La Poétique d'Aristote
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La Poétique d'Aristote
L'histoire du théâtre est marquée par les luttes qui opposent aussi bien les auteurs
que la critique à propos des "règles" que doit suivre cet art.
Dès l'Antiquité, Aristote énonce dans la Poétique (vers 334 av.
J.-C.) quelques grands
principes sur lesquels se fonde, selon lui, l'art dramatique et dont il a des exemples dans les
œuvres des trois grands tragiques Éschyle, Sophocle, Euripide.
La Poétique dégage en les
comparant les caractères propres à la tragédie et à l'épopée, à la tragédie et à la comédie ;
son ancienneté, le bon sens de ses observations, la richesse et la variété de ses points de
vue, son ampleur font de ce texte une mine où puisent les dramaturges depuis plus de vingt
siècles , une source qui a donné naissance à des arts dramatiques parfois opposés.
Dans sa Poétique, Aristote pose l'imitation comme le principe de l'épopée et du
poème dramatique.
Ce qui les distingue, c'est que la première imite par des récits (le
langage) alors que le second montre des personnages agissants, les acteurs ("drama"
signifie action).
Il distingue ensuite entre tragédie et comédie ; si la manière d'imiter est la même,
l'objet diffère.
La comédie imite des hommes ayant des défauts qui prêtent à rire, sans qu'ils
fassent d'eux des monstres.
La tragédie met en scène des hommes hors du commun, et
pourtant soumis à la loi commune et frappés par les dieux.
Aristote considère que le
succès de la tragédie est dans la qualité de la "fable", c'est-à-dire "l'assemblage des actions
accomplies".
Si le caractère des hommes détermine les actions, ce sont les actions qui
font que l'homme tombe dans le malheur ou le bonheur.
La tragédie n'est pas la peinture
des caractères, mais des actions.
Aristote insiste ensuite sur la nécessité de trouver un langage propre à traduire la
situation.
En fait de règles, la seule qu'il donne est l'unité d'action.
Cette unité n'est pas liée
à la notion de personnage (dans la vie d'un homme bien des actions n'ont pas de lien entre
elles) ; elle est liée à l'unité de sujet, par exemple le retour d'Ulysse, sujet de l'Odyssée ;
ainsi, de nombreuses actions secondaires, mais qui concourent à la progression de l'idée
centrale, peuvent être intégrées dans la fable, et lui donnent de l'ampleur, la limite étant que
l'esprit puisse embrasser toutes ces actions sans difficulté.
On voit que les règles du
théâtre classique énoncées par Boileau (Qu'en un jour, en un lieu, un seul fait accompli)
sont beaucoup plus étroites que celles de La Poétique d'Aristote ; le drame romantique en
revanche s'en rapproche davantage sur ce point.
À propos du vrai et du vraisemblable,
Aristote explique que le vrai est l'affaire de l'historien qui doit dire ce que tel homme réel a dit
ou fait dans telle circonstance précise ; mais que la tragédie doit dire le vraisemblable, ce
que tel homme avec un caractère donné doit dire ou faire dans une circonstance donnée "c'est à une représentation que vise la poésie"- ; on voit par là que le personnage de théâtre
est un "type".
Aristote traite ensuite de la Reconnaissance ("passage de l'ignorance à la
connaissance" qui modifie les relations entre les personnages et devient source de haine ou
d'amitié ; Molière l'utilise pour dénouer ses intrigues, par exemple dans L'école des femmes
ou L'Avare) et de la Péripétie (retournement vraisemblable ou nécessaire de l'action dans le
sens contraire à ce que le personnage attendait ; c'est la péripétie qui dénoue l'intrigue
d'Œdipe de Sophocle, ou celle de Tartuffe de Molière, quoique dans ce dernier cas elle soit
peu vraisemblable).
Du Noeud et du Dénouement, Aristote dit qu'ils sont les deux parties qui
composent la tragédie.
L'action ne commence pas un jour pris au hasard, mais celui où
arrive un événement qui fait avancer une situation bloquée (situation décrite dans les
scènes d'exposition qui sont un retour en arrière) ; le noeud va du début jusqu'à l'arrivée de
l'élément nouveau ; le dénouement est la partie qui va du noeud jusqu'à la fin.
La tragédie
est une série de faits qui sont à la fois cause et conséquence ; mais les premiers sont
"cause", sans être "conséquence", et les derniers sont "conséquence" sans être "cause".
Enfin Aristote aborde le caractère du héros ; il ne faut pas montrer un "méchant"
tombant dans le malheur : ce n'est que justice ; ni un "bon" devenant malheureux : cela
révolte ; il faut montrer un homme ni trop bon ni trop méchant, et qui tombe dans le malheur
non pas pour son caractère, mais pour une faute qu'il a commise.
Il faut en outre que les
personnages soient "amis", le tragique étant plus grand quand un proche cause le malheur
du héros..
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