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La poésie vous semble-t-elle être un genre propre à favoriser l'évasion ?
Discussion :
Si la poésie a pu être rangée dans la catégorie des arts d'agrément, et qu'en ce sens on peut considérer qu'elle a
pour vocation une forme de distraction, en revanche, son histoire, qui est celle à l'époque moderne d'une âpre
concurrence avec le roman, met en évidence sa densité, sa profondeur : de ce point de vue on ne peut donc que la
considérer dans son abstraction et le mot d'évasion qui lui est associé convient mal.
Suggestion de plan :
I.
Première partie : la poésie, un obstacle à la philosophie.
Dans la philosophie antique, et surtout chez Platon, on s'aperçoit que la poésie, loin d'être un art admiré, est un art
renié.
Non seulement, Platon situe le poète en sixième position dans la hiérarchie des connaissances, mais de plus il
a pour ambition des les chasser de la cité.
Il faut donc bannir le poète car il est le créateur d'un art qui prône
l'évasion et l'irrationnel.
Or, la philosophie est la discipline rationnelle par excellence depuis que Socrate et Platon la
place en parallèle avec les mathématiques et les sciences.
« Nul n'entre ici s'il n'est géomètre », cette phrase était
inscrite sur le fronton de l'Ecole crée par Platon, et venait renforcer l'idée que la philosophie doit être considérée
tout comme une science et doit nécessiter de la part des philosophes, des connaissances scientifiques.
Désormais,
la philosophie est une discipline rationnelle et structurée.
Alors que Platon faisait ces démarches à l'égard de la
philosophie, les poètes venaient, selon lui, empêcher les gens de réfléchir rationnellement.
Elle les écartait de toute
pensée philosophique, de toutes questions ancrées dans le réel.
C'était donc une discipline qui venait interférer dans
le travail philosophique, dans la méthode de questionnement et d'interrogation que Platon tâchait d'instaurer.
Les
poètes ne sont donc d'aucune utilité puisque leurs questionnements et leur art ne sont pas bénéfiques à l'évolution
de la cité ni à l'instruction de l'esprit humain.
Ils se détachent totalement de la nécessité à comprendre le monde et
à rechercher la vérité.
Les poètes, au contraire, sont dans une espèce d'artifice de l'apparence, le langage qu'ils
emploient n'est pas celui du rationnel et de la vérité, mais celui d'un monde illusoire et évasif.
Pourtant, il faut se
maintenir dans le réel, et vivre à la recherche de la vérité.
Or, la poésie semble échapper totalement aux contraintes
du réel, et ne se fier à aucune loi ni à aucune structure.
Elle paralyse donc les gens, puisqu'elle ne pousse pas à la
remise en question, elle ne pousse pas à la recherche du vrai.
Elle interrompt, ainsi, tout le travail mis en place par
Socrate et Platon.
Elle interfère dans le processus de questionnement des individus sur le monde qui les entoure.
La
poésie est donc un art qui ne mène à rien, puisqu'elle échappe totalement à l'ordre philosophique.
II.
Deuxième partie : deux genres de poésies.
Si pour Platon, la poésie échappe à la notion de réel, et n'obéit à aucune articulation structurée et rationnelle de la
pensée, il ne faut pas oublier l'entreprise de certains poètes, à rendre ce genre plus réaliste et à l'inscrire dans ce
monde.
C'est en réaction à la poésie, ne dépeignant que la nature et la beauté quelque peu illusoires du monde, que
des poètes tels que Baudelaire ont décidé de rendre la poésie, comme un genre ne s'articulant plus uniquement dans
un beau peu réaliste.
C'est-à-dire que le beau peu aussi exister dans autre chose que l'imaginaire, et dans autre
chose que l'esthétique de la fleur, par exemple.
Ainsi, il existerait un beau ailleurs, dans la réalité, dans la réalité de
tous les jours.
Le beau ne nécessite plus la création d'un univers parallèle, qui semble ne pas appartenir au réel.
Car
on peut se demander pourquoi le beau susciterait nécessairement l'évasion ? Car si la poésie ne doit parler que du
beau, et que le beau se trouve ailleurs, alors cela confirme bien le fait que la poésie est propice à l'évasion.
Seulement, n'existerait-il pas une poésie du quotidien, qui ne nécessiterait pas un abandon du monde réel ?
N'existerait-il pas une poésie rationnelle ?
Lorsque Baudelaire écrit le poème, Une Charogne, et qu'il décrit scrupuleusement la vue d'un cadavre en
décomposition, on s'aperçoit que tout peu être élément constitutif de la poésie.
Il n'existe plus de thèmes
privilégiés.
Tout est sujet au beau et à l'art.
On n'a plus besoin d'échappatoire.
Ainsi grâce à cet élan de réalisme, la
poésie ne devient plus évasion vers un monde plus beau mais évasion vers ce même monde, un monde fait aussi de
laid.
Et c'est paradoxalement cette laideur qui fait la beauté de ce monde.
III.
Troisième partie : une poétique du concept.
Malgré la distinction que l'on a pu faire précédemment entre philosophes et poètes, il ne faut pas exclure une.
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