La politique peut-elle se passer de valeurs ?

« La politique peut-elle se passer de valeurs ? Analyse et problème • « Politique » vient de la racine grecque polis, « la cité ».

La politique est avant tout l'organisation de la vie collective des humains, et pour cela, l'organisation du pouvoir dans l'Etat. • La politique est donc le fonctionnement, méthodique, théorique et pratique d'une société.

Elle concerne les actions en rapport avec cette société, qu'il s'agisse de la contrôler ou de la développer. • Dans un sens plus péjoratif, on parle de « politique » pour renvoyer à des luttes de pouvoir, à des stratégies basses. à La politique est donc une technique qui a pour but d'organiser la vie collective, la cité.

Mais on voit rapidement comment cette conception de la politique peut dériver vers le pure calcul, la stratégie pour obtenir et conserver le pouvoir.

Ce serait donc en s'appuyant sur des valeurs que la politique pourrait être autre chose qu'une lutte pour le pouvoir et une technique pour contrôler la société. • Une valeur est une mesure qui prend place dans un système hiérarchique : c'est ce qui le plus souhaitable. Elle doit avoir un caractère objectif, qui lui permet d'être reconnue comme valeur par tous et être désirable par et pour tous. • La valeur, dès lors qu'elle est un objectif, permet également de s'opposer au réel, à l'état des choses : de discerner ce qui devrait être plutôt que ce qui est.

Parler de valeur, c'est affirmer qu'il ne faut pas s'en tenir à ce qui est, mais essayer d'atteindre ou de conserver ce qui devrait être à Le problème que posent les valeurs est d'abord celui de leur objectivité : pour être réellement valeurs, il faut qu'elles soit valables pour tous, mais cela n'a rien d'évident.

On peut ainsi se demander si la politique n'a pas pour but d'imposer des valeurs, d'essayer de convaincre de leur caractère objectif et valable pour tous. S'il y a bien un lien entre valeurs et politique, c'est que la politique peut se donner pour but de faire de la société ce qu'elle devrait être plutôt que ce qu'elle est.

Mais se heurtent deux conceptions de la politique : - la politique comme technique - la politique comme outil permettant de défendre ou de faire advenir des valeurs. à La problématique peut donc être : la politique est-elle un moyen de défendre des valeurs ? ou bien n'est-ce qu'une technique, et les valeurs ne seraient qu'un moyen de défendre une politique ? I - La politique comme technique • La politique se rapporte avant tout à la société organisée : c'est ce qui se donne pour but de maintenir, gérer, contrôler le corps social.

Or ce n'est pas par des valeurs que la fonction politique peut être exercée, mais par un ensemble de techniques. • On peut exprimer sa désapprobation en parlant non plus de technique mais de stratégie, ou au contraire son caractère rigoureux en parlant de « sciences politiques » mais le fait est le même : la politique n'a pas pour but de défendre des valeurs mais de s'occuper de l'organisation de la société. • C'est dans cette perspective que se place Machiavel.

Sa conception de la politique n'est pas « machiavélique » dans le sens courant, c'est-à-dire rusé et dépourvue de scrupules, mais il décrit les mécanismes du pouvoir et un ensemble de techniques pour s'en emparer et le conserver.

C'est à la pratique, courante et quotidienne, des gouvernants qu'il s'intéresse, faisant de l'exercice politique une science politique. à Il s'agit d'une science, c'est-à-dire d'une pratique reposant sur des techniques objectives et non sur une morale ou des valeurs.. »