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La politique est-elle l'affaire de tout le monde ?

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« Problématique: Demander si la politique est l'affaire de tous, c'est en fait interroger la crédibilité, la légitimité du concept de république.

On peut donner deux sens voisins mais distincts à "tous": il peut signifier chaque citoyen sans exception, quelles que soient ses compétences, ou alors tous les citoyens ensemble, en tant que peuple.

On trouve donc ici deux questions: celle des compétences nécessaires pour faire de la politique; celle de la participation de la collectivité aux décisions, donc la question de la volonté générale. 1) Reprenant l'idée de "res publica", la chose publique, nous montrerons d'abord que la politique semble à l'évidence être l'affaire de tous. 2) Prenant en compte les difficulté d'une application concrète et effective de ce principe, nous examinerons les conséquences qu'entraîne l'idée que la politique n'est que l'affaire de quelqu'uns. 3) Enfin, nous montrerons que l'idée d'une politique qui soit véritablement l'affaire de tous constitue une exigence pour la démocratie. Première partie: La Res publica. La politique est l'affaire de tous, cela semble une évidence si l'on pense à l'étymologie du mot "république": la chose commune.

Voyons en détail ce qui fait qu'il y a là une "affaire publique". La politique définit le vivre-ensemble. La politique est avant tout la science du vivre-ensemble sous des lois justes et communes.

Les hommes vivent en société et aspirent à y vivre en paix, à collaborer ensemble et à bénéficier d'une juste répartition des biens et des charges.

C'est donc, par définition, que la politique est l'affaire de tous. L' "opinion politique", la chose la mieux partagée. Chacun perçoit au moins confusément ce principe; la conséquence en est que chacun prétend avoir une opinion sur la politique et que beaucoup estiment savoir mieux que le gouvernement lui-même ce qui serait bon pour le pays. Qui n'a pas, en effet, une idée sur la façon dont il conviendrait de procéder pour régler le problème du chômage, des retraites, etc.

? La politique, avant d'être concrètement l'affaire de tous, est avant tout l'objet de la conservation, de la préoccupation de chacun. Mais l'individu est souvent dépassé par les enjeux. Mais ces conversations en restent souvent à des principes qui paraissent d'autant plus simples et faciles qu'ils sont schématiques, réducteurs.

En revanche, lorsqu'un homme politique s'emploie à montrer la complexité des dossiers et leurs ramifications multiples, un flottement s'installe.

Soit les auditeurs le soupçonnent de duplicité, de malhonnêteté, soit ils se découragent devant la technicité de l'affaire. II.

La politique, un métier ? C'est qu'en effet la politique, surtout dans un monde en voie de globalisation, est une affaire complexe et qui requiert des compétences spécifiques.

Mais le problème d'une professionnalisation de la politique ne date pas de la mondialisation : Platon évoque déjà longuement ce problème. Les sophistes : la politique est l'affaire des habiles. La question de la politique est un des aspects du conflit entre Socrate et les sophistes : ceux-ci vivent de la démocratie pour mieux la détourner de son esprit ; pour eux, la politique n'est pas l'affaire de tous mais doit le paraître.

L'éloquence qu'ils pratiquent est un art de l'apparence et de la séduction, qui flatte les passions de la foule.

Les habiles captent donc le pouvoir ; pour un sophiste comme Calliclès, c'est la preuve que la politique est, dans le fond, l'affaire des plus forts. Platon : la politique est l'affaire du philosophe. Dans la République, Platon propose au contraire le modèle d'une cité gouvernée par des philosophes ; la politique ne doit pas être l'affaire des habiles mais celle des sages.

La foule restera toujours soumise à ses passions, le philosophe au contraire a réussi à s'élever au-dessus d'elles et à contempler la vérité et la justice.

Platon sait bien qu'une telle forme idéale ne peut presque jamais apparaître et qu'elle serait toujours rongée par des facteurs de décadence ; mais il n'en demeure pas moins que, pour lui, le slogan selon lequel la politique est l'affaire de tous ne peut mener une société qu'à sa perte. Ainsi que le rappelle Léo Strauss en tête de son ouvrage « La cité et l'homme », la tradition tient Socrate pour le fondateur véritable de la philosophie politique.

Cicéron aurait dit de lui qu'il « fut le premier à faire descendre la. »

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