La procréation médicale assistée peut-elle contribuer au bonheur de l'homme ?
Extrait du document
«
Envisager que la procréation médicalement assistée puisse permettre de nous faire accéder au bonheur, c'est questionner plus généralement la possibilité
que la technique puisse jouer un rôle dans l'édification d'une vie humaine heureuse.
En effet, la procréation médicalement assistée permet au couple d'avoir
un enfant alors qu'ils sont dans l'incapacité de le faire.
Est-ce que pour autant palier à cette incapacité signifie nécessairement permettre au personnes
d'être plus heureuses.
C ette technique médicale a-t-elle intrinsèquement cette visée, et peut-elle en droit prétendre jouer ce rôle ?
O n peut aisément envisager que l'incapacité pour un couple d'avoir un enfant alors qu'il le souhaite réellement peut entraîner frustration et donc malheur.
A
cet égard la procréation médicalement assister permet de mettre fin à cette frustration.
Mais la procréation médicalement assistée pose aujourd'hui un
problème éthique considérable, en ce sens que l'embryon finit par être assimilé à un moyen pour les futurs parents alors que l'embryon, personne
potentielle, ne doit en aucun cas être considéré comme un moyen mais comme une fin.
Malheureusement, on observe un « glissement » de l'enfant sujet
vers l'enfant objet et du droit de l'enfant au droit à l'enfant.
Mais ce n'est pas le seul problème que suppose une telle interrogation, c'est la possibilité de
donner à la technique un rôle à jouer dans notre vision d'une vie heureuse.
La procréation médicale assistée comme solution à une frustration.
Depuis longtemps les problèmes d'infertilité et de stérilité préoccupent les couples qui en sont affectés.
En effet, certains désirent des enfants et, pour des
raisons diverses d'ordre physique ou psychologique, leur effort s'avère vain.
C ette incapacité provoque souvent désespoir et signifie le rejet du couple ou de
la femme.
Dés lors les techniques de procréation médicalement assistée semblent répondre à un manque qui comblé pourrait permettre à certaines
personnes d'être heureuses.
La loi qui autorise la procréation médicalement assistée s'énonce dans le droit français ainsi : « L'assistance médicale
assistée à la procréation s'entend des pratiques cliniques et biologiques permettant la conception in vitro, le transfert d'embryon et l'insémination
artificielle, ainsi que toute technique d'effet équivalent permettant la procréation du processus naturel » (Code de la santé).
C ette pratique doit être régulée, elle ne s'applique pas de manière irréfléchie.
« L'assistance médicale à la procréation est destinée à répondre à la demande
parentale d'un couple.
Elle a pour objet de remédier à l'infertilité dont le caractère pathologique a été médicalement diagnostiqué.
Elle peut aussi avoir pour objet d'éviter la
transmission à l'enfant d'une maladie d'une gravité particulière.
L'homme et la femme formant un couple doivent être vivants, en âge de procréer, mariés ou en mesure d'apporter la preuve d'une vie commune d'au moins
deux consentant préalablement au transfert des gamètes ou à l'insémination.
» Code Français de la santé
La procréation médicalement assistée est donc la réponse technique a un besoin humain qui ne peut être autrement comblé.
En ce sens donc la procréation
médicalement assistée permet à une certaine catégorie d'hommes d'être heureuse.
La procréation médicalement assistée pose plus de problèmes qu'elle n'en résout
C ependant les nouvelles technologies de reproduction bouleversent, depuis leur avènement, non seulement les modes de reproduction humaine, mais aussi
nos représentations des rôles sociaux, nos modèles de famille et de filiation, nos systèmes de valeurs.
T outes les techniques de reproduction évoquées tentent de remédier aux déficiences de la nature en traitant de la stérilité du couple.
Elles consolident ainsi
les valeurs fondamentales de la maternité et de la famille, et se conforment à la norme sociale selon laquelle il est normal d'avoir des enfants et anormale
d'être stérile.
Les nouvelles technologies de reproduction veulent solutionner un problème humain, celui de l'infertilité ou de stérilité d'un des deux partenaires sexuels.
C 'est là leur perspective positive.
Selon l'avis de plusieurs et malgré les questions qu'elles soulèvent, elles exigent un aménagement approprié à l'intérieur
d'une société, aménagement qu'il faut tenter de trouver et non pas refuser.
La stérilité et l'infertilité dans un couple devraient-elles n'être qu'une souffrance
à accepter et à sublimer ? Beaucoup croient que la chose est irréalisable et non souhaitable.
