La politique n'est-elle qu'un simple savoir-faire ?
Extrait du document
«
Termes du sujet:
SAVOIR / SAVANT:
* Savoir: a) Comme nom, ensemble de connaissances acquises par l'apprentissage ou l'expérience.
b) Comme
verbe, avoir appris quelque chose, et pouvoir le dire, le connaître, le répéter.
* Savoir-faire: ensemble de procédés de gestes habituels permettant la réalisation régulière de certains buts.
* Savant: a) Celui qui possède un maximum de connaissances.
b) Celui qui exerce une activité scientifique (un
physicien, un biologiste).
POLITIQUE: 1) comme adjectif, qui a rapport aux affaires publiques, à l'État.
2) Comme nom au féminin: science
ou art de diriger les affaires publiques, de gouverner un État.
3) Comme nom masculin, personne qui gouverne.
La politique est un art de gouverner et ce qui compte avant tout pour le pouvoir, c'est la réussite de ses
entreprises, l'efficacité dans la recherche du bien public.
Cette visée pragmatique amène Machiavel à combattre,
dans Le Prince, les valeurs morales traditionnelles, marquées au coin de ce que, plus tard, Nietzsche appellera « la
moraline chrétienne ».
Lorsque ces vertus morales inspirent la politique, elles conduisent le plus souvent à l'échec.
Le bon Prince (républicain ou monarque) « doit apprendre à pouvoir n'être pas bon ».
Comme il y a deux manières de
gouverner — l'une par les lois qui est proprement humaine, l'autre par la force ou la ruse qui est propre aux bêtes —
il est nécessaire au Prince de « savoir bien pratiquer la bête et l'homme ».
Gouverner, c'est donc utiliser avec
intelligence tous les instruments du pouvoir.
« Il faut savoir qu'il y a deux manières de combattre, l'une par les lois, l'autre
par la force : la première sorte est propre aux hommes, la seconde propre
aux bêtes ; mais comme la première bien souvent ne suffit pas, il faut
recourir à la seconde.
Ce pourquoi est nécessaire au Prince de bien savoir
pratiquer la bête et l'homme.
Cette règle fut enseignée aux Princes en
paroles voilées par les anciens auteurs, qui écrivent comme Achille et
plusieurs autres de ces grands seigneurs du temps passé furent donnés à
élever au centaure Chiron pour les instruire sous sa discipline.
Ce qui ne
signifie autre chose, d'avoir ainsi pour gouverner une demi-bête et demihomme, sinon qu'il faut qu'un Prince sache user de l'une et de l'autre
nature, et que l'une sans l'autre n'est pas durable.
Puis donc qu'un Prince
doit savoir bien user de la bête, il en doit choisir le renard et le lion ; car
le lion ne peut se défendre des rets, le renard des loups ; il faut donc être
renard pour connaître les rets, et lion pour faire peur aux loups.
»
MACHIAVEL.
C ' e s t à Laurent de Médicis, le nouveau gouverneur de
Florence, que Machiavel, retiré dans sa propriété près de San Casciano
à quelques lieues de la cité dont il a été chassé, dédie ce traité de
réalisme politique, où, s'interrogeant sur les destinées de l'Italie, il
explique la façon de sauvegarder le pouvoir et même d'accéder à la
gloire.
La tradition, héritée des moralistes latins, estimait que la gloire du chef repose sur une bonne gestion
allant de pair avec une conduite conforme aux exigences de la morale.
A l'opposé, Machiavel estime qu'il
« est nécessaire au Prince qui se veut conserver qu'il apprenne à pouvoir n'être pas bon.
» C'est que les
hommes, que le Prince a à gouverner, ne sont pas naturellement bons.
Le texte présenté est extrait du « Prince » (1513), chapitre XVIII, « Comment les Princes doivent garder
leur foi ».
Machiavel expose sa manière de concevoir, et de garder, le pouvoir.
1)
Il y a deux manières de combattre.
2)
Le Prince doit pratiquer et la bête et l'homme.
3)
Et plus exactement les bêtes que sont le renard (la ruse) et le lion (la force).
1)
L'impersonnalité du « il faut », au début de cet extrait, suggère l'intemporalité du savoir ici révélé.
Car au-delà de la diversité
(empirique) des actions, il convient de remonter au principe.
Savoir rationnel, que celui qui a réfléchi sur le pouvoir (Machiavel) est
capable de formuler dans une classification, qui définit une fois pour toutes les « deux manières de combattre ».
Certes, o peut supposer que ce savoir repose sur l'expérience (dans la dédicace du « Prince »,
Machiavel déclare que sa connaissance des actions des grands personnages est prise « par longue expérience »).
»
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