La ponctualité est-elle indispensable au bon fonctionnement d'un établissement scolaire ?
Extrait du document
«
Un établissement scolaire se définit dans un premier temps comme un lieu où se croisent et vivent ensemble des nombreuses personnes.
Il a pour but de donner
le cadre aux professeurs d'enseigner, c'est-à-dire de transmettre aux élèves certaines connaissances et démarches.
On peut comparer un établissement
scolaire à une petite société.
La ponctualité, quant à elle, se définit par l'exactitude.
Elle est la qualité d'une personne qui respecte l'heure, les délais fixés.
Le
sens littéral que donne le littré est « qui fait à point nommé ce qu'il doit ».
La ponctualité serait donc que chacun fasse ce qu'il a à faire quand il doit le faire.
Il
semble dans un premier temps donc évident que si chaque personne dans l'établissement ne fait pas ce qu'il doit au moment où il devrait le faire, cette petite
société ne pourrait fonctionner.
Mais le retard est-il pour cela toujours néfaste ? n'y a t il pas d'autres actes, d'autres valeurs plus importantes dans la vie
scolaire ? La ponctualité doit-elle être pratiquée en vue du règlement ? n'implique-t-elle pas plutôt des valeurs de respect ?
La ponctualité est une règle du bien vivre ensemble
- Il est intéressant dans un premier temps de remarquer que fonctionner est défini dans les dictionnaires comme « jouer, remplir un rôle » et que comme nous
l'avons vu, la ponctualité est le fait de remplir son rôle au moment opportun.
La ponctualité est généralement fixée par le règlement des établissements scolaires
et les retards sont punis ou tout du moins punissables.
Pourquoi ?
Nous l'avons dit un établissement scolaire est une petite société où coexiste de nombreux individus.
Or, cette petite société, comme n'importe quelle société, a
besoin de règles pour fonctionner.
D'une part, comme le dit Rousseau, l'homme en société « fait souvent ce qui déplaît à autrui » mais surtout, d'autre part, sans
ces règles, les hommes n'auraient pas de valeurs communes auxquelles se référer pour bien vivre ensemble.
Le règlement scolaire peut être assimilé aux lois qui
régissent nos sociétés.
Il permet de fixer ce qui peut être fait et ce qui ne peut pas être fait dans le but de permettre à chacun son épanouissement.
- Maintenant imaginons que chacun arrive à l'heure qui lui plaît en cours.
Certains arrivant en avance, d'autres en retard mais à des heures variables.
Est-il
possible de faire un cours dans ces conditions ? Tous les élèves n'auraient pas les mêmes informations.
La classe ne formerait plus un groupe et le travail ne
pourrait plus avancer.
Imaginons même que les professeurs fassent de même, plus aucun programme ne pourrait être respecté.
La loi morale de Kant dit ainsi que l'on doit «agir de telle manière que la maxime de ton action soit universalisable ».
Or, nous venons de le voir si tout le monde
était en retard, ne se faisait pas ce qu'il doit faire au moment où il doit le faire, plus aucune société ne pourrait fonctionner puisque les tâches, les différents rôles
ne seraient pas remplis.
- La ponctualité permet donc de créer un rythme collectif, une norme sur laquelle s'appuie la vie sociale et qui crée une relation de confiance entre les membres
d'un groupe.
Le retard n'est pas toujours inexcusable
- il est donc nécessaire pour un établissement scolaire de fixer des règles pour bien vivre ensemble, la ponctualité en est une.
Si elle s'applique de manière
générale, cela veut-il dire que quelques retards dans leur ensemble pourraient empêcher l'établissement de fonctionner ? Nous l'avons vu, ces retards ne
peuvent être justifiés, puisqu'en arrivant en retard je donne un exemple et si tout le monde le suivait, il n'y aurait plus de cours.
Pourtant, n'y a t il pas des retards
inoffensifs ? En effet, certains retards sont involontaires, tiennent à des circonstances extérieures et si une personne arrive en retard, le cours pourra tout de
même se dérouler.
-Si nous prenons exemple sur l'université, nous voyons bien que les règles sont moins strictes( pour certains cours en amphithéâtre).
L'étudiant y est
responsable : c'est à lui de décider s'il veut aller en cours ou non.
Les absences ne sont souvent pas comptabilisées.