La médecine, depuis le début des temps, n'essaie-t-elle pas de
trouver des solutions aux problèmes de santé des gens ? Et le désir d'enfant équivaut-il à un droit à l'enfant ?
Seulement la procréation médicalement assistée modifie l'image que l'homme a de lui-même et de ses capacités reproductrices.
Elle met en cause le sens
de l'enfant, de la famille, des rapports interpersonnels, des projets de société.
Elle pose des questions éthiques et juridiques dont on commence à peine à
s'apercevoir qu'elles peuvent être lourdes de conséquences.
Difficile à partir de là de conclure que la procréation médicalement assistée conduise
nécessairement au bonheur.
A un problème moral il n'y pas de solution technique
Le philosophe Q uéré écrivait en annexe du C omité C onsultatif d'Ethique du 15 Décembre 1986 : « En qualifiant de moral ce que l'homme par son génie, et
de légitime les tentations qui le traversent, on confond la notion de possible avec celle de valable, comme si l'unique critère de moralité était la performance
créatrice de l'homme ou les besoins de son imagination, et à plus forte raison, la symbiose de ces deux phénomènes ».
O n peut aller plus loin en affirmant
que toute technique qui en tant qu'elle évolue de façon indéterminée risque à tout de basculer nos barrières éthiques qui régulent notre société et plus
fondamentalement notre idée de la dignité humaine.
.
P lus encore envisager que la technique puisse être à l'origine du bonheur humain c'est supposer que la technique peut être utilisée comme un instrument au
service de la morale.
Mais elle n'est pas cela, elle est un moyen avant tout au service de l'homme.
O r, la technique en s'insérant dans une fonction
éminemment humaine tend à se suppléer à l'homme.
A utant reprendre le constat quelque peu dramatique de Jacques Ellul dans La technique ou l'enjeu du siècle : « La technique intègre la machine à la société, la
rend sociale et sociable (…).
La technique intègre toutes choses.
Elle évite les heurts et les drames : l'homme n'est pas adapté à ce monde d'acier elle
l'adapte ».
P ar cette technique de procréation médicalement assistée l'homme ne semble plus réellement avoir de place centrale dans le monde, il n'en est plus le
maître et le possesseur.
P uisque c'est la machine qui semble se substituer à lui, quoi de plus inquiétant dés lors que d'envisager que la machine puisse se
substituer à la fonction de la procréation.
C 'est cette crainte que soulève aujourd'hui la possibilité du clonage.
C elui-ci consiste à prélever, chez un
organisme vivant, un noyau cellulaire de quarante-six chromosomes, pour ensuite l'implanter à l'intérieur de l'œuf préalablement dénucléé.
Encore une fois
nous pouvons poursuivre avec Jacques Ellul : « M ais il est vrai aussi qu'au moment où elle change la disposition de ce monde aveugle pour que l'homme
entre sans se blesser aux arêtes et qu'il ne ressente plus l'angoisse d'être livré à l'inhumain…Mais lorsque la technique entre dans tous les domaines et
dans l'homme lui-même l'objet pour l'homme, elle devient sa propre substance : elle n'est plus posée en face de l'homme, mais s'intègre en lui et
progressivement l'absorbe.
» .
Conclusion
-La procréation médicalement assistée permet de soulager une frustration, un malheur inhérent aux couples incapables de procréer.
-Pour autant elle n'est pas sans conséquence sur notre interrogation sur l'homme, elle pose plus de problèmes qu'elle n'en résout et modifie
considérablement notre rapport à l'homme et à la vie.
- C ette interrogation est le propre de notre époque où la technique semble avoir de plus en plus d'emprise de sorte que l'homme ne semble plus avoir de rôle
central.
C 'est à ce constat que nous parvenons lorsque nous considérons cette délégation de cette faculté pourtant humaine de la reproduction à la
machine..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- L'imagination peut-elle contribuer au bonheur de l'homme ?
- L'homme est il fait pour le bonheur?
- La politique peut-elle contribuer au bonheur des individus ?
- La technique a-t-elle contribué uniquement au bonheur de l'homme ?
- La vertu est-elle la sage recherche du bonheur ? Si vous le croyez, en concluez-vous Qu'un homme ou un peuple malheureux par la faute d'événements Qu'ils n'ont pu éviter et dont ils ne sont pas responsables ont entièrement manqué leur destinée et Qu'ils