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La politique vous paraît-elle devoir obéir à d'autres principes que la morale

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« La politique vous paraît-elle devoir obéir à d'autres principes que la morale ? introduction.

— Un chapitre de la morale est consacré à la politique.

Mais, par ailleurs, il est plutôt courant d'opposer les deux points de vue : on estime assez communément que, dans le domaine politique, la réussite s'accommode mal des exigences de la morale.

La politique doit-elle donc obéir à d'autres principes que la morale ? La question paraît assez claire.

Néanmoins si « morale » ne prête pas à équivoque, il n'en est pas de même de « politique ».

Aussi commencerons-nous par préciser en quel sens ce mot doit être pris. I.

— DE QUELLE POLITIQUE S'AGIT-IL ? Sceptique et pessimiste, Paul Valéry a écrit : « La politique consiste dans la volonté de conquête et de conservation».

Mais si cette acception est courante, précisément parce qu'elle se fonde sur des faits dont tout le monde peut être témoin, ce n'est pas la seule.

Bien plus, elle ne correspond qu'à une caricature de la vraie politique ou à ce que celle-ci peut comporter de caricatural.

Aussi ne nous arrêterons-nous pas à la politique ainsi comprise. Contentons-nous seulement d'accorder que ses principes diffèrent évidemment de ceux de la morale. La politique à propos de laquelle la question de ses rapports avec la morale mérite d'être posée est celle qui a pour objet le gouvernement de la cité (polis) ou de l'Etat.

Mais cette étude peut : soit viser à la pratique, soit, au contraire, en faisant abstraction, ne tendre qu'à un savoir désintéressé. A.

La science politique strictement considérée cherche à déterminer, en se fondant sur les expériences du passé, les lois générales qui régissent les sociétés humaines du point de vue de leur gouvernement.

On peut la caractériser par les traits suivants : Positive et non normative, elle observe les faits tels qu'ils se présentent sans porter sur eux des jugements de valeur, sans distribuer louanges ou condamnations. Théorique et non pratique, elle tend à aboutir à un système de connaissances générales qui permette de comprendre les événements particuliers de l'histoire et de prévoir les suites probables d'une situation donnée. Par là, comme la plupart des sciences, la science politique aboutit à des applications pratiques et peut formuler des directives à l'usage des gouvernants : ayant établi certains rapports de cause à effet, elle peut déterminer comment obtenir tel ou tel résultat que ces derniers jugent désirable.

Mais, implicitement ou explicitement, ces directives se présentent sous la forme hypothétique ou conditionnelle : si vous voulez assurer la paix intérieure, l'obéissance aux lois, la prospérité matérielle..., prenez les mesures suivantes.

Elles ne sont jamais catégoriques : prenez cette mesure, assurez la paix intérieure... B.

Toutefois, employé absolument (sans qualificatif), le substantif « la politique » désigne le plus souvent l'art politique, c'est-à-dire la manière de gouverner, de conduire les affaires publiques d'une nation.

Cet art suppose une conception assez précise d'un Etat bien organisé, d'un idéal à atteindre.

On voit en quoi la politique comme art diffère de la science politique dont nous avons énuméré les caractères distinctifs : Elle est normative et non pas seulement positive : elle énonce ce qui doit être et non ce qui est effectivement. Pratique et non purement théorique, elle est ordonnée à l'action : elle fait des options, décide les mesures jugées les plus aptes à obtenir les fins jugées désirables. Enfin, elle comporte des impératifs catégoriques.

Quiconque a réellement assumé la charge de gouverner un pays a conscience de devoirs qui s'imposent à lui.

Sans doute, il peut avoir le choix entre divers moyens de faire régner l'ordre et la justice, mais l'obligation de les faire régner ne saurait être mise en doute.. »

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