La propriété, est-ce le vol ou la liberté ?
Extrait du document
«
[Seul le travail confère de la valeur.
Celui qui retire du revenu
de la simple possession de biens ne travaille pas et vole
donc l'argent de ceux qu'il fait travailler à sa place.]
À l'opposé du socialisme, le libéralisme (Jean-Baptiste Say, Benjamin Constant, Thiers...) fait de l'individu
le centre de la vie sociale.
Héritier d'une tradition qui remonte au XVIIe siècle et à Locke, il pose que les
individus sont libres par nature : cela veut dire que chaque homme est l'absolu propriétaire de sa
personne et qu'il peut exercer ses facultés comme il l'entend.
De cette première propriété, le libéralisme,
à la suite de Locke, conclut à la légitime propriété des biens, qui résulte du travail par lequel chacun
s'est approprié des objets en les transformant.
Proudhon qui écrit : » La propriété, c'est le vol » — parce qu'elle permet à certains de tirer
éternellement un revenu d'une terre qu'ils ne cultivent pas eux-mêmes, parce qu'elle est exclusive » et
empêche autrui d'accéder aux outils et à la terre —, le libéralisme répond qu'elle est au contraire au
fondement d'un ordre social qui, sans elle, serait exposé au pillage.
La
propriété,
c'est
le
vol.
(Qu'est-ce que la
propriété ?)
Proudhon critique la propriété privée qu'il considère
comme un vol et dont il préconise l'abolition mais non
pour la transférer à l'État car cela ne changerait rien
à sa nature de vol.
Il faut déposséder la classe
capitaliste au nom d'un système mutualiste et
autogéré.
Pour Proudhon, la richesse de la classe dominante repose sur la propriété et sur l'exploitation des travailleurs.
Chaque sou qui grossit la fortune du patron est volé au salaire du travailleur.
Il n'est pas juste que l'ouvrier qui
fait tout le travail soit maintenu dans la pauvreté alors que le patron qui n'est qu'un propriétaire oisif ait tout
le bénéfice.
La possession de biens (terres, argent, capital) pervertit ce processus et dévalorise le travail.
Le propriétaire
loue en effet ce qu'il possède à ceux qui en ont besoin pour travailler.
Il ne travaille pas lui-même.
Ce faisant,
il «vole» aux personnes actives leurs bénéfices.
Loyer, rente, taux d'intérêt, droits et taxes de toutes sortes,
tels sont les moyens par lesquels le propriétaire spolie les travailleurs du produit de leur travail.
Lorsque ce phénomène se généralise à l'échelle de la société, on aboutit à une paupérisation croissante et à
l'injustice sociale.
La propriété est donc une source de misère pour une majorité de la population, même si
l'accès y est théoriquement libre.
Les travailleurs ne pourront jamais devenir propriétaires, car ils sont
maintenus dans la dépendance par ceux qui les exploitent.
« Je n'appartiens à personne et j'appartiens à tout le monde.
Vous y étiez avant que d'y entrer et vous y
serez encore quand vous en sortirez.
» Telle est l'énigmatique inscription que découvrent Jacques et son
Maître au frontispice d'un château où un orage les contraint de se réfugier.
La devise fait évidemment du lieu
une allégorie que le lecteur de Diderot est invité à déchiffrer.
Au-delà du jeu qui lie l'auteur à son public, il est
intéressant de noter que Diderot, dans cet extrait de Jacques le Fataliste, participe de ce vaste mouvement
de pensée qui remet en question la propriété.
Car ce château est évidemment une allégorie de la Nature (la
seconde partie de l'inscription le fait savoir).
Et la visite à laquelle nous
sommes conviés à la suite des personnages ne laisse pas, sur ce point, d'être édifiante :
« Ce qui choqua le plus Jacques et son maître, ce fut d'y trouver une vingtaine d'audacieux, qui s'étaient
emparés des plus superbes appartements, où ils se trouvaient presque toujours à l'étroit; qui prétendaient
contre le droit commun et le vrai sens de l'inscription, que le château leur avait été légué en toute propriété...
»
La Nature n'appartient à personne, la propriété n'est donc jamais qu'un abus de pouvoir...
Elle n'est pas
naturelle, voilà la leçon qu'il convient de tirer de la lecture de l'inscription du château..
»
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