tendent la moralité.

C'est tout l'édifice moral qui est alors ébranlé par Kant, puisque ce dernier nous donne à voir une séparation de la moralité humaine en être et paraître, en simple conformité morale et devoir moral pur. Mais cette tendance humaine à n'agir artificiellement et hypocritement qu'en simple conformité avec la morale n'est-elle pas finalement « heuristique », c'est-à-dire utile à l'établissement d'une moralité pure (lignes 1 à 8 : « Il y a dans la nature humaine [...] amélioration pour soi-même.

») ? Est-elle, bien que réaliste et nécessaire en vue de ce projet, pour autant suffisante à l'édification d'une morale véritable (lignes 8 à 14 : « Mais cette disposition [...] l'ivraie de la belle apparence.

») ? I) De l'usage positif de l'apparence morale Parce que Kant chercha à invalider le scepticisme et le relativisme qui en découle en matière de connaissance, celui-ci fut amené à redonner un rôle et une place à la sensibilité et sentimentalité humaine dans le cadre de sa théorie de la connaissance.. »

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