La politique doit-elle être juste ?
Extrait du document
«
Discussion :
Dans le monde contemporain, on a tellement l'habitude de voir des politiciens nous promettre tout et n'importe quoi, que
l'on finit par avoir le sentiment que la politique sert à tout, aussi bien au bonheur qu'au malheur.
Cette double nature de la
politique fait que l'on s'en dégoûte, et qu'on a le sentiment que la politique n'est pas une pensée.
Elle est simplement une
manière de tromper son monde, c'est un pur jeu entre le réel et l'imaginaire.
C'est une activité illusoire.
Du coup l'homme
politique est plus proche du comédien, de l'histrion que du philosophe.
Or, une solide tradition de la politique dans la
philosophie politique, nous montre au contraire l'intrication de la politique et de la justice.
Ici le mot justice doit être pris au
sens premier du juste, c'est-à-dire de l'acte par lequel a été accompli ce qui est dans une exacte adéquation avec ce qui
est nécessaire, avec ce qui est de l'ordre du devoir et de l'obligation morale.
Le juste ou la justice serait donc un impératif
catégorique de la conceptualité politique.
Suggestion de plan :
Première partie : de l'injustice.
On peut, avec les philosophes politiques de la Grèce, notamment Aristote, dire qu'il y a de l'injustice, celle-ci se voit à
travers l'enquête menée par Aristote sur l'existence de différentes constitutions.
Dans La Politique Aristote montre bien que
la pire constitution est celle qui n'est ni démocratique, ni oligarchique, mais c'est la constitution tyrannique « la tyrannie ne
porte aucune attention à l'intérêt public à moins que ce ne soit pour en tirer un avantage personnel.
Le tyran ne vise qu'au
plaisir tandis que le Roi vise à ce qui est noble… la tyrannie possède à la fois les vises de la démocratie et ce de
l'oligarchie.
» La Politique V, Livre 10.
L'injustice fait donc partie de l'activité politique et celle-ci engage chez l'homme à la
fois des questions morales et des questions d'intérêts matériels.
S'il existe une politique injuste comment faut-il entendre
le fait qu'une politique doit être juste ? Autrement dit, est-ce un devoir pour la politique d'être juste ? Si s'en est un,
comment comprendre le fait qu'elle ne l'est pas toujours.
Dans le fond c'est bien ce que montre toute la pensée politique
des Grecs, c'est que le juste doit lutter en permanence avec l'injuste, que le juste se détache de l'horizon de l'injuste afin
d'être juste.
S'il n'y avait pas de mal, il n'y aurait pas de bien.
Simplement, il nous reste à montrer comment dans le couple
justice/injustice c'est le juste qui doit dominer sinon il n'y aurait pas de société humaine, sinon la raison elle-même n'aurait
qu'à abdiquer.
Deuxième partie : le juste politique.
L' Étranger : « Jamais une loi ne sera capable d'embrasser avec exactitude ce qui, pour tous à la fois, est le meilleur et le
plus juste et de prescrire à tous ce qui vaut le mieux.
» Platon, Le Politique.
Si de l'injustice il y a, nous devons montrer comment depuis les Grecs il y a une recherche intrinsèque à la politique ellemême, qui n'est rien d'autre que la recherche d'un juste équilibre.
C'est ce que les Grecs nommaient l'isonomie, c'est-à-dire
l'égale distribution entre les choses, entre les êtres.
Cette égalité étant interne à la raison elle-même, elle la cherche
partout, aussi bien en médecine, en politique et ailleurs.
C'est assez dire que le juste -c'est-à-dire ce qui convient à ce qui
existe- est non seulement un devoir interne à la politique, mais est encore un impératif catégorique, car le juste dans la
politique est ce qui permet l'existence de la communauté, le déploiement du collectif, sinon les liens humains seront défaits
et ce serait l'anarchie et le chaos.
Il faut qu'une politique soit juste ne serait-ce qu'en pensée pour qu'il y ait une vie dans
la cité.
C'est ce que nous montre la raison politique.
Troisième partie : La raison politique.
Par raison politique, il faut entendre la rationalité qui parcourt tout le champ de la politique, à la fois dans son exercice
matériel et dans son exercice conceptuel.
La raison politique répond à des finalités.
Nous savons qu'Aristote assignait pour
fin à la politique le bonheur ou le bien vivre matériel de l'homme, c'est pour cela qu'il définit la politique comme science
architectonique, c'est-à-dire science qui connaît les fins dernières et qui ne s'intéresse qu'à celles-ci.
Aristote : «Comme la
politique utilise les autres sciences pratiques, qu'elle légifère sur ce qu'il faut faire et éviter, la fin qu'elle poursuit peut
embrasser la fin des autres sciences, au point d'être le bien suprême de l'homme.»
Conclusion :
Il faut prendre de la distance par rapport à l'actualité de la politique telle qu'elle se déroule sous nos yeux parce que ce
que nous constatons n'est pas vraiment de la politique, ou si c'en est une elle est envisagée depuis une certaine
perspective qui en aucun cas ne peut représenter le tout de la chose.
Nous savons aussi que cette politique est nommée
politique du spectacle y compris par les acteurs de cette politique eux-mêmes.
Dans le fond c'est une affaire de
communication, c'est une affaire de promotion personnelle, toute chose qui a peu à voir avec une juste raison politique
telle que celle-ci se déploie dans la philosophie politique qui va d'Aristote à Marx en passant par Spinoza et Rousseau..
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