La pornographie est-elle immorale ?
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Sujet : la pornographie est-elle immorale ?
Analyse du sujet
·
On nous demande la valeur morale de la pornographie, en présupposant que, généralement, cette
valeur est conçue comme négative.
·
Immoral : se distingue de amoral (ni bien ni mal) et de moral (le bien).
Ce qui est mal moralement =
ce qu'il faut éviter, condamner, désapprouver, par opposition à ce qui est bien : ce qu'il faut rechercher et
qui implique approbation.
·
Pornographie (de pornè : prostituée, et grapho : peindre, écrire, dessiner) se distingue de
l'érotisme, lequel implique la problématique de l'eros, l'amour, dans sa distinction de l'amitié (philia) et du désir
ou concupiscence (epithumia).
La pornographie est l'ensemble des représentations explicitement sexuelles.
Qu'est-ce que véhicule ces représentations (idéologie des rapports entre les sexes ?) ? Est-ce simplement
contraire au bon goût (considérations esthétiques) ? Quel lien à la violence ? Distinction entre érotisme
(rapport de consentement entre partenaires) et pornographie (véhicule des rapports de domination) est-elle
pertinente ? Questions de l'obscénité (ce qui dépasse le seuil de tolérance d'une société donnée), de
l'indécence.
Question de la dignité humaine.
Mais aussi question de la censure et de la liberté individuelle.
La
pornographie est directe et sans pudeur, l'érotisme possède une part de sublimation.
Question de l'amour
courtois.
La pornographie est le caractère d'une représentation, l'érotisme d'une sensation (un désir).
Il
faudra donc aborder le problème en ne négligeant pas la problématique de la représentation : le fait de
représenter peut-il imputer une valeur morale à ce qui est de soi neutre (par exemple, l'acte sexuel serait
neutre, mais se représentation malsaine : quel sens cela peut-il avoir d'affirmer cela) ?
·
Au nom de quels principes la pornographie peut-elle être immorale ? Le respect (des autres mais
aussi de soi) ou la dignité ? On peut aussi se poser la question de savoir comment la pornographie pourrait
avoir une valeur (par exemple susciter le désir, l'éducation sexuelle etc.).
On remarque qu'il y a quelque
chose d'étonnant à vouloir justifier moralement la pornographie dès lors qu'elle paraît être quelque chose de
spontané et quasi-universel (fresques à Pompéi par exemple).
Problématique :
Au premier abord, la pornographie, définie comme représentation explicite de la sexualité, peut sembler choquante.
En effet, on considère en général que la sexualité humaine doit s'intégrer dans une relation amoureuse, seul lieu en
lequel elle prendrait son sens véritable.
Or, l'amour suppose une certaine intimité, la prise en compte de personnes
individuelles, ceci s'avérant incompatible avec une représentation objectifiante de rapports sexuels qui n'ont pour fin
que la seule excitation.
Dans cette optique, la pronographie serait immorale parce que, représentant explicitement
des rapports sexuels, elle impliquerait une négation du désir amoureux au profit de la pulsion animale, dans le fait
même de cette représentation.
Autrement dit, l'amour serait irreprésentable et une sexualité sans amour, immorale.
Mais, en un autre sens, ne peut-on pas détacher la question de l'amour de celle de la sexualité ? Si un amour sans
sexualité est possible, alors cela indique qu'il n'y a pas de rapport nécessaire entre les deux, et donc, qu'il est
possible inversement que la sexualité ne suppose pas l'amour.
Dès lors, la représentation explicite de la sexualité
pourrait n'être ni morale ni immorale en soi, mais uniquement, comme c'est le cas pour de nombreuses autres
activités et représentations, de façon extrinsèque (dans l'excès par exemple).
Il faudra donc s'interroger sur le
rapport entre le pornographique et le désir érotique.
L'enjeu est la question de la valeur et de l'essence du désir
sexuel.
Proposition de plan :
1.
La pornographie est essentiellement immorale en ce qu'elle est une négation du rapport amoureux
·
·
On peut admettre que la fin naturelle de la sexualité est la procréation.
Or, ce qui contredit le
dessein de la nature est pervers, immoral (la moralité consistant à réaliser les fins bonnes et la nature
s'identifiant au bien).
C'est ce que défend Thomas d'Aquin dans la Somme théologique II-IIae, 153, 3 à
propose de la contraception ou de la masturbation.
Dans cette logique, la pornographie, qui a pour fin
l'excitation au sein de la représentation, est doublement immorale : tout d'abord, l'acte sexuel représenté n'a
pas pour fin la procréation et est donc matériellement (en soi) immoral.
Or la représentation de l'immoralité
qui s'accompagne de complaisance à l'égard du représenté est de soi immorale.
Ensuite, la fin poursuivie par
cette représentation paraît également immorale : induire des désirs charnels (la concupiscence) qui
domineront alors l'homme qui en est la victime au détriment de la vertu qui consiste à donner à l'appétit non
pas sensible, mais rationnel (l'amour de Dieu, du vrai, du bien), la primauté.
Cela implique une certaine conception du rapport sexuel et de la moralité.
Si l'on admet à la suite de.
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