Pourtant, le professeur continue de faire
son cours.
Bien sûr un retard peut être dérangeant dans une salle close, où il faut interrompre tout le monde pour entrer mais si le retardataire peut s'asseoir
sans bruit, dans le fond de la salle, il est même possible que personne ne remarque sa venue.
- Un règlement strict sur la ponctualité ne permet pas aux élèves de comprendre le sens de leur action et d'être responsable.
Pour certains, en effet, l'objectif de
l'école est d'apprendre aux élèves les règles de la sociabilité et l'apprentissage d'un rythme collectif et non plus seulement individuel est un des points importants.
Or, se plier à ce temps normatif et collectif n'est pas simple, il est une première épreuve de la vie sociale.
Tout apprentissage doit prendre en compte des petites
erreurs.
- De plus, on peut se demander si un établissement scolaire ne doit pas se fonder sur autre chose que sur la ponctualité.
Il n'y a-t-il pas d'autres choses plus
fondamentales au fonctionnement d'un établissement scolaire que la ponctualité ?
la ponctualité n'est pas une question de règlement mais de respect
- Quelle différence faire alors entre un retard d'ordre volontaire et un retard d'ordre non-volontaire ?
Il semble que le plus important dans la ponctualité ne soit pas la lecture du règlement, mais le respect que l'on porte à autrui.
Si je décide d'arriver en retard tout en
sachant que cela portera préjudice à ma classe et au professeur, je fais alors preuve d'irrespect.
Je pense d'abord à mon bien être avant celui du groupe.
Or,
comme le dit Freud, l'entrée en société, s'accompagne de l'abandon du « principe de plaisir » qui cherche tous les moyens de satisfaire ses désirs au profit du
« principe de réalité ».
La ponctualité est donc à chercher du côté du respect.
En arrivant à l'heure, je témoigne à l'autre la valeur que je porte à sa vie et à son
temps.
Il n'est pas moins précieux que le mien et je me dois de le prendre en considération.
- De même, il semble que dans la vie de tous les jours, nous ne nous énervons contre un retard parce qu'il nous apparaît comme volontaire, c'est-à-dire comme
irrespectueux.
Je ne peux pas en vouloir à un ami en retard parce que sa voiture est tombée en panne.
Cela peut arriver à tout le monde.
Par contre, je suis
blessé ou énervé quand un ami arrive en retard juste parce qu'il n'a pas vu l'heure, ou par qu'il a mis du temps à se préparer.
Dans ce cas, en effet, je me dis que
l'autre n'a pas fait attention à moi, ou pas suffisamment et je me dis qu'il me manque de respect.
- Dans un établissement scolaire, la ponctualité doit donc être une qualité de chaque personne.
De cette manière, le respect s'impose et chacun sent que l'autreprofesseur ou élève- le considère comme personne dont la vie a une valeur.
Cela permet de créer un climat de confiance où personne n'est lésé.
Or cette
atmosphère, non pas réglementaire, mais respectueuse et confiante permet de donner au groupe un cadre de travail agréable.
L'établissement scolaire a un
règlement, mais si ce règlement peut s'effacer au profit d'un respect mutuel, alors l'école aura certainement accomplit un de ses devoirs : celui de donner les
bases d'une société respectueuse et pacifiée.
Ainsi, dans un premier temps, le fait d'être à l'heure, d'être là où on doit être permet à un groupe de travailler ensemble, d'avoir des règles en commun qui donnent
les bases d'une société.
Un établissement où tout le monde se réglerait sur ses propres envies et arriverait à n'importe quelle heure, n'arriverait sûrement pas à
fonctionner, à donner une instruction de qualité.
Pourtant, les exceptions à cette règle sont admissibles si elles ne sont pas volontaires et perturbatrices.
La
condition est bien sûr que le retardataire reconnaisse le respect qu'il doit à l'autre.
Se conformer à un temps collectif, à l'horloge n'est pas chose facile et faire cet
apprentissage requiert de comprendre les enjeux de la vie en société.
Pourtant, il faut se demander si aujourd'hui l'heure n'est pas devenue un tyran.
Nous
sommes tous obnubilés par le temps.
Il faut gagner ou perdre son temps.
La ponctualité est un devoir de respect mais elle ne doit pas être un devoir de
productivité..
